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Les Néo-Calédonien·nes se sont prononcé·es à 53,26 % des voix contre l’indépendance de l’archipel.
Encore un non à l’indépendance. Dimanche 4 octobre, les Néo-Calédonien·nes planchaient sur la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » Et comme en 2018, l’archipel du Pacifique Sud a répondu – à 53,26 % des voix – non à l’indépendance contre 46,74 % pour. Un écart plus réduit qu’en 2018. L’occasion de revenir sur la situation économique du « Caillou » afin de comprendre si l’autonomie revendiquée par certain·es s’avère réaliste.
L’étau se resserre ou s’ouvre, selon le point de vue. En novembre 2018, le premier referendum sur l’indépendance aboutit à plus de 18 000 voix d’écart en faveur du non. Un score de 56,7 %, bien en dessous des attentes, qui se situaient plutôt aux alentours de 70 %. Cette fois-ci, l’écart s’est franchement resserré, moins de 10 000 voix entre celles et ceux qui refusent l’indépendance et les partisan·es de l’autonomie de la Nouvelle-Calédonie. Plus frappant encore, dans la quasi-totalité des communes de l’archipel, le « oui » à l’indépendance progresse. Pas question de remettre en cause la légitimité du referendum : 180 000 inscrit·es et une participation écrasante de plus de 85 %. L’autonomie du « Caillou » apparaît-elle réaliste ?
Des atouts certains
Une économie loin d’être à l’agonie. En 2018, le PIB par habitant s’élève à 3,64 millions de francs CFP, soit environ 20 360 euros. Ce niveau moyen de richesse par habitant s’apparente depuis plus d’une décennie à celui de l’Alsace. Et même à celui de la Nouvelle-Zélande. Une santé économique que l’archipel doit avant tout à l’extraction de nickel.
Encore aujourd’hui, le territoire détient 11 % des réserves de nickel dans le monde. Seule l’Australie fait mieux. Dans le secteur privé, près d’un emploi sur cinq y serait directement ou indirectement lié. Le nickel constitue aussi un des piliers des exportations de la Nouvelle-Calédonie. Principaux clients du territoire : la Chine, la Corée du Sud ou Taïwan. Attention toutefois à ne pas se reposer sur une seule pépite. Nous l’avons vu ces dernières années, dès lors que le cours du nickel s’effondre sur les marchés internationaux, l’économie néo-calédonienne s’en retrouve immédiatement impactée.
La métropole, une présence non négligeable
La Nouvelle-Calédonie se heurte aussi à quelques obstacles. Un taux de chômage bien là : presque 11 % en 2019, en baisse par rapport à 2018. Hélas, l’effet boomerang de la covid-19 devrait faire repartir ce chiffre à la hausse, bien que le territoire eût été plutôt épargné. Face à ce taux de chômage, des inégalités criantes. Les jeunes s’affichent quatre fois plus touché·es. Ainsi que les Kanaks, quatre points de plus environ (14,9 %), puisque l’archipel autorise le recours aux statistiques ethniques.
L’influence de la métropole se révèle toujours présente. Dans la mesure où elle participe grandement à des investissements directs en Nouvelle-Calédonie ainsi qu’au paiement des salaires des fonctionnaires. L’ampleur des dépenses publiques de la métropole se situait en 2016 à 566 000 francs CFP par habitant (environ 4 700 euros). Certaines grandes firmes de l’hexagone fleurissent aussi sur « le Caillou », comme Total, notamment via sa filiale Total Quadran, dédiée à la production d’électricité renouvelable. Total Quadran figure comme le premier acteur du marché solaire calédonien. Engie, par l’entremise de sa filiale EEC Engie, se hisse comme le premier distributeur d’électricité et fournisseur d’énergie en Nouvelle-Calédonie. L’archipel a certes de nouveau renoncé à l’indépendance, mais la tendance s’équilibre. Pour complètement s’inverser lors du prochain referendum ? GW.