Le télétravail, un accès segmenté

L’accès au télétravail reste difficile pour les femmes et les salarié.es les plus précaires.

Nous avons perçu le télétravail comme une aubaine pour l’environnement et l’emploi. Encore faut-il que tout le monde y ait accès. Trois analystes du Fonds monétaire international (FMI), Mariya Brussevich, Salma Khalid et Era Dabla-Norris, ont planché sur les difficultés d’accès au télétravail pour certaines catégories de la population active. Les femmes et les pauvres pourraient se retrouver marginalisé.es face à cette transformation profonde dans la façon de travailler. Explications.

Le télétravail a la cote, si bien que nombre de salarié.es redoutent déjà le retour au bureau. D’autres n’ont jamais pu bénéficier du travail à domicile, non pas par manque de volonté, mais surtout de possibilités. Toutes professions confondues, on observe une très forte disparité quant à la capacité à recourir au télétravail selon les régions du monde. Plus concrètement, « il est beaucoup plus simple de télétravailler en Norvège et à Singapour qu’en Turquie, au Chili, au Mexique, en Équateur et au Pérou », a souligné le FMI. Pour rappel, au sein des pays émergents ou en voie de développement, plus de la moitié des ménages ne bénéficient pas d’un ordinateur à disposition. Ce qui rend – vous imaginez bien – délicate la pratique du télétravail.

 Moins simple de télétravailler pour les femmes
Tous les métiers ne peuvent jouir des bienfaits du télétravail. D’abord parce que la nature de certaines professions ne s’y prête pas. Durant la crise sanitaire, les secteurs qui n’ont pas pu poursuivre leur activité à domicile se révèlent être ceux qui ont subi les dommages collatéraux les plus forts : le commerce de gros et de détail, l’hôtellerie, ou encore la restauration. Il s’agit d’ailleurs de métiers où les salaires apparaissent comme les plus précaires.

Idem pour les femmes. Elles se présentent déjà particulièrement nombreuses dans des secteurs où le télétravail ne s’envisage pas comme « les services de restauration et l’hébergement », précise l’étude. De plus, les femmes – encore aujourd’hui – assurent très majoritairement la garde des enfants et les tâches domestiques. Un déséquilibre qui complexifie davantage la possibilité de concilier vie personnelle et vie professionnelle.

Temps partiel et télétravail ne font pas bon ménage !
Là où pour nombre d’entreprises le télétravail a représenté la principale échappatoire au prolongement de l’activité, d’autres n’ont pas hésité à se séparer dans un premier temps de leurs salarié.es à temps partiel. En période de crise, ils.elles se présentent comme les plus menacé.es face à la perte d’emploi. La fameuse théorie de la segmentation du marché du travail. D’un côté, le marché primaire avec les emplois les plus stables et mieux rémunérés, de l’autre le marché secondaire, soit les emplois atypiques (temps partiel, intérim etc.) moins bien payés. Bien entendu, en période de crise, la seconde catégorie paie en priorité les pots cassés. Sans même avoir accès au télétravail. La révolution de notre façon de travailler patientera encore un peu. GW.

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