Le gouvernement Castex se prépare à de nouvelles mesures sanitaires.
Si le déconfinement suit son cours et que la pandémie de la covid-19 paraît maîtrisée en France, les signaux d’un soubresaut de contaminations se multiplient, à coups de clusters. Et la crainte d’une nouvelle dynamique négative refait surface. À l’heure d’une saison estivale qui bat son plein et d’un risque sanitaire réévalué, l’option du port du masque obligatoire dans les lieux clos n’en est plus une : dès le 20 juillet, elle s’impose partout en France.
Non, le virus ne dort pas, non, il n’a pas disparu. Les autorités sanitaires le martèlent à qui veut l’entendre : il circule sans bruit de plus en plus activement. Même si la situation n’est encore jugée inquiétante qu’en Guyane, qui a reçu la visite du néoPremier ministre Jean Castex, et à Mayotte, le constat en métropole s’assombrit à nouveau. Outre le franchissement du seuil symbolique des 30 000 décès dus au virus, la France comptait au 8 juillet 333 clusters de nouvelles infections sur son territoire. Dans son dernier point épidémiologique hebdomadaire, Santé Publique France fait état de cette nouvelle tendance qui préoccupe les autorités sanitaires. Si le nombre hebdomadaire de clusters signalés reste stable sur les cinq dernières semaines, le nombre de nouveaux cas confirmés est bien en hausse : 3 797 entre le 29 juin et le 5 juillet, contre 3 406 la semaine précédente. Même constat pour le nombre d’actes de SOS Médecins pour suspicion de covid-19, en hausse de 41 % sur la semaine. Malgré un nombre de décès hebdomadaire visiblement en baisse (124 contre 164), Santé Publique France relève parmi ses points clés la « diminution de l’adoption systématique des mesures de prévention ». Un relâchement généralisé face aux consignes sanitaires, port du masque et distanciation physique en tête, qui pourrait ne pas rester sans conséquences.
Vers un durcissement des consignes sanitaires ?
Au micro de RTL, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, assurait début juillet que « la consommation reprend. Il y a quelques semaines, nous étions à moins 30 % de consommation en France, aujourd’hui on est tout juste à moins 5 %. On a quasiment retrouvé la normale ». Si l’économie semble se refaire une santé au fil des jours, la situation sanitaire française et internationale fait, elle, grise mine à nouveau. Pendant que les États-Unis subissent une progression spectaculaire de la pandémie en Floride et au Texas, L’OMS enregistrait début juillet plus de 230 000 nouvelles contaminations dans le monde, un record. Et l’idée d’un reconfinement refait surface. Le Maroc, notamment, a renouvelé le confinement de la ville portuaire de Tanger et son million d’habitants. Idem aux Philippines où 250 000 habitants de la capitale Manille devront aussi rester chez eux.
En Europe, la justice espagnole a suspendu le reconfinement d’une partie de la Catalogne, malgré un fort rebond de contaminations. En France, rien n’est encore décidé, mais le nouveau gouvernement Castex étudie déjà ses options. « La question de développer l’usage et le port du masque est bien à l’étude, en particulier prioritairement tous les lieux, quels qu’ils soient, clos », disait ainsi le Premier ministre lors de sa visite en Guyane ce week-end. Auquel le maire de Nice, le réactif Christian Estrosi, qui vient de décider le port du masque dans l’espace public, lançait hier qu’il n’a qu’à décider, comme lui, au lieu de parler d’« étude ». Une mesure qui répondrait aux appels successifs du corps médical, lequel réclame le port obligatoire du masque dans les lieux publics fermés. Plus alarmant encore : les scènes de réunions publiques qui bafouent les consignes sanitaires se multiplient en cette saison estivale, à l’instar d’un concert en plein air organisé à Nice et qui a réuni des milliers de personnes sans masques ni distanciation.
En somme, la vigilance de chacun se relâche, ce qui ne paraît pas si surprenant… Mais le virus progresse à nouveau. Le constat est simple : le microbe saisit toutes les occasions que nous lui offrons. Si l’hypothèse d’une seconde vague reste peu probable selon les autorités sanitaires, elle n’est toujours pas exclue. Le retour à des consignes sanitaires plus stricte est lui, de plus en plus probable.
Adam Belghiti Alaoui