Temps de lecture constaté 2’30
Entre 2016 et 2018, 36 % des personnes handicapées entre 15 et 64 ans occupaient un emploi.
Encore aujourd’hui, les stéréotypes ont la vie dure. Encore aujourd’hui, les personnes reconnues handicapées peinent – plus que les autres – à accéder à un emploi. Une étude de la Dares publiée le 30 septembre revient sur les spécificités des professions exercées par les personnes handicapées. Un panel de métiers beaucoup plus réduit, des emplois en moyenne moins qualifiés… S’insérer sur le marché du travail relève du parcours du combattant. Analyse.
Un air de discrimination ? Entre 2016 et 2018, la Dares a révélé que les personnes reconnues handicapées se retrouvaient moins bien loties que les autres sur le front de l’emploi. Sur cette période, 36 % des handicapé·es âgé·es entre 15 et 64 ans occupaient un emploi… contre 65 % des autres personnes de cette tranche d’âge. Leur taux de chômage s’affiche deux fois plus élevé. Difficile de parler d’un écart structurel tant un gouffre sépare les deux catégories de population. Un phénomène qui ne pourra évoluer si nous ne changeons pas notre perception du handicap : celle qui assimile régulièrement personne handicapée et fauteuil roulant. Illogique, puisque Jean-Sébastien Morvan, psychologue clinicien, a montré que seulement 3 % des personnes en situation de handicap ont recours au fauteuil roulant.
Des professions bien plus réduites
Non seulement l’accès au marché du travail demeure inégal, mais même lorsque les personnes handicapées parviennent à s’y faire une place, elles n’occupent pas les mêmes professions. Une situation caractérisée d’abord par un manque criant d’hétérogénéité : « Les 20 professions les plus répandues représentent 37 % de l’emploi des personnes reconnues handicapées, contre seulement 25 % de l’emploi sans reconnaissance », constate la Dares entre 2016 et 2018. Secteurs publics ou privés, des écarts entre handicapé·es et non handicapé·es s’observent.
Ainsi, dans le secteur public, les personnes handicapées se montrent surreprésentées au sein des postes d’employé·es : 44% exercent les fonctions d’employé·es civil·es ou agent·es de service de la fonction publique. Pas plus glorifiant dans le privé où seulement 6 % des handicapé·es occupent un poste de cadre. Soit environ dix points de moins que les actif·ives sans reconnaissance d’un handicap.
Des critères qui tentent de l’expliquer…
La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) s’est penchée sur les marqueurs distinctifs des deux populations : personnes reconnues comme handicapées et celles sans reconnaissance. Primo, les personnes en emploi et en situation de handicap demeurent plus âgées, environ trois sur quatre ont au moins 40 ans. Idem côté diplômes, les handicapé·es qui occupent un emploi détiennent en moyenne un niveau de diplôme plus faible que les autres : seul·es 40 % ont au moins obtenu un baccalauréat ou un brevet professionnel (contre 62 % pour les gens en emploi non handicapés). Enfin, elles résident moins souvent en Île-de-France, région pourvoyeuse d’opportunités.
Des critères qui viennent expliquer une partie de cette dissimilarité professionnelle, mais une partie seulement : « Ce profil très spécifique de la population reconnue handicapée explique pour partie seulement la dissimilarité socioprofessionnelle des emplois qu’elle occupe, qu’il s’agisse de leur sous-représentation ou surreprésentation de certaines catégories socioprofessionnelles », explique-t-on à la Dares. Autrement dit, demeure une part non expliquée dès lors que l’on neutralise les caractéristiques d’âge, de localisation géographique, de niveau de formation etc. Regrettable puisqu’il y a quelques semaines, nous montrions grâce à des données établies entre 2012 et 2016 par l’Agefiph (l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) que les entreprises qui ont fourni des efforts d’inclusion de personnes handicapées dans leur circuit de production n’ont pas vu leur niveau de productivité affaibli. GW.