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ÉcoRéseau Business paraît le 13 octobre.
Vous le trouverez dans le kiosque voisin ou le commanderez en ligne. Nous l’avons intitulé Vive la crise ? avec un point d’interrogation. Il s’impose : optimistes comme nous voulons l’être, nous avons cherché à qui profite l’épidémie car il existe toujours des opportunités à chaque sursaut de l’économie. Honnêtement, nous n’avons pas trouvé de chef·fe d’entreprise ravi·e en train de surfer sur un créneau d’affaires porté par la récession (p. 22). Malgré tout, de reconversions rapides en filières porteuses, nous avons déniché ces « réactifs », ces « bébés covid », entreprises nées en pleine pandémie ou qui ont su adapter leur activité au contexte sanitaire. Sans oublier quelques nouveaux « métiers » qui ont émergé, directement inspirés du Sars-CoV-2 : contact tracers, temperature takers, workplace redesigners ou covid-19 testers. Inutile de traduire : les traqueurs de virus ne chôment pas qui testent et mesurent, avec l’espoir que ces fonctions n’auront guère de pérennité dans un état d’épidémie chronique à bas bruit. On attend en tout cas les masques supportables et les écrans invisibles « à port permanent » qu’un auteur de BD de SF pourrait imaginer, l’industrie suivra.
Au lieu de demander à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et de la Relance, de nous décortiquer les milliards de son plan (p. 20), nous avons préféré l’entraîner sur le positif de la France qui réagit. Et nous n’avons pas été déçus ! Le général en chef de l’armée Macron-Castex nous renvoie un discours de combat hérissé d’exclamations de victoire, ce qui, au fond, fait du bien. Après tout, dès lors que les gouvernements naguère arc-boutés sur les 3 % de déficit de leurs budgets empruntent sans se soucier du chiffre balayé de Maastricht, acceptons l’augure enthousiaste du ministre, propos politiquement indispensables sans doute, mais après tout plus combatifs que la fameuse tirade churchillienne, « Je n’ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur », il est vrai dans un contexte de pandémie nazie.
Des larmes et de la sueur, ne soyons pas des optimistes béat·es, nos entreprises les connaîtront, avec elles les victimes collatérales du virus, des millions de chômeur·ses face à un marché de l’emploi languide. Pourtant, il existe dans ce pays une énergie, le goût de la revanche et une certaine « révolte » qui laisse espérer que les indemnités du chômage ne seront pas le paravent passif du retour de flamme. Des milliers de nouveaux télétravailleur·euses sont en train de créer une activité provisoire ou pérenne qui font bouger les lignes du travail du xixe siècle, du capital, un·e patron·ne et des salarié·es. De quoi, peut-être, titrer un jour prochain Vive la crise avec un point d’exclamation !
Olivier Magnan