Le gouvernement Castex lance le « dialogue social »

Retraite, assurance-chômage, dépendance, emploi des jeunes, relance et participation au menu.

Après son discours de déclaration de politique générale devant les parlementaires, Jean Castex, Premier ministre en herbe, passe du théorique à la pratique. Pour donner corps au fameux « dialogue social » qu’il appelle de ses vœux, le chef du gouvernement commence à recevoir les partenaires sociaux et le patronat pour définir l’agenda social de la fin du quinquennat, autour de six grands thèmes.

De la parole aux actes, il n’y aura eu que 48 heures. Dans la foulée de l’inévitable exercice de la déclaration de politique générale qui incombe au nouveau Premier ministre, le chef du gouvernement a reçu le vendredi 17 juillet les partenaires sociaux à Matignon, pour sa première réunion multilatérale. « Le dialogue, l’écoute, la recherche du compromis : voilà les leviers d’une démocratie apaisée », dixit Jean Castex, qui s’est présenté devant l’Assemblée en « homme des territoires ». Dans son discours, le chef du gouvernement a tracé sa feuille de route pour les 600 jours à venir, en insistant sur la concertation, la priorité donnée à l’emploi, la fermeté sur les sujets régaliens et la « croissance écologique », au cœur du plan de relance. Une semaine après avoir reçu les partenaires sociaux délégués en réunion bilatérale, pour faire le tour des dossiers liés à la crise, Matignon organise donc la première réunion de tous ces acteurs. Jean Castex s’est entouré de certain.es de ses ministres : Élizabeth Borne (Travail), Barbara Pompili (Transition écologique), Bruno Le Maire (Économie), Olivier Véran (Santé et solidarités) et Brigitte Bourguignon (Autonomie).

Six thèmes pour jalonner l’agenda social de la fin du quinquennat
Au menu de cette première « conférence du dialogue social » et de cette période de concertation qui s’ouvre, six thèmes mis sur le table par le Premier ministre : retraite, assurance-chômage, dépendance, emploi des jeunes, relance et participation. Côté retraite, malgré la crise, l’exécutif n’a pas abandonné sa réforme au long court. Si patronat et syndicats jugent que la période actuelle n’est pas propice pour relancer cette réforme explosive, le gouvernement se dit prêt à repousser la négociation sur le fond à la fin de l’année. Mais il y a urgence, vis-à-vis de la situation financière des régimes de retraites qui devraient accuser un déficit de 30 milliards d’euros en cette même fin d’année. Même son de retour de la réforme de l’assurance-chômage, que Jean Castex souhaite aménager au vu de la crise. Les débats avec les syndicats, qui demandent l’abandon pur et simple de la réforme, s’annoncent explosifs, avec la perspective d’un chômage à 11,5 % mi-2021 selon la Banque de France. Au sujet de la dépendance, sera notamment en débat la question de la création d’une 5e branche de la Sécu pour couvrir le risque de perte d’autonomie des personnes âgées, avec notamment pour financement la réaffectation de à 0,15 point de la CSG à partir de de 2024 (soit 2,3 milliards d’euros). L’emploi des jeunes, très présent dans les déclarations récentes du chef du gouvernement comme du chef de l’État, fera l’objet d’un dispositif d’exonération de charges pour favoriser l’embauche des moins de 25 ans. Le dispositif annoncé par le Président de la République le 14 juillet devrait permettre aux entreprises de bénéficier d’une aide à hauteur de 4 000 euros pendant un an, pour les CDI et CDD de plus de trois mois. Reste à déterminer les détails de la forme de cette aide, son coût et son financement. Autre grand sujet du dialogue : les modalités du plan de relance, auquel une enveloppe de 100 milliards d’euros doit être dédiée sur deux ans pour remettre l’économie française sur pied. Au programme du plan : mesures fiscales pour relancer l’industrie, dispositifs en faveur de la transition écologique et aides au plus démunis. Mais encore une fois, rien n’est certain et chaque partie fera valoir ses intérêts et ses recommandations. Le patronat, notamment, a déjà été comblé par l’abandon des taxes à la production, la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).
Le dialogue est engagé. Encore faut-il qu’il en sorte des mesures. C’est à ce résultat que le Premier ministre sera jugé

Adam Belghiti Alaoui

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