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Les trois priorités du plan : transition écologique, compétitivité des entreprises et cohésion sociale
Ce jeudi 3 septembre marque le jour de l’annonce du plan de relance gouvernemental pour cette rentrée 2020. Destiné à amortir les effets de la crise sanitaire et à initier la reprise économique, le plan fait notamment la part belle à la transition écologique. Il disposera de 100 milliards d’euros sur deux ans et visera à retrouver le niveau d’activité d’avant crise d’ici à 2022.
Il se sera fait attendre. Annoncé dès mi-juillet, le plan de relance a enfin été dévoilé en détails. Face à la chape de plomb qui pèse sur l’économie française à cause de l’épidémie de Sars-Cov-2, le gouvernement Castex prévoit l’investissement de 100 milliards d’euros sur deux ans, dont 20 milliards d’euros de baisses d’impôts pour les entreprises (baisse des impôts de production). La volonté est claire : préparer la France de 2030 et ne pas se limiter à un simple rebond d’après crise. Depuis le début de la crise sanitaire, 460 milliards d’euros ont déjà été débloqués pour soutenir l’économie sur le long terme. Avec son plan de deux ans, le gouvernement espère éviter le pire. En 2020, le PIB devrait se contracter de 11 %, et les suppressions d’emplois attendues s’élèvent à quelque 800 000 postes. Le Premier ministre, lui, « espère que le plan de relance en 2021 créera 160 000 emplois ». Pour cela, le comité de pilotage, présidé par Jean Castex lui-même vérifiera l’allocation des fonds. Autour de trois priorités donc.
Écologie, entreprises et cohésion sociale
Il semble qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ont entendu les appels des ONG, des think tanks, de la Caisse des dépôts ou encore de la Convention citoyenne pour le climat : la priorité doit être donnée à la cause environnementale. Sur les 100 milliards d’euros consacrés au plan de relance, 30 milliards le seront à la transition écologique. Le volet « prioritaire » est ainsi, paradoxalement, celui qui bénéficiera de l’enveloppe la moins importante. Au menu : réduction des émissions de CO2 dans les transports, rénovation énergétique des logements et évolution vers une agriculture plus durable.
En détail : 11 milliards d’euros pour la modernisation des transports, dont 4,7 milliards pour la SNCF, 1,2 milliard pour les mobilités quotidiennes et le reste pour les transports en commun, 9 milliards d’euros seront voués à la transition énergétique des entreprises, dont 2 milliards pour les recherches portant sur l’hydrogène « vert », 7 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments, publics et privés, des logements sociaux, des entreprises, ainsi que des Ehpad et des hôpitaux, dans le cadre du Ségur de la santé, 1,2 milliard d’euros pour l’agriculture et le développement des circuits courts, 300 millions d’euros pour la rénovation des réseaux d’eau.
Deuxième grand volet du plan France relance : le soutien aux entreprises (que nous détaillons ici). Sur l’enveloppe de 35 milliards d’euros prévue pour la compétitivité des entreprises, 20 milliards d’euros concernent la baisse des impôts de production et des impôts fonciers pour les entreprises, dont 42 % d’ETI et 26 % de PME. En outre, 3 milliards sont consacrés aux fonds propres des entreprises et viseront à mobiliser le secteur bancaire. Sans oublier 1 milliard d’euros pour le développement industriel des territoires, 11 milliards pour le Programme d’investissements d’avenir (PIA) et 385 millions pour la transition numérique des TPE et PME.
Enfin, le volet cohésion sociale et territoriale disposera également de 35 milliards d’euros. Déjà établi cet été, le plan pour l’emploi des jeunes (aide de 4 000 euros pour embauche d’un jeune de moins de 26 ans pour trois mois minimum, prime pour embauche en alternance, contrats d’insertion…) disposera de 6,5 milliards d’euros. L’enjeu du chômage, sera, lui, traité à l’aide d’un « bouclier anti-chômage » qui englobe l’activité partielle de longue durée et le dispositif du Fonds national pour l’emploi. Côté collectivités, 5,2 milliards d’euros soutiendront leurs investissements, pendant que 6 milliards d’euros alimenteront l’investissement des hôpitaux.
En somme, vaste programme d’investissement que ce plan France relance. Le 2 septembre, Bruno Le Maire lançait : « C’est le temps de la dépense publique ! » Un investissement de l’État qui va inévitablement peser sur la dette publique, qui devrait rester supérieure à 120 % du PIB jusqu’en 2025.
Adam Belghiti Alaoui