L’École n’est pas en crise !

Les Vacances apprenantes conservent l’école ouverte cet été et la rentrée promet un accueil des élèves à nul autre pareil.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Décidément, non, cette rentrée n’est pas comme les autres, quand l’unique souci parental était, outre la collection des fournitures, l’accompagnement des plus jeunes à l’école dite élémentaire, aujourd’hui encombrée de sigles et de cycles en maillage qui exigent un peu d’attention. Non, le souci d’aujourd’hui est tout autre : confier ses enfants à une institution qui doit nous les rendre indemnes et heureux.ses, tout en rattrapant le retard d’une année scolaire sacrifiée.

Aucun doute, l’Éducation nationale que n’a pas abandonnée en rase campagne un ministre parfois hésitant, le même Jean-Michel Blanquer, s’est montrée à la hauteur de ses responsabilités. D’abord en accompagnant ses élèves à distance, avec des professeur.es – écoles, collèges et lycées – investi.es. Puis en ouvrant toutes grandes des portes autrefois cadenassées en été, grâce aux « Vacances apprenantes », principalement conçues pour des petit.es en décrochage ou le plus souvent privé.es de vacances. Mais c’est l’impressionnant déploiement de force pour une rentrée haute densité qui nous bluffe : outre les gestes barrières plus que jamais rodés, l’École s’est pratiquement réinventée pour honorer sa mission. On se croirait au temps des « hussard.es de la République » conscient.es du devoir de surmonter une crise sanitaire qui dure. Les recrutements mêmes, par leur ampleur, s’ils sont effectifs (on doit toujours se méfier des effets d’annonce), montrent à quel point ce gouvernement, qui ne fut pas exemplaire sur tout, se soucie malgré tout des Français.es, millenials de demain et trésors d’aujourd’hui : 1 688 postes supplémentaires pour le premier degré, dont 1 248 postes créés dans le cadre de la crise sanitaire, 8 000 nouveaux postes d’accompagnants d’enfants en situation de handicap (AESH), soit 4 000 créations supplémentaires par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale, 1 500 000 heures supplémentaires pour renforcer l’accompagnement personnalisé et l’aide aux devoirs, 130 000 heures d’assistants d’éducation (AED) d’ici au mois de décembre, pour accompagner le début d’année.

Reste pour les parents à assimiler le mode d’emploi de cette « rentrée pas comme les autres » car les dispositions/dispositifs mis en œuvre relèvent presque d’une usine à apprendre qu’il va falloir apprivoiser. Mais l’abondance de l’offre éducative vaut mille fois mieux que la pétrification d’une école sans ressort. Bonnes vacances, apprenantes ou pas !

Olivier Magnan

3 Commentaires

  1. Votre lecture est erronée !
    Ce ne sont certainement pas le ministre et l’institution qui ont géré la crise et dû se réinventer mais les acteurs sur le terrain : enseignants, directeurs d’écoles, personnels de direction des collèges et lycées.
    Avec leur bonne volonté, leurs outils ( ordinateurs, téléphones, lignes et abonnements personnels) en utilisant d’autres outils que les outils institutionnels qui étaient « plantés » dès le premier jour.
    Ils ont dû gérer 3 « rentrées » dans l’urgence, avec des consignes qui arrivaient par la TV, la radio, la presse écrite , en direction du public mais jamais à eux qui en avaient besoin pour organiser et gérer.
    Par dévouement envers leurs élèves et les familles, ils ont accepté pour beaucoup d’assumer la double tâche d’enseigner en même temps sur place et à distance, sans les moyens techniques de le faire.
    Il serait étonnant que, comme semble le penser le ministère qui transmet des plans de rentrée avec plusieurs scénarios, ils acceptent de continuer et que cette double charge de travail devienne un dû et une obligation…

    • Loin de nous l’idée que les autorités de l’Éducation nationale ont « tout fait ». Cet éditorial se concentrait sur cette « rentrée pas comme les autres » sous l’angle des dispositions bel et bien prises par l’Éducation nationale, notamment à travers les Vacances apprenantes qui, comme leur oxymore l’indique, mobilisent, comme vous l’écrivez « enseignants, directeurs d’écoles, personnels de direction des collèges et lycées. » Dans les précédents numéros de la revue Parenthèse que nous publions tous les deux mois, une psychologue scolaire, Catherine Dunezat, a décrit le formidable élan des personnels que vous évoquez quand le confinement de mars a été décrété. Oui, consignes ou pas, ces femmes et ces hommes ont révélé leur potentiel en prenant en charge, de façon souvent improvisée, le suivi de leurs élèves. Mais en l’occurrence, c’est bien le « plan » d’action mis en place par le ministère qui faisait l’objet de nos propos positifs. Mais cette École qui n’est pas en crise le doit effectivement beaucoup aux « acteurs.trices sur le terrain ». Sans doute aurions-nous dû aussi le souligner.

  2. Jean Michel Blanquer s’est montré à la hauteur de ses responsabilités. Il faut rire ou pleurer là?
    Non mais attention parce que là c’est vraiment une phrase de trop pour des enseignants maintes fois pris pour des buses par leur hiérarchie.

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