Couple franco-allemand, divine idylle

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Depuis le début de l’année, 90 % des entreprises allemandes installées en France ont vu leur chiffre d’affaires diminuer.

C’est le couple inséparable de l’Union européenne. Difficile de penser la situation économique française sans aller voir ce qu’il se passe outre-Rhin. Et inversement. Sans doute aussi ce tandem franco-allemand rend-il possible le vaste plan de relance de l’UE…  Les entreprises allemandes installées en France, elles, que pensent-elles de leur pays hôte ? Une étude a été menée par le cabinet EY et la chambre franco-allemande de commerce et d’industrie auprès d’une centaine d’entreprises allemandes présentes dans l’hexagone. En voilà les principaux enseignements.

2 500 entreprises détenues par des investisseurs allemands en France. Soit plus de 320 000 personnes employées. L’empreinte de notre voisin allemand reste bien ancrée sur notre sol : en 2019, l’Allemagne figure à la deuxième place des pays les plus investisseurs dans notre pays après… les États-Unis. Bien entendu, depuis le début de la crise sanitaire, de l’eau a coulé sous les ponts. Mais avant : « La situation de la France était positive, malgré les gilets jaunes et les grèves. C’est un pays dans lequel les entreprises allemandes n’avaient jamais autant investi », précise Charlotte Jansen, directrice associée en charge des flux commerciaux internationaux chez EY.

En pleine crise, changement de perception ?
Le syndrome Sars-CoV-2 a-t-il redistribué les cartes ? Les Allemand·es ont-ils·elles revu leur opinion plutôt positive de cette France frappée par la crise ? Pas sûr. Certes, le diagnostic économique des entreprises allemandes installées en France n’a rien de réjouissant : environ  90 % d’entre elles ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires depuis le début de l’année. Rien d’étonnant en réalité. Pour près de la moitié de ces entreprises, le recul de l’activité a été particulièrement violent, plus de 20 %. De quoi se poser des questions pour ces dirigeant·es allemand·es qui ont voulu tenter l’aventure en France.

Et pourtant, à l’instar de tous·toutes les patron·nes depuis le début de la crise, qui ont fait preuve d’un moral d’acier, les Allemand·es n’ont pas échappé à la règle puisqu’ils·elles gardent leur optimisme. C’est pourquoi l’étude révèle qu’« un tiers des entreprises allemandes présentes en France ne prévoient pas de baisser les embauches et à peu près autant n’ont pas l’intention de réduire leurs investissements. Il y a donc un socle d’entreprises allemandes, environ un tiers, qui sont optimistes dans l’économie française et dans leurs opérations », explique Charlotte Jansen. Les entreprises allemandes ont même « été surprises, en bien, par la rapidité de réaction de l’Etat français » pour secourir les entreprises les plus touchées par la pandémie.

Quelques retenues
Même si les entreprises allemandes gardent une image positive de la France en termes d’attractivité économique, la reprise se fera réellement en 2022 selon elles et non 2021, davantage perçue comme une phase de transition. Subsistent quelques manques. Bien sûr, écartons l’éternelle question des prélèvements : trop lourds ! Et la crise n’a rien à y voir. Autre obstacle, plus nouveau, pointé du doigt par les dirigeant·es allemand·es, la rareté de personnel qualifié dans certains métiers. Et notamment les plus manuels.

« Malgré les progrès de l’apprentissage ces dernières années, les investisseurs déplorent un manque de main-d’œuvre motivée et qualifiée dans les métiers plus manuels. Les salarié·es les ont souvent choisis par dépit, sans réelle motivation. Ce qui influe sur la productivité et, en temps de crise, sur l’absentéisme », peut-on lire dans le rapport. On tatillonne, mais globalement, les entreprises allemandes confirment l’idylle franco-allemande. GW.

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