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Une interview du Dr Bouet, président de l’ordre des médecins, a été publiée dimanche dans le JDD. Il devrait faire la une de tous les journaux.
Les jours passent… et je voudrais parler d’autre chose que de l’éternel acharnement d’un virus mal compris, mal endigué, mal anticipé, mal géré. Mais c’est impossible.
Hier, c’était le constat de ma part d’un manque de diagnostic des autorités de santé et du ministre : au lieu de décréter des départements en rouge rosé ou écarlate et de refermer les bars et les restaurants, il eût fallu, amha, organiser un Ségur tout entier tourné vers une multiplication des lits, des personnels et des structures légères d’accueil. Anticiper. Car, c’est quasiment inéluctable, on file vers une 2e vague compliquée par toutes les hospitalisations non-covid qu’il n’est plus question de remettre.
Dimanche, je lis dans le JDD l’interview du Dr Patrick Bouet, président de l’ordre des médecins. Il valide, et je m’en désole, mon mauvais augure d’hier. Sans pouvoir ni vouloir copier-coller ces propos, qu’il est aisé de retrouver sur le site du journal, malheureusement réservé aux abonné·es, je voudrais livrer la substance de ses réflexions :
- La deuxième vague arrive plus vite que nous le redoutions.
- La France va affronter pendant les mois d’hiver une épidémie généralisée.
- Le système sanitaire va s’effondrer « parce qu’il était déjà fragile avant la crise ».
- L’anticipation a été insuffisante : « Le plan Blanc dans les hôpitaux a été dépassé, il menace de l’être encore. »
- Olivier Véran [ministre de la Solidarité et de la Santé] « fait de son mieux, mais l’intendance ministérielle ne suit pas ».
- Il faut que la médecine de ville coopère avec l’hôpital.
- Les confrères du Dr Bouet sont « submergés par les demandes injustifiées de tests, de certificats pour le retour à l’école ou au travail après une covid ».
- « Le dépistage pour tous, sans ordonnance, a été une faute majeure. » Et : « Quand une personne se fait tester sans ordonnance, on ne peut l’entrer dans le système Sidep [Système intégré de dépistage et de prévention]. »
Ces remarques et ces mises en garde ne sont pas une opinion, ce sont des faits constatés, des conclusions de bon sens. Tout semble se passer comme si Jean Castex et ses ministres, décidément mal conseillés, ne pensaient qu’à « payer » pour sauver emplois et entreprises. Ils se trompent. Un deuxième plan 100 milliards va devoir adapter le système sanitaire à cette pandémie. Désormais, il leur faudra sans doute décréter un tel 2e plan, mais trop tardif pour que le premier serve à quelque chose. Maldonne. On dit le président Macron en colère contre cette « intendance ministérielle ». C’est un peu tard. Il est des colères qu’il faudrait, aussi, anticiper.
Olivier Magnan