Inactivité des jeunes, le retour en arrière

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Le nombre de 15-29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation a recommencé à progresser sous l’effet de la crise sanitaire.

Voilà l’une des conséquences les plus significatives de la crise sanitaire. Depuis 2015, l’inactivité des jeunes baissait continuellement, depuis un an, selon les études statistiques de l’Insee. La voilà repartie à la hausse. Une fâcheuse dynamique qui s’étend à toute l’Union européenne.

Face aux raz-de-marée de la crise sanitaire et économique, les jeunes (15-29 ans) sont en première ligne. Si certain·es ont fait le choix de continuer leurs études pour ne pas avoir à traverser l’épreuve de l’entrée sur le marché du travail en pleine crise, beaucoup n’ont pas eu et n’ont pas le luxe du choix. L’Insee a publié vendredi 26 mars son étude sur les jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET, pour neither in employment nor in education or training). Les résultats sont sans équivoque : la crise provoque une remontée nette de la part de jeunes inactif·ves. En 2019, 12,5 % des jeunes Français·es de 15 à 29 ans n’étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation. Dans le même temps, 44,6 % étaient en emploi, 37,8 % poursuivaient leurs études initiales et 4,7 % avaient repris des études ou suivaient une autre formation. La part de NEET croît fortement avec l’âge : pour les 25 à 29 ans elle s’élève à près de 20 % (à cet âge les jeunes sont beaucoup moins en formation initiale et plus au chômage). Un an et une épidémie de covid-19 plus tard, la proportion des 15-29 ans NEET a progressé de plus d’un point, à 13,5 % en 2020. En rapportant cette hausse au nombre de jeunes NEET en 2019, l’Insee fait état de quelque 130 000 jeunes supplémentaires concernés, pour un total d’1,6 million de jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation.

La courbe s’inverse
Les conclusions de l’Insee sont en rupture avec la tendance à la baisse des jeunes NEET constatée depuis 2015. Une dynamique positive qui a fait suite à une forte augmentation provoquée par la crise de 2008-2009 qui avait conduit les jeunes NEET à représenter jusqu’à 15 % des 15-29 ans. Après quatre ans de baisse, la courbe remonte donc. Un retournement inquiétant qui intervient en plein débat autour de l’instauration d’un RSA jeune, auquel le gouvernement est opposé. Pour répondre à la situation des jeunes, l’exécutif mise sur une extension de la garantie jeunes, dont le doublement du nombre de bénéficiaires a été annoncé, de même que son allongement dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution ». L’essentiel du problème est bien là : l’accès à l’emploi et l’insertion sur le marché du travail. Sur les 12,5 % de jeunes NEET en 2020, près de la moitié (47 %) étaient au chômage au sens du Bureau international du travail – c’est-à-dire qu’ils n’ont pas du tout travaillé – tandis que 20 % ne remplissaient pas les critères de disponibilité immédiate ou de recherche active. Aussi, un·e jeune sur trois était inactif·ve et déclarait ne pas souhaiter travailler pour des motifs allant de la santé à la garde d’enfants.

Un problème européen
Si les jeunes Français·es subissent le contrecoup de la crise, c’est aussi le cas de leurs voisin·es européen·nes. À tel point que le phénomène est devenu structurel pour l’UE, avant la crise de la covid. Environ 15 % des jeunes européen·nes sont ni étudiant·es, ni employé·es, ni en formation. Début 2020, Massimiliano Mascherini, chef d’unité des politiques sociales à la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, affirmait ainsi : « Dans tous les pays, le taux de chômage des jeunes est généralement plus élevé que celui des adultes et la récente crise économique et financière a porté un coup très dur aux jeunes. » En Europe, le pic a été atteint en 2013, avec près de 20 % de jeunes entre 20 et 34 ans ni en emploi, ni en études, ni en formation. L’Italie (28,9 %), la Grèce (26,8 %), la Bulgarie (20,9 %), la Roumanie (20,6 %) et la Slovaquie (20 %) sont les États membres dont la situation est la plus préoccupante. Du côté des facteurs déterminants, l’âge et le sexe se distinguent. Les statistiques démontrent que les femmes sont plus susceptibles de devenir des NEET et l’écart entre les sexes est considérable. En 2018, jusqu’à 20,9 % des jeunes femmes étaient des NEET dans l’UE, pour seulement 12,2 % chez les jeunes hommes. En moyenne en Europe, l’écart entre les femmes et les hommes est de 3,7 points. En France, l’écart est plus faible (1,6 point).

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