Place à l’écologie politique ?
Attention, c’est historique. Au gré de leurs victoires et de leur percée électorale dans la course aux grandes villes et mairies françaises, les écologistes s’imposent indéniablement comme une force politique de premier plan. On la sentait arriver, la vague verte a bien déferlé sur tout le territoire. L’écologie politique s’impose comme un incontournable, à deux ans de l’élection présidentielle.
Bordeaux, Lyon, Besançon, Poitiers, Annecy, Tours… Une vague verte historique a traversé la France ce dimanche 28 juin 2020. La percée des écolos dans les grandes villes est considérable, la bascule est historique pour Europe Écologie-Les Verts (EELV), propulsée force majeure de l’opposition, taux d’abstention élevé ou pas. Des résultats qui bouleversent l’ordre établi, à l’instar de la mairie bordelaise, fidèle à la droite de Jacques Chaban-Delmas et François Juppé depuis 1947 ! Le troisième maire de Bordeaux depuis l’après-guerre sera donc Pierre Hurmic qui bat au second tour Nicolas Florian, protégé de Juppé soutenu par LREM. Idem à Lyon, le berceau de la macronie, où Grégory Doucet met fin au règne de Gérard Collomb, dont le ralliement aux Républicains aura finalement été vain. Outre les mairies remportées par des maires écolos à la tête de coalitions, EELV participe également à la victoire à Paris (Anne Hidalgo) et à Marseille (Michelle Rubirola).
Malgré un second tour si particulier, marqué par la crise sanitaire et une très forte abstention (près de 60 %), les écologistes sont les grands vainqueurs du scrutin et la gauche socialiste se félicite de s’être alliée aux Verts, pendant que la macronie et les Républicains comptent les pots cassés. C’est maintenant clair : les Français.es, ou du moins les votants de ce second tour, aspirent à d’autres modes de décisions politiques pour faire face aux urgences environnementales et écologiques.
Macron conserve la main… verte
Dans la foulée de l’annonce des résultats et de la poussée des candidats écolos, le Président de la République s’est empressé de se prononcer sur les enjeux climatiques. Malgré le méchant revers encaissé par le parti présidentiel, le chef de l’État ne perd pas pied et reprend la main. Comme pour anticiper les critiques portant sur son manque d’engagement pour la conversion verte, le Président s’est engagé à mener deux référendums sur l’environnement. De quoi satisfaire les propositions des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, reçus à l’Élysée ce lundi. Deux référendums donc, dont le premier devrait avoir lieu « d’ici à 2021 », et portera sur l’introduction des notions de « biodiversité, d’environnement, de lutte contre le réchauffement climatique » dans l’article premier de la Constitution. De plus, Emmanuel Macron laisse la porte ouverte à un projet de loi spécifique intégrant directement des propositions de la Convention citoyenne. Cependant, le chef de l’État s’est montré ferme, en s’opposant à trois propositions : les 110 km/h sur les autoroutes, l’inscription de l’écologique comme valeur fondamentales dans le préambule de la Constitution et la taxation à 4 % les dividendes des entreprises supérieurs à 10 millions d’euros, pour financer la transition écologique. Que l’exécutif évalue à 15 milliards d’euros sur deux ans – ce qui paraît peu au vu des 146 propositions –, et la mise en place d’un « fonds de transformation écologique », lors de la présentation du plan de relance cet automne.
Grâce à cette déferlante écologique mise en lumière et incarnée par les élections municipales, exécutif, parlementaires et politiques en tout genre ne peuvent plus se cacher : l’heure est à la mise au vert et à la réflexion sur notre bilan carbone et énergétique. Et les propositions pleuvent, à l’image du rapport rendu et présenté au Sénat le 24 juin par la commission de l’aménagement du territoire et du développement : 25 autres pistes pour lutter contre l’empreinte carbone du numérique.
Adam Belghiti Alaoui