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« Quel geste barrière peut-on bien adopter lorsque l’on éternue dans son masque au milieu de la foule en poireautant à la caisse d’un supermarché ? »
Ne nous masquons pas la réalité : rester confiné.e derrière un masque, c’est la punition du moment. L’immense majorité des Français.es s’y résignent, même s’il va de soi qu’entre un port dans les règles et un port à-la-va-comme-je-te-mouche, la prophylaxie en prend un coup. Nous portons mal un masque contaminé/contaminant, je l’ai déjà écrit ici. Nous sommes mal testé.es, un nombre grandissant de scientifiques et de médecins le dénoncent, je me répète. Et nous jetons des alarmes au vu de cette reprise épidémique que personne ne veut nommer deuxième vague mais qui y ressemble chaque jour un peu plus. En étau entre un Conseil scientifique alarmiste mais qui trébuche sur la méthode des tests et l’autre nécessité vitale de relancer l’activité, le gouvernement lâche la doctrine de la primauté de la santé sur l’économie. Soudain prié.es de se dépatouiller en compagnie des préfets, les maire.esses tâtent le terrain et interdisent au petit malheur la chance. À Beauvais, la maire annule les fééries de… Noël à venir, mais pas le marché associé ni le Téléthon ni le « sapin mort ». À chacun ses bonnes œuvres…
En juillet, un confrère spécialiste que je connais bien et qui publie chaque mois sa Griffe Santé a écrit un édito qui reste vrai en septembre. Il y décrit l’impuissance d’un pays à se servir à bon escient de masques et de tests. Je trouve son constat très représentatif de ce que nous vivons tous.tes. Je lui cède le clavier. OM
“Les judicieuses incitations des autorités de santé à tenter de se faire dépister dans un centre idoine dès lors que la moindre goutte au nez peut nous faire penser à la covid-19 ont été suivies d’effet.
À tel point d’ailleurs que les longues files d’attente devant les laboratoires d’analyse biologique en mesure de prélever un peu de substance au fond de nos fosses nasales ont des petits airs de gymnase du temps où Roselyne Bachelot occupait le ministère de la culture, celle de la souche H1N1.
La relative insouciance qui a suivi le déconfinement a fait long feu. Retour des experts-Nostradamus sur les plateaux TV et des philosophes de la nature humaine sur les pas-de-porte [« les gens » sont un sujet de discussion inépuisable].
Le grand come-back du masque, plébiscité par la foule de ceux qui ne le portaient plus après l’avoir réclamé à cor et à cri, fait quand même quelques malheureux.
Les porteurs de lunettes qui circulent tout verres embués entre les rayons frais des magasins sont les premières victimes de l’obligation prophylactique et l’on reconnaît d’emblée ceux qui ont assidûment fréquenté les forums Internet où les « bonnes » astuces fourmillent pour vaincre le brouillard oculaire.
Les allergiques sont aussi au nombre des victimes. L’été n’a rien pour eux d’une délivrance et les pollens de graminées ont succédé sans confinement à ceux des arbres, avec les mêmes effets. Ça chatouille, ça grattouille et, hélas, ça expectore aussi.
Quel geste barrière peut-on bien adopter lorsque l’on éternue dans son masque au milieu de la foule en poireautant à la caisse d’un supermarché ?
Covid-19 ou rhume des foins, pas facile de faire percevoir la différence autour de soi.
Pour ne rien arranger, les espoirs que portaient certains dans l’efficacité des antihistaminiques pour terrasser aussi bien le coronavirus que la rhinite allergique ont été déçus. Pas plus efficaces que l’hydroxychloroquine raillent ceux qui sont surtout allergiques au professeur Raoult.
En combattant l’effet des pollens, ils permettent quand même de préserver leur intégrité aux masques et ainsi de contribuer à la prévention de la covid. On se console comme on peut.”
Jacques Draussin