Suspension des salons professionnels, ce poumon sain des entrepreneurs et entreprises ? Vivent les salons virtuels. Numérisation de l’économie et de la société oblige, les salons en ligne, doubles des salons physiques, fleurissent sur Internet. Le groupe de communication …/en Personne s’en est fait une spécialité, via son agence …/en Personne virtual. On s’y plonge.
Un salon virtuel va venir en amont d’un salon physique pour le préparer ou en aval pour le compléter. Mais il peut vivre seul, étendre un salon physique ou le remplacer. » Alain Bosetti, président et cofondateur d’en Personne, égrène son « virtuel » dont il s’est fait une spécialité. L’entreprise que son président présente comme une PME de la communication s’articule autour de trois activités : en Personne 360, agence de conseil en communication, en Personne expo, créateur et organisateur de salons physiques et virtuels, et en Personne virtual, agence spécialiste des événements on ne peut plus virtuels. Pionnier du genre, en Personne virtualise les rencontres professionnelles de ses clients depuis 2013 (salons virtuels, e-conventions, journées portes ouvertes online…). Et virtualise ses propres salons. À l’instar du Salon SME (salon pour les freelances, créateurs et dirigeants de TPE), qui existe en version virtuelle depuis 2016 : le Salon SME online.
S’adresser directement aux exposants
Un événement virtuel a tout du « vrai » : assister à un salon, n’importe où et n’importe quand, développer les audiences et les pratiques de communication et assurer la continuité des interactions professionnelles en cas d’impossibilité de rencontres physiques… Le principe : faciliter l’accès au contenu pour les visiteurs, tout en conservant l’interaction individualisée. Sur une plate-forme virtuelle dédiée, via des webinaires (des Web-seminaires), en live ou en replay, des stands virtuels et une messagerie instantanée assurent le contact direct avec les exposants. Une plate-forme robuste accueille 1 000 visiteurs uniques simultanément (la moyenne du salon SME online frise les 3 000 visiteurs par jour). La quasi-totalité des prestations du salon physique sont déclinées sur la plate-forme. Que manque-t-il ? Alain Bosetti : « L’offre reste supérieure sur le salon physique, le Salon SME Paris c’est entre 130 et 150 exposants et une centaine de conférences et d’ateliers, le salon SME online entre 30 et 60 conférences et une dizaine de webinaires. » Un delta qui s’explique notamment par le nombre réduit de partenaires commerciaux sur le salon virtuel, aussi par les limites intrinsèques d’un événement virtuel. « Un salon physique assure le contact direct, la rencontre interpersonnelle reste quelque chose d’unique que le virtuel ne peut pas remplacer. » Malgré la profusion de foires et salons professionnels en France, seule une minorité se traduit sur Internet et peu ont fait le pari de la virtualisation compète.
Montée en puissance
Du reste, le risque de voir le salon virtuel « cannibaliser » le salon physique n’est jamais loin. En Personne l’a bien compris, son salon SME a lieu début octobre à Paris, mais sa version Web enchaîne en juin. La transition vers une généralisation des rencontres professionnelles online se fait donc en douceur : « Dans la boîte à outils des marketeurs et des communicants, le salon virtuel était un petit levier. Il tend à prendre une place importante », dixit Alain Bosetti.
Certains organisateurs de salons ont donc longtemps été réticents face à la numérisation. En ce début d’année 2020 meurtrie par la pandémie de la Covid-19 (la maladie, donc féminin) et marquée par le confinement, la virtualisation s’impose comme une solution de repli et de continuité idéale. Pour que le business continue. Show must go on.
Adam Belghiti Alaoui
3 questions à Alain Bosetti, cofondateur et président d’en Personne :
Pourquoi se lancer dans l’organisation de salons virtuels ?
Dans notre société qui se virtualise toujours plus, je vois trois raisons essentielles : tout d’abord les attentes accrues des acteurs des salons qui recherchent toujours plus de contacts qualifiés et le bon équilibre entre l’investissement de leur venue au salon et ce qu’ils en retirent, ensuite la pression écologique – un salon physique génère beaucoup de déchets –, enfin, les événements impondérables qui risquent de perturber la tenue d’un salon : les grèves, les crises politiques, les intempéries ou, comme actuellement, une pandémie. C’est à l’aune de tous ces risques que nous avons organisé avec Toshiba notre premier salon virtuel en 2013, les Toshiba e-days for partners.
En quoi un événement en ligne pourrait se substituer
aux allées des salons ?
Un salon, c’est pour nourrir son business et son image, pour cultiver sa proximité. Un salon virtuel va donner les moyens de diversifier l’audience en rendant accessible l’offre à tous ceux/celles qui ne pourraient pas se déplacer. De plus, lors d’un salon virtuel, on va suivre les comportements des visiteurs et collecter des contacts et des données en permanence. De quoi mieux répondre à leurs attentes et d’améliorer les suivis. Un salon virtuel est soit un canal de contacts additionnels, soit un canal de remplacement quand le salon physique se révèle impossible. En cette période de perturbations et de confinement causée par la pandémie du coronavirus, nous pourrions organiser un salon virtuel sans aucun problème.
Pour l’organisateur, un salon virtuel doit exiger bien moins de ressources ?
Un salon physique, nous sommes une quinzaine à le préparer pendant un an et une centaine à intervenir pendant sa tenue. Un salon virtuel, il faut compter environ trois mois et trois personnes pour le gérer en direct. Pour comparaison, 80 % des visiteurs du Salon SME physique sont franciliens, 73 % des visiteurs du Salon SME online sont en région. En termes de visiteurs uniques, le salon physique réunit entre 8 000 et 12 000 personnes pour une moyenne de visite d’une demi-journée, contre 3 000 visiteurs uniques par jour pour le salon virtuel et une durée moyenne de 45 minutes.