Les présidents des Hauts-de-France et du Grand Est ont écrit au Premier ministre pour en finir avec ce qu’ils vivent comme une ségrégation ! Le 28, la réponse tombe : « Je vous ai compris… »

Au début du déconfinement le 11 mai, seules quatre régions métropolitaines étaient encore « rouges » et conservaient donc des mesures de déconfinement plus restrictives que les « vertes », mais à peine. Plus de deux semaines plus tard, à l’heure où les régions vertes relancent progressivement leur économie et leurs activités touristiques et culturelles à l’approche de l’été, les Hauts-de-France et le Grand Est l’assurent : pour eux, tous les voyants sont au vert.

Île-de-France, Bourgogne Franche-Comté, Hauts-de-France et Grand Est, quatre régions considérées comme les plus exposées à la circulation de la covid-19 et, à ce titre, les plus scrutées par le gouvernement et les autorités sanitaires. Les quatre régions, auxquelles s’ajoute Mayotte pour un total de 32 départements, n’ont pas passé le test des trois critères édictés dans l’article 2 du décret du 11 mai, passeport pour la « zone verte ». Lesquels critères sont, pour rappel : la capacité de réaliser des tests virologiques, un taux d’occupation des lits de réanimation par des patients covid pas supérieur à 60 %, enfin un taux de passage aux urgences pour suspicion de covid-19 inférieur à 6 %.

Impératifs économiques régionaux obligent, les présidents des régions « rouges » scrutent ces indicateurs. Car, ils en sont persuadés, rester en zone rouge n’est pas bon pour l’image des territoires et pour leur attractivité, à l’heure où le secteur touristique est à bout de souffle. Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, et Jean Rottner, président du Grand Est, persistent et signent, via une lettre commune adressée le mardi 26 mai à Édouard Philippe : tout est réuni pour que leurs régions passent au vert. Alors ?

Double peine et appel au gouvernement
« Il est peu compréhensible que nos régions figurent encore en rouge sur la carte de France tant la situation sanitaire ne le justifie plus. » Bertrand et Rottner défendent les intérêts de leur territoire respectif et réclament justice face à une stigmatisation et un « marquage particulièrement dégradant sur le plan symbolique ». Les deux présidents mécontents s’estiment victimes d’une « double peine ». Or, les trois indicateurs clés, scrutés par Santé publique France, sont bel et bien passés au vert dans les Hauts-de-France et le Grand Est. Par exemple, 135 personnes sont encore en réanimation en raison du virus dans les Hauts-de-France, contre plus de 580 au plus fort de la crise sanitaire début avril. On comprend mieux l’impatience de ces régions, pour une mise à jour de la carte de France de la covid-19 qui tarde à venir.

Outre l’argument d’une situation sanitaire à nouveau sous contrôle, MM. Bertrand et Rottner insistent sur le fâcheux impact du redouté rouge sur l’attractivité et l’économie régionale. Avec en tête l’annonce d’une récession de 8,2 points du PIB à venir pour 2020 et à la suite de plusieurs mois d’arrêt total des activités touristiques régionales, les deux élus jugent « primordial d’engager les visiteurs à revenir prestement passer leurs vacances dans le nord et l’est de la France, ce qui ne saurait s’envisager dans une région rouge ».

Jusqu’alors, le duo Macron-Philippe semble bien décider à rester sur les rails de son plan de déconfinement.

La phase 2 du déconfinement se profile
Pour autant, quelles différences entre le rouge et le vert ? Mineures. Rentrées scolaires post-déconfinement repoussées dans certains établissements et maintien de la fermeture des parcs et des jardins publics. Et c’est tout. De quoi questionner la pertinence du fameux code couleur. Malgré tout, la carte actuelle de la covid en rouge et vert, présentée pour la première fois le 30 avril pour préparer le déconfinement, puis mise à jour quotidiennement jusqu’au 7 mai, est restée inchangée. Et la décision vient d’en haut. Si le gouvernement assurait d’emblée que la carte serait mise à jour en fonction de l’évolution des données de suivi de l’épidémie, on aura vite compris que Matignon raisonne par phase : une première carte pour la première phase du déconfinement, une seconde carte pour la seconde phase…

Une impression confirmée par les informations qui circulent déjà sur la mise en place de la phase 2 du déconfinement, le 2 juin et que valide Édouard Philippe en fin d’après-midi du 28 mai. Toutes les régions sont verdies, à une nuance près : l’orange de l’Île-de-France, le rouge de Mayotte, et semi-rouge du Val d’Oise. On attend les réclamations de Valérie Pécresse…

ABA

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