D’une crise faisons un espoir par Thierry Saussez

Le dernier baromètre Sciences Po/Opinion Way accentue encore le pessimisme collectif des Français et souligne toujours le paradoxe avec leur bonheur individuel. Une grande majorité d’entre eux déclarent avoir réussi leur vie.

Depuis longtemps j’ai identifié, dans mes ouvrages et conférences, parmi les causes du pessimisme collectif des Français :

  • Le rapport à l’argent issu de notre tradition catholique. L’usurier était excommunié. L’argent était sale lorsqu’il n’était pas donné. D’où notre retard historique lorsque les échanges internationaux ont commencé par rapport aux pays protestants. Il a fallu attendre Jean-Paul II pour la reconnaissance de l’économie de marché. Être mal à l’aise à l’égard de l’argent conduit tout droit à la jalousie et à une sorte d’hystérie anti-fric et, plus généralement, à l’encontre de ceux qui réussissent.
  • Le rapport à l’État qui tient une place considérable dans notre histoire. Un État dont les Français attendent qu’ils les accompagnent du berceau au cercueil mais protestent quand ils reçoivent la note, d’où une frustration permanente.

J’ai également déterminé trois grands leviers du pessimisme :

  • L’exagération des risques et des souffrances qui fait perdre de vue, au profit des inclus, la situation des plus défavorisés, les personnes au-dessous du seuil de pauvreté et les chômeurs de longue durée.
  • La victimisation qui peut conduire à ne jamais se demander pour combien on est dans une situation précaire ou difficile.
  • La recherche de boucs-émissaires tant il faut toujours s’en prendre à l’autre pour fuir ses propres responsabilités ou son absence de volonté.

Chacun fera le lien avec l’actualité. Les gilets jaunes incarnent un mouvement passionnant né du terrain, amplifié par les réseaux sociaux et les médias, illustrant la fraternité des ronds-points et surtout le déclassement d’une partie des classes moyennes.

Mais c’est un mouvement irresponsable face aux débordements, aux infiltrations, aux morts et blessés, aux dégâts économiques et sociaux, au recul de l’attractivité de la France, au moral de la nation. Il leur appartient d’inventer de nouvelles formes d’action pour conserver le meilleur de leur utilité et corriger leurs défauts de jeunesse. Certains d’entre eux militent dans ce sens. Comme disait Voltaire, « ceux qui ne croient pas en l’impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui sont en train de le faire ».

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