Coryne Sultan : de la distance pour entreprendre

Il est des appellations d’entreprise on ne peut plus claires : le Centre national privé de formation à distance annonce la couleur ! Il fut le fruit d’une thèse d’État soutenue en 1979 par Jean-Pierre Lehnisch sur… l’enseignement à distance. Ce précurseur, expert du domaine, convainc sa fille, Coryne Sultan, de créer avec lui le CNPFDI en 1992. Abolition des distances avec la cheffe d’établissement.

Coryne grandit dans un milieu où beaucoup d’hommes entreprennent. « Mon oncle a créé Le journal des psychologues. Lors des réunions familiales, j’entendais parler de marketing et de business plan. » Difficile pour elle de ne pas passer par une école de commerce. Son baptême du feu à 20 ans prend la forme d’une association de danse, Danse and co. En quatrième année, elle passe trois jours par semaine, en alternance avec son école, aux côtés de son père pour fonder ce fameux CNPFDI. « L’idée de tout créer à partir de rien me plaisait énormément. C’était comme une chorégraphie à travers laquelle se cherchent les meilleurs mouvements en accord avec la musique. » Quelques années, puis Coryne Sultan devient la directrice générale de la structure.

Créer des écoles de créneaux porteurs

Vingt-sept ans plus tard, la première école existe toujours. Elle laisse à la jeune femme d’agréables souvenirs : « Tout s’est toujours très bien passé, mon père m’a beaucoup appris, j’ai gagné en assurance. Il m’a donné confiance. » C’est elle qui décide de créer deux autres écoles, en 2011, Cours Animalia, une formation à distance sous contrôle pédagogique de l’État – elle ouvre aux métiers de la santé animale, de l’élevage, du toilettage, de l’animalerie – et trois ans plus tard Koréva, une structure spécialisée dans les domaines du bien-être et de la beauté. Coryne s’est souvenue de la danse et de la philosophie de bien-être qui entoure cette expression corporelle. Koréva lui vaut le 1er prix de l’Entrepreneuriat au féminin, catégorie export. Dans la foulée, Garnier, groupe L’Oréal, la choisit ambassadrice de la coloration Olia.

Reconversion et confiance

Fréquenter le CNPFDI et les deux autres cours à distance témoigne d’une volonté de reconversion, de changement de vie. Pour Coryne Sultan, donner les moyens d’apprendre à distance, c’est offrir une seconde chance à des personnes privées d’études ou mal orientées. « Pour beaucoup, la question financière se pose car ils doivent travailler très tôt. L’enseignement à distance est une belle opportunité de s’adapter à tous les rythmes. Notre objectif premier était de donner de la compétence, de faciliter l’accès à la formation et de rebondir sur le marché de l’emploi. On s’est aperçu que nous avions également donné la possibilité à certains élèves de reprendre confiance en eux. C’est une belle récompense. » Le financement ? Il se libère en plusieurs mensualités sans intérêts. Une philosophie de la seconde chance que Coryne Sultan applique dans son management d’une équipe à 80 % féminine.

La création d’une entreprise est-elle une discipline de nature artistique ? On serait tenté de le croire avec la patronne : « C’est magique de partir de rien et de créer. On a l’idée puis on la met en scène, d’abord dans les grandes lignes, puis dans les détails. En danse, on apprend la chorégraphie puis on travaille la précision. Le regard, les mains, le port de tête. Pour la création d’entreprise, c’est exactement la même chose. » Un nouveau projet occupe la directrice. Quoi, mystère. Coryne Sultan aime esquisser un pas de deux !

Ariane Warlin

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