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Au gré d’un rebond toujours plus inquiétant de la pandémie, Paris et sa petite couronne devront observer une nouvelle série de restrictions.
La fermeture des bars et restaurants sur les coups de 22 heures avait déjà provoqué l’ire des Parisiennes et Parisiens, ils·elles devront désormais composer avec des mesures encore plus restrictives. Dimanche 4 octobre, Matignon annonce la bascule de Paris et sa petite couronne en « zone d’alerte maximale » pour de nouvelles restrictions pour deux semaines, à compter du mardi 6 octobre. Et pour cause, depuis plusieurs jours la dynamique de contaminations et d’hospitalisations est inquiétante.
Taux d’incidences de la maladie, taux d’incidence pour les personnes âgées, taux d’occupation des lits de réanimation : les trois seuils définissant une zone d’alerte maximale sont franchis dans la capitale et sa banlieue. « Cette tendance s’est confirmée pendant le week-end », explique Matignon. Entre 32 décès et 12 565 nouvelles contaminations en 24 heures durant la journée du dimanche 4 octobre, selon Santé publique France, l’alerte est légitime. Sur la semaine écoulée, 4 264 nouvelles hospitalisations ont été enregistrées, dont 893 en services de réanimations. En Île-de-France, les réanimations covid occupent plus de 35 % des lits et l’incidence de la maladie s’élève à 267 contaminations hebdomadaires pour 100 000 habitants. Plus que suffisant pour l’exécutif, qui décide donc la mise en œuvre de nouvelles mesures, à Paris et dans les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), pour une durée de 15 jours, avant réévaluation. Une décision loin d’étonner son monde, tant les indicateurs de la capitale étaient dans le rouge.
Ouverture des restaurants sous protocole renforcé
Pour les bars, plus d’illusions : ils vont devoir fermer. Pour les restaurants, bonne mauvaise nouvelle : ils pourront rester ouverts, à Paris et partout en France, mais sous conditions. Le gouvernement s’est appuyé sur l’avis du Haut conseil de la santé publique, qui a validé un protocole sanitaire renforcé proposé par les professionnels du secteur de la restauration. Parmi les modalités, on retrouve notamment l’obligation de recenser les clients pour les contacter après coup, en cas de besoin ou de suspicion de cas contact, comme nos voisins·nes belges et allemands·des font depuis plusieurs mois. À quoi s’ajoutera un espacement d’1,5 mètre entre chaque table et non plus un mètre seulement, et l’obligation du paiement à table. Le couperet de 22 heures reste, lui, en vigueur.
Les universités et les écoles de l’enseignement supérieur sont aussi sommées de resserrer leurs protocoles. Pour les établissements situés en zone d’alerte maximale, le nombre d’étudiants accueillis en présentiel doit être réduit de moitié. Le détail du protocole doit encore être publié.
Outre la fermeture des bars, le préfet de Paris a également annoncé lundi l’interdiction des événements rassemblant plus de 1 000 personnes ainsi que les rassemblements de plus de 10 personnes sur la voie publique, exceptions faites des manifestations, cérémonies funéraires et marchés…
Appel au télétravail et crainte d’une saturation hospitalière
Logiquement, dans la foulée de l’annonce des nouvelles mesures restrictives, la ministre du Travail Élisabeth Borne a appelé les employeurs et les chef·fes d’entreprises à s’organiser pour recourir au télétravail « autant que possible » dans les zones d’alerte renforcée et maximale. Si pour l’heure aucune modification du protocole sanitaire national n’est annoncée, le ton est donné. « De nombreux postes de travail autorisent un travail à distance et des rotations s’organisent afin de limiter l’impact sur le collectif de travail. Dans les zones d’alerte renforcée et maximale, nous demandons aux employeurs et aux salariés, en responsabilité, de trouver les organisations adaptées à chaque entreprise et de limiter ainsi les interactions sociales, que ce soit sur le lieu de travail ou dans les transports en commun », a ajouté la ministre.
Toute cette série d’annonces restrictives et d’injonctions à la responsabilité citoyenne sont motivées par un rebond indéniable de l’épidémie. Et une potentielle saturation hospitalière qui laisse planer le doute sur la capacité des établissements de santé à faire face à un nouvel afflux de patients. Selon des modélisations de l’Institut Pasteur, le taux d’occupation des lits de réanimation par des patients covid pourrait excéder, parfois très largement, les 60 % à la mi-novembre, seuil d’urgence sanitaire. Et ce dans toutes les régions, exceptés le Centre-Val-de-Loire et le Grand Est. Reste que ces simulations sont réalisées en supposant une poursuite de la dynamique épidémique actuelle. En d’autres termes, une mobilisation citoyenne est nécessaire, sur les gestes barrières et le respect des nouvelles restrictions.
Adam Belghiti Alaoui