Le comportement des épargnants français a surpris bien des observateurs. Alors que l’économie mondiale s’enfonçait dans l’inconnue du confinement et que les marchés financiers traversaient leur pire krach depuis 1929, les investisseurs particuliers se sont rués en Bourse. Entre le 24 février et le 3 avril, plus de 150 000 nouveaux investisseurs sont ainsi intervenus sur les valeurs appartenant à l’indice SBF120, révélait fin avril l’AMF. Certes, au tout début de la chute des cours à partir du 24 février, les investisseurs particuliers ont clairement vendu leurs titres la première semaine, mais le solde est devenu positif dès l’amorce du mois de mars. Il l’est resté durant cinq semaines d’affilée jusqu’au 3 avril (date de fin de l’étude). Au total, sur ces cinq semaines, les achats d’actions françaises par des particuliers ont été multipliés par 4 par rapport à la période équivalente en 2019, pour un montant net total de 3,5 milliards d’euros, dans un marché lui-même marqué par des volumes multipliés par 3 ! « En 2008, la crise financière avait provoqué la désertion des investisseurs particuliers. Ce ne fut, cette fois-ci, pas du tout le cas », confirme Aurore Gaspar, DGA de Boursorama. Autres signes de la résilience des épargnants, son portail Internet connaît depuis le début de la crise une audience record.
« Dans ces circonstances exceptionnelles, nous avons constaté un afflux de nouveaux clients cherchant à profiter de la volatilité des marchés. Cet intérêt témoigne selon moi de la meilleure culture financière des Français/es, comme l’avait déjà montré l’intérêt suscité par l’introduction en Bourse de La Française des Jeux. » Concernant l’assurance vie non plus, la bérézina des unités de compte n’a pas eu lieu. Si les épargnants ont clairement privilégié les fonds en euros au tout début de la crise, l’observatoire Nortia a assisté à des réinvestissements progressifs vers les fonds actions, délaissés la première semaine de mars. Et, très vite, la dynamique a repris lors de la deuxième et n’a globalement pas faibli, même lors de l’entrée en vigueur du confinement en Europe et aux États-Unis. Gilles Belloir, directeur général de Placement-direct.fr, confirme l’engouement des investisseurs particuliers pour les unités de compte.
« Les épargnants, prudents après une année boursière 2018 morose, ont tardé à se placer en 2019 et raté une grande partie de la hausse. Cette fois-ci, ils ont pris leurs risques en estimant que la chute des marchés était source d’opportunités à terme », explique le professionnel. Début mai, le CAC 40 avait regagné plus de 20 % sur son point bas de la mi-mars mais les impacts du confinement sur les entreprises sont devant nous.
Les analyses de Pierre-Jean Lepagnot