Discrimination à l’emploi : la bataille continue

Julien Denormandie, ministre de la Ville, pour le testing caché au sein des entreprises.

En pleine journée de manifestations contre le racisme et les violences policières, le 13 juin, le ministre de la Ville, Julien Denormandie, est revenu sur le sujet des discriminations dans un entretien accordé au Parisien. L’occasion de brandir le testing qui rend visible les pratiques discriminatoires au recrutement – couleur de peau, appartenance ethnique, genre – de certaines entreprises. L’initiative avait déjà été lancée il y a quelques mois – sept entreprises suspectées de discriminer. Elle sera reconduite. Séance de rattrapage.

Une situation de discrimination apparaît lorsqu’une entreprise ne réserve pas les mêmes attributs (accès à l’emploi, à la formation, niveau des salaires, promotions, etc.) à deux futur.es salarié.es aux caractéristiques productives parfaitement identiques mais de caractéristiques non productives différentes (telles que le genre ou l’origine). Il s’agit de la notion de discrimination définie par James Heckman (1998), économiste à l’Université de Chicago. Moins précis, moins complexe que la définition proposée par le Code du travail, mais terriblement plus efficace.

Julien Denormandie, ministre de la Ville

En février, sept entreprises avaient déjà été épinglées
Pour lutter contre les discriminations, à l’embauche notamment, Julien Denormandie a plébiscité la méthode du testing : envoyer pour un même poste un CV identique avec pour seules différences l’origine du.de la candidat.e et/ou une adresse relevant d’un quartier populaire. C’est d’ailleurs cette méthode, en février, qui avait pointé du doigt sept entreprises suspectées d’être à l’origine de pratiques discriminatoires. L’ancien conseiller de Pierre Moscovici croit « beaucoup à la technique du name and shame qui consiste à rendre public le nom des entreprises responsables de discriminations, car elle réussit à faire bouger les lignes et les consciences », pense-t-il. Très bien, petite piqûre de rappel : Renault, Air France, Accor, Altran, Arkéma, Rexel et Sopra Steria. Voilà pour le name and shame des sept entreprises épinglées en début d’année. Qui va ajouter sa marque au tableau d’infamie du nouveau testing lancé ?

Une formation obligatoire
Mieux vaut prévenir que guérir. En dehors des discriminations au travail et à l’embauche, le logement demeure un des domaines les plus concernés. Le ministre de la Ville a reconnu le caractère essentiel de la formation, c’est pourquoi il va « signer un décret qui oblige toutes les agences immobilières et les associations professionnelles à suivre une formation de lutte contre les discriminations avant chaque renouvellement de leur carte professionnelle, c’est-à-dire tous les trois ans ». La mesure envisagée s’avère tout à fait louable. Mais alors, elle signifie qu’il faut former pour apprendre à ne pas discriminer. On en est là. GW

 

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