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Parmi les 100 milliards d’euros de relance, 7 milliards s’orienteront vers la filière numérique. Dont presque 4 milliards aux start-up.
Plan de relance, qu’en pensent les start-up ? Yves Benchimol, PDG de WeWard, une application qui récompense en argent votre nombre de pas réalisés, revient sur les aides dont ont pu bénéficier les start-up durant et post-crise. Mais aussi le rôle à jouer de nos jeunes pousses pour accélérer le redressement de la France et ainsi rayonner à l’international. Car oui, chaque crise se révèle « vecteur d’innovations ».
Comment les start-up ont affronté cette crise ? J’imagine qu’elles n’ont pas eu d’autres choix que de se diriger vers les aides de l’État, comme le PGE ou le recours au chômage partiel ?
On a assisté à diverses étapes pendant la crise. D’abord, le moment où le confinement a été annoncé, de nombreuses start-up et notamment la nôtre se sont retrouvées dans une situation difficile. Notre application, WeWard, incite les gens à marcher, donc à sortir, le confinement prônait l’inverse. Ensuite, je crois que la mesure la plus impressionnante qui a été mise en place par l’État a été le chômage partiel. Ce dispositif a vraiment soulagé les start-up : pouvoir conserver l’emploi et continuer à payer les salarié.es.
Sur les prêts garantis par l’État , les PGE, il s’agit avant tout d’un… prêt. Il faudra bien rembourser. Mais j’apprécie la réactivité du gouvernement et la rapidité avec laquelle le PGE a été développé. Je pense aussi qu’il était judicieux de conserver 10 % du risque supporté par les banques, pour qu’elles continuent à faire leur métier de financement et analyser les dossiers. Pour mieux sélectionner et éviter les potentiels non-remboursements.
Si l’on se penche sur le plan de relance : parmi ces 100 milliards d’euros, 7 milliards pour la filière numérique, dont environ 4 milliards qui seront orientés vers les start-up ? Suffisant ?
Le soutien de l’État se révèle omniprésent, les aides de Bpifrance vont augmenter de 60 % les douze prochains mois. Un appui qui s’opérera via trois mécanismes : les subventions, l’investissement et les prêts. L’objectif ne se réduit pas à sauver les entreprises, à les faire vivre, mais impulser des projets de long terme et très ambitieux.
Bien sûr, on ignore encore combien d’entreprises vont en bénéficier, mais ce plan a satisfait les attentes des start-up. Après, concrètement, on attend de voir ce qui arrivera sur les comptes bancaires, car on se trouve encore dans l’étape de l’annonce. Sans parler de chiffres, j’ai beaucoup discuté avec d’autres start-up, à l’étranger aussi, et ce que l’on voit en France, avec le plan de relance et le chômage partiel, il me semble que l’on n’a pas encore trouvé cet équivalent de soutien ailleurs.
Le redressement de la France passe-t-il vraiment par les start-up ?
On a l’opportunité en France d’être leader sur certains marchés, je pense par exemple à l’intelligence artificielle. Ce plan de relance, c’est l’occasion de prendre un coup d’avance. Pas uniquement de solidifier les acquis ou éviter les licenciements. La relance servira à innover, investir et ainsi créer des leaders mondiaux dans des domaines comme l’IA ou l’écologie. Pour cela, le gouvernement doit poursuivre son coup de pouce aux entreprises françaises dans leurs démarches à l’international. Pour, pourquoi pas, construire des entreprises de la taille des GAFA, c’est possible.
Quels enseignements tirer de cette crise ? Êtes-vous optimiste face à l’avenir ?
La crise apparaît vecteur d’innovations. Regardez, l’usage des téléphones a explosé, la manière dont on communique a évolué, nous nous trouvons dans une période idéale pour innover et tester. Il faut savoir que les gens demeurent très volatiles dans leurs habitudes de consommation, il faut tenter et tester. On a gagné plusieurs mois, voire plusieurs années, sur le plan du développement des nouvelles technologies ou du e-commerce. Aujourd’hui, c’est le meilleur moment pour lancer une start-up : du financement à disposition et un marché de l’emploi très ouvert. Puisque des esprits brillants se présentent sur le marché du travail, des jeunes talents ou bien des gens plus expérimenté.es qui ont été licencié.es des grandes entreprises durant la crise. De quoi être optimiste donc.
Propos recueillis par Geoffrey Wetzel