Partout, le constat est le même, les PME sont à la traîne dans la transition numérique. Au sein de la zone OCDE, elles sont par exemple deux fois moins susceptibles que les grandes entreprises d’utiliser le commerce électronique ou le cloud computing. Alors, de quelles manières – car elles se montrent souvent multiformes – les millions d’entreprises dans le monde réalisent-elles leur transformation numérique ?
États-Unis
En avance grâce aux GAFAM ainsi qu’avec les milliers de start-up « numériques » qui fleurissent. L’un des facteurs du succès réside dans le financement des entreprises numériques, de l’ordre de 220 dollars par habitant, contre 120 dollars pour la Suède, le pays le plus dépensier en la matière.
Intérêt : insuffler la culture de l’initiative et du numérique en favorisant l’innovation avec les jeunes pousses qui recherchent des partenaires pour grandir. Attrait des meilleurs au monde et création des licornes. 54 % d’entre elles sont aux États-Unis, contre 23 % en Chine et 10 % en Europe.
Autriche
La transition numérique est plus lente que dans d’autres pays de l’UE ou d’Asie. L’utilisation des technologies par les PME est plus faible qu’ailleurs. Pour tenter de diffuser les pratiques numériques dans les entreprises, l’Autriche a fait, entre autres, le choix de mettre en place un programme de formation au numérique baptisé Fit 4 Internet.
Intérêt : un bon coup de pied aux fesses !
France
Se situe en 15e position sur les 28 pays de l’UE en matière de maturité numérique sur le Digital Economy and Society Index de la Commission européenne. Position moyenne, donc. Elle a mis en place une initiative nationale, France Num, pour la transformation numérique des PME et des microentreprises, ainsi qu’une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle et la modernisation des services publics avec le numérique pour accompagner les dirigeants.
Intérêt : intégrer rapidement les meilleures pratiques numériques et être en pointe avec les IA pour que les entreprises gagnent en intelligence.
Afrique
L’Union Africaine s’est fixé le développement des services numériques sur le continent d’ici à… 2063. La numérisation vise un meilleur accès à la santé, à l’énergie, aux transports, à l’agriculture, à l’éducation… Pour réussir, l’accès à Internet est prioritaire.
Intérêt : renforcer les opportunités et les compétences, notamment des femmes avec le programme du G20 #eSkills4Girls qui promeut les compétences numériques pour les femmes.
Estonie
Alors qu’il s’agit de l’une des nations d’Europe les plus avancées côté service public – monnaie virtuelle, suppression du cash et des chèques, « blockchainisation », suppression du papier, les PME estoniennes ne passent pas au numérique ! « Le principal défi de l’économie estonienne. Les entreprises n’exploitent pas encore pleinement les opportunités offertes par la technologie », résume un rapport de la Commission européenne. Le pays mise sur le déploiement de la 5G pour doper les usages et les innovations.
Intérêt : inciter le privé à suivre l’exemple du public, moderniser l’environnement juridique et stimuler l’innovation avec de nouveaux services pour accompagner les PME.
Russie
« La Russie est affectée par une faible transformation numérique en raison d’un manque de coordination entre le gouvernement, le secteur privé et la communauté scientifique et éducative », selon la fondation Ross Congress.
La Russie a entrepris la transformation numérique des grandes entreprises et des structures publiques par un axe réglementaire.
Intérêt : embarquer l’ensemble des acteurs, notamment avec l’exigence d’un degré de numérisation pour accéder aux marchés avec les grands donneurs d’ordre.
Chine
Le géant est dans la moyenne de l’échelle mondiale. La taille de l’économie numérique est résiduelle. Elle atteint seulement 6 % du PIB selon le FMI. La Chine investit beaucoup dans l’IA et la 5, voire la 6G ! Pourtant, un déploiement trop massif de l’IA dans ses entreprises pourrait faire disparaître jusqu’à 77 % des emplois selon la Banque mondiale. La Chine avance ainsi avec des programmes de formation et d’accompagnement.
Intérêt : bénéficier des avantages du numérique progressivement et minimiser les risques économiques et sociaux.
Australie
Plus de la moitié des PME australiennes en seraient à un stade de maturité numérique « élevé » ou « avancé », selon un rapport du cabinet Deloitte. Pour l’autre moitié, c’est le coût élevé du passage au numérique qui les freine. Le gouvernement a mis en place des actions.
Intérêt : accélérer pour réduire les coûts et enrôler les PME plus facilement, doper ainsi le poids de l’économie numérique qui atteignait 400 milliards de dollars et la croissance.
Patrice Remeur
Sommaire du dossier
1. Enquête exclusive : 7 transformations numériques à valeur d’exemple
2. L’industrie en région : quel poids, quelle densité ?
3. (Im)maturités dans le monde…