L’association H’up créée par le serial entrepreneur privé de la vue Didier Roche, avec Pauline Arnaud-Blanchard, a remis le 4 novembre, pour la 2e année, ses trophées à six entrepreneur/es handicapé/es. En présence de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, la cérémonie a fait salle comble au Carreau du Temple à Paris et a été suivie en live par près de 1 500 personnes.
3 questions à Didier Roche, entrepreneur français aveugle depuis son enfance, président fondateur de l’association et des Trophées H’Up.
Combien d’entreprises avez-vous créées sans le secours de la vue ?
Aujourd’hui, je dirige 11 sociétés, restaurants et spas dans le monde, pour une centaine de salariés. J’ai notamment cofondé la chaîne de restaurants et l’institut de bien-être Dans le noir. Quand en 1995, âgé de 23 ans, j’ai voulu créer ma première entreprise, j’ai rencontré beaucoup de difficultés à cause de mon handicap, notamment de la part du monde bancaire et associatif. J’ai ensuite découvert que nous étions 35 000 entrepreneurs en situation de handicap – nous sommes près de 80 000 aujourd’hui – et tout autant à avoir essuyé les mêmes refus et humiliations. Avec trois associés, nous avons créé l’association H’up, le premier réseau de travailleurs indépendants handicapés en France pour représenter et accélérer la réussite des entrepreneurs en situation de handicap.
Quelles sont les actions de l’association ?
La communauté H’up compte plus de 1 000 entrepreneurs dans toute la France et a reçu près de 500 entrepreneurs en 2019. Nous accompagnons les entrepreneurs et les porteurs de projet qui sont handicapés ou le deviennent pendant leur parcours de chef d’entreprise pour les aider à développer leur business. Nous les aidons sur des problématiques de droit, de comptabilité, de management ou de communication. Par exemple pour les aider à se projeter dans leur business model en intégrant la dimension handicap, mettre en place leur maquette de communication, les aider sur un point juridique… Cet accompagnement prend la forme d’un accompagnement collectif via du networking et des webinaires, et d’un accompagnement individuel par du mentorat assuré par un pair installé qui va les challenger, et du job coaching sur le handicap dans la vie d’entrepreneur. Aujourd’hui, nous avons 200 coachs et experts-projets bénévoles et sommes d’ailleurs toujours à la recherche d’entreprises partenaires.
Pourquoi avoir fondé les Trophées H’up ?
Avec l’association, nous faisons aussi du lobbying auprès des pouvoirs publics, sur la sortie de textes sur le handicap au travail notamment. Le handicap et l’entrepreneuriat ont une existence législative toute récente avec la loi de 2016 sur les Travailleurs indépendants handicapés. Avec les trophées, nous voulons que le grand public s’intéresse à un autre visage du handicap. Nous voulons récompenser et mettre en lumière des parcours d’entrepreneurs et des modèles de réussite. Nous avons reçu 170 dossiers, soit 42 % de plus qu’en 2018. Parmi les 9 finalistes, 4 parcours exceptionnels ont été distingués par le jury et deux nouveaux prix ont été décernés, le prix de l’entrepreneur international et le prix du public. Cette année, nous avons été débordés par le succès. Les trophées ont pris une autre dimension qu’il va falloir gérer. On réfléchit par ailleurs à des dotations pour les lauréats l’an prochain.