«Il est temps pour la société d’évoluer et de se transformer afin d’offrir aux personnes en situation de handicap la considération et les réponses nécessaires à leur épanouissement. Si un Français sur cinq vit le handicap, tous sont néanmoins concernés. » Ainsi s’exprime Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, dans une note pour le Fondapol, un cercle de réflexion français « libéral ».
Érigée au rang des priorités gouvernementales, l’insertion des personnes en situation de handicap s’inscrit comme un principe de plus en plus ADN des entreprises. Si chacune décide de sa propre politique RH en la matière, une réalité les concerne toutes, à partir de vingt salariés : l’obligation d’employer à temps plein ou à temps partiel des travailleurs handicapés dans une proportion de 6 % de leur effectif total. Certaines, certes, préfèrent s’acquitter d’amendes plutôt que de s’inscrire dans une démarche inclusive. D’autres ont parfaitement saisi les enjeux et se sont fortement engagées. En témoigne par exemple Akka Technologies, un groupe d’ingénierie et de conseil. Sa direction se félicite d’avoir respecté son Accord Handicap. Arrivé à terme en trois ans, il a abouti au recrutement de collaborateurs invalides, quelle que soit la nature de leur handicap (physique ou psychique). « Nous avons réalisé 69 recrutements, précise le DRH, Didier Baichère. Notre mission est de rendre le handicap plus intégrable et d’assurer une continuité dans notre politique globale de recrutement. »
Les mentalités et les regards ont changé
Maintien dans l’emploi, accompagnement en termes d’adaptation du temps de travail, recrutement, campagne de sensibilisation, formation : autant d’axes majeurs traités au quotidien au sein souvent de services dédiés, rattachés aux ressources humaines. L’organisation d’événements sportifs participe également de cette volonté d’inclusion. « Le sport rassemble et suscite des mises en situation qui se transforment souvent en succès. C’est aussi l’occasion de mettre en avant la réussite des personnes en situation de handicap », estime Jean-François Schoonheere, DRH chez Bouygues Immobilier. « Le recrutement de personnes en situation de handicap reste l’une des priorités », soutient de son côté Dominique Bellion, responsable Mission Handicap chez BNP Paribas. « Un troisième accord d’entreprise est entré en vigueur depuis le 1er janvier 2016 pour une durée de quatre ans. Il réaffirme l’engagement du groupe en faveur de l’emploi des personnes handicapées. Il s’intègre dans la démarche globale de non-discrimination et d’ouverture à la diversité de BNP Paribas. Cette signature marque aussi la volonté de poursuivre le développement de la politique active menée en la matière depuis huit ans. »
Reste que la gestion du handicap n’est pas la même selon la nature du handicap. « Les handicaps mentaux vont de la schizophrénie aux troubles alimentaires, note Didier Baichère d’Akka Technologies. Nous avons décidé de mettre en place une hotline par laquelle nos salariés se renseignent et posent leurs propres questions. » Les mentalités et les regards ont changé. Mais les marges de progression dans la connaissance du sujet sont encore importantes. Une chose est certaine : c’est en traitant le handicap, en le faisant vivre, que les barrières s’effaceront les unes après les autres sur le lieu de travail.
Jonathan Nahmany