Face à une demande de plus en plus exigeante et en quête de bien-être, les acteurs doivent s’adapter et rester constamment à l’écoute de leurs clients.
C’est le rendez-vous de référence de l’ensemble des acteurs de l’immobilier d’entreprise en France. Cette année, le Simi – Salon de l’immobilier d’entreprise – rassemble du 11 au 13 décembre 2019 30 000 professionnels et près de 470 sociétés et collectivités. « Au-delà de l’immobilier d’entreprise, c’est tout l’écosystème de l’immobilier au sens large qui se réunit Porte Maillot », brasse Quentin Minvielle, président cofondateur de Kaliti, start-up spécialiste de la transformation numérique. « Le Simi représente un symbole fort car c’est ici qu’en décembre 2011, alors que la société allait être immatriculée un mois plus tard, j’ai rencontré les interlocuteurs qui allaient devenir nos premiers clients quelques mois plus tard. Nous nous apprêtons à participer à notre 9e salon dont le but est avant tout d’entretenir les relations humaines », poursuit le dirigeant.
Mais les enjeux se révèlent de plus en plus nombreux. « En ce qui nous concerne, la tendance porte sur l’exploitation de la data. Nous déployons depuis huit ans un outil numérique de pilotage de travaux. Les intervenants d’une opération – du maître d’ouvrage aux entreprises de travaux, en passant par le preneur et le maître d’œuvre – collaborent au quotidien en réduisant les risques grâce à une excellence opérationnelle optimisée. Chacun gagne du temps et bénéficie d’une communication fluide avec une information fiable en temps réel. On s’est rendu compte progressivement, ces dernières années, que toutes les informations que nous collectons sur les chantiers nous donnent le moyen d’identifier des sources de coûts additionnels significatifs que l’on va anticiper et donc réduire », détaille Quentin Minvielle.
Cette data exploitable représente donc une valeur importante aux yeux des dirigeants d’entreprises puisqu’elle les aide à prendre les bonnes décisions pour optimiser leur rentabilité. Le numérique s’érige comme un acteur incontournable aujourd’hui. Des décisions qui portent sur le pilotage des risques en temps réel sur les opérations immobilières en cours mais aussi sur l’identification et la réduction des coûts additionnels pour les futures opérations.
Constamment à l’écoute
Parmi les « fondamentaux » à respecter et à ne jamais négliger : l’écoute des besoins du client. « Il s’agit d’un critère extrêmement important afin de comprendre ses impératifs, identifier l’impact commercial et social de son futur déménagement. Il arrive parfois que l’on présente à l’entreprise un local qui ne réponde pas à 100 % à sa demande, mais qui présente finalement des avantages auxquels elle n’aurait jamais pensé. C’est là notre rôle, notre plus-value : écouter le client, identifier ses motivations, comprendre ses besoins mais aussi le guider vers un site, une localisation, une construction qu’il n’aurait pas imaginée… », plaide Frédéric Sansone, directeur immobilier d’entreprise chez Giboire, implanté à Nantes (44).
La modification des habitudes de travail ou l’explosion du commerce en ligne expliquent certaines des tendances de ce marché, porté par une économie dynamique et des taux d’intérêt extrêmement bas. 2019 pourrait surfer sur la vague de 2018 qui avait enregistré un record de transactions avec une augmentation de 20 % des investissements, soit un business proche des 15 milliards d’euros.
« Le secteur restera très actif en 2019 puisque la demande n’est pas satisfaite par l’offre », considère Sophie Desmazières, fondatrice de BureauxLocaux, l’un des portails leaders du marché. Concrètement, le taux d’espaces vacants à Paris, dans les zones les plus attractives, varie de 1 à 2 % et oscille, dans les régions les plus convoitées (Lyon, Nantes, Bordeaux, Marseille…), de 4 à 5 %.
Le boom du coworking comme tendance forte du secteur
Si les entreprises étaient auparavant enclines à rechercher des locaux excentrés, plutôt modernes, pratiques, avec des places de parking… la demande a changé. Désormais, elles sont en quête d’espaces spécifiques, à proximité des restaurants et d’adresses de caractère et atypiques qui incarnent leurs images. Avec comme leitmotiv de véhiculer un état d’esprit où le bien-être au travail est primordial tout en draguant les futures jeunes recrues avec des espaces chaleureux et conviviaux. « Nous assistons également à une véritable explosion de sollicitations pour des espaces de coworking (+ 60 % de 2017 à 2018).
À ce jour, ils sont occupés par 1/3 de grandes entreprises, 1/3 de PME et 1/3 d’indépendants. Là encore, il s’agit d’une nouvelle manière de travailler, plus friendly, plus collaborative… Ce qui n’était pas le cas il y a cinq ans », analyse Sophie Desmazières.
Autre tendance forte du secteur : la reconversion d’espaces. Des rues initialement dédiées aux commerces transformées en quartiers d’affaires, d’anciens pressings qui se muent en espaces de stockage et des entrepôts en showroom… Une refonte immobilière exceptionnelle qui a pour effet de redistribuer complètement les cartes du secteur. « Il existe désormais une appétence considérable pour les grands et les micro-entrepôts à proximité des villes ou en zones urbaines. Une vague de fond notamment portée par les géants du Web à l’instar d’Amazon. Or, à ce jour, ces espaces n’existent pas, en tout cas pas comme tel. Il va donc falloir les penser, les imaginer, les concevoir », conclut Sophie Desmazières. Au milieu de ces transformations, l’immobilier d’entreprise ne manque pas défis à relever…
Jonathan Nahmany