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L’Ademe confirme les gains du télétravail pour l’environnement. Avec quelques retenues.
Télétravail, encore et toujours. Jamais nous n’avions prononcé son nom aussi souvent, d’autant plus que nous avons atteint – notamment à Paris – le stade rouge écarlate « d’alerte maximale ». Dans un tel contexte, Élisabeth Borne, ministre du Travail, prône plus que jamais le télétravail. Mais ce labeur à domicile n’a-t-il que des avantages pour l’environnement ? Une étude de l’Agence de la Transition écologique (Ademe), publiée fin septembre vient mettre en lumière les effets rebond induits par le télétravail.
Le télétravail fait débat. Il y a celles et ceux qui le défendent, les autres qui voient en lui une déperdition du lien social. En complément de notre décryptage « télétravail » accessible dans le prochain numéro d’ÉcoRéseau Business (en kiosques le 8 octobre), l’Ademe a axé son analyse sur les bienfaits du télétravail sur l’environnement… ainsi que ses effets négatifs. Car oui, ils existent, sans pour autant annuler complètement le gain environnemental. Retour sur le tandem avantages-inconvénients orchestré par le télétravail.
Un gain indéniable pour l’environnement
Au premier chef, une réduction des trajets domicile-travail. Exit les déplacements pour aller au bureau, bienvenue aux quelques pas vers son salon, sa cuisine ou son bureau personnel pour les plus chanceux·euses. L’étude de l’Ademe souligne que cette réduction génère un « bénéfice environnemental moyen de 271 kilogrammes équivalent carbone (kgeqCO2) annuels, par jour de télétravail hebdomadaire ». Une enquête qui porte sur 26 organisations françaises et plus de 350 000 salarié·es.
Autre bénéfice du travail chez soi : l’émergence du flex-office, soit l’absence de bureau attitré, a enclenché une diminution des consommations énergétiques associées au sein de l’entreprise, les coûts liés à l’espace de travail comme le chauffage qui pourraient être réduits si l’entreprise généralisait le télétravail. Une baisse aussi en termes de consommable : papiers, encre, fournitures, vidéoprojecteurs, etc. Enfin, le télétravail aboutirait à une réduction du gaspillage alimentaire et à une fréquentation plus régulière des commerces de proximité, « 43 % contre 27 % pour les non-télétravailleurs·euses », rappelle l’étude.
Quelques effets boomerang
Des effets rebond parfois rognés via d’autres paramètres comme l’utilisation abusive de la visioconférence. Et pour cause, la consommation d’énergie et la sollicitation de serveurs nécessaires aux services de visioconférence génèrent en moyenne des émissions de l’ordre de 2,6 kg eqCO2/an, pour un jour de télétravail hebdomadaire. Une minute de visioconférence émet 1 g de CO2 », estime l’Agence de la Transition écologique. D’un autre côté, cette virtualisation des relations professionnelles, soit la généralisation des réunions ou conférences virtuelles, limiterait les déplacements professionnels, parfois de longue distance.
En parallèle, là où, auparavant, nombre de parents allaient déposer leurs enfants à l’école, en voiture, avant d’aller au bureau, emmener les enfants à l’école ne s’arrêtera pas, même en télétravail. De quoi même déboucher sur des déplacements plus courts, une journée de télétravail faciliterait les petits déplacements dans la journée : micro-shopping ou transporter un proche. Enfin, pas impossible que le télétravail encourage beaucoup de salarié·es à s’éloigner des grandes métropoles pour aller vivre en province ou à la campagne. Afin d’y trouver un meilleur cadre de vie. Or, ce sont précisément ces zones qui se révèlent les moins desservies par les transports, d’où un recours forcé à la voiture individuelle et des trajets plus longs.
Malgré tous ces inconvénients, l’Ademe ne remet en aucun cas en cause les bienfaits du télétravail sur l’environnement, les bénéfices restent « significatifs et justifient l’encouragement du développement du télétravail », conclut l’étude. Vers un ancrage à long terme ? GW.