Demain c’est vendredi. Les rougets ne croient plus au rouge et le temps est à la réflexion. Et je me souviens du premier mai. Avec mon père, militant PC et CGT d’avant 39, on allait à la manif. C’était une évidence. Sans gilets jaunes ni blacks trucs débloqués. Il existait une classe ouvrière qui se battait et des patrons qui bloquaient toute avancée sociale. Il y avait une société rétrograde et une jeunesse qui ne pouvait s’y projeter.
La fin des luttes claires a conduit à une société floue. L’obligation de respect tolère l’intolérable dans un pays qui relativise tout : un ghetto nazi et un HLM, un assassin de jeunes soldats et enfants juifs et la condition des quartiers, une société accro à Amazon ou Apple mais qui proteste contre leur optimisation fiscale, des réseaux sociaux qui croient que l’engagement se mesure en Likes…
Oui, j’aime quand c’est clair, net, carré. C’est ce qui guidait les militants partis combattre Franco en Espagne, l’idée que les actes sont toujours plus exemplaires que les discours.
Je ne crois pas qu’on vit une crise de l’engagement mais celle d’une société qui perd trop le sens du relatif, l’échelle des valeurs, celle des urgences et des priorités.