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Près d’un quart des ménages français ont vu leur situation financière se dégrader entre le début et la fin du confinement.
Le confinement laissera des traces pour un grand nombre de ménages français. À en croire une étude de l’Insee publiée mercredi 14 octobre, nombre de ménages ont déclaré avoir subi une dégradation de leur situation financière entre le début et la fin du confinement. Pour rappel, le gouvernement avait assigné les Français·es à résidence entre le 17 mars et le 11 mai 2020. Or, malgré les dispositifs d’activité partielle ou le recours massif au télétravail, près d’un quart des ménages français ont affirmé – en mai – que leur situation financière s’était détériorée. Analyse.
Oui, il y eut le dispositif d’activité partielle mis en place par le gouvernement. Oui, le télétravail a fortement été recommandé et pratiqué. Mais, pour un bon nombre de ménages – un quart plus précisément –, leur situation financière au lendemain du confinement s’est dégradée. Seuls 2 % des ménages français estiment que leur état financier s’est amélioré entre le début et la fin du confinement. Dégradation certes, mais inégale. Car oui, la situation financière des Français·es s’est détériorée d’autant plus pour les ménages les plus pauvres. Là où le décile* le plus modeste constatait à 35 % une situation financière affaiblie, c’était deux fois moins le cas pour les 10 % de ménages les plus aisés. D’autres critères entrent aussi en ligne de compte.
Les ménages avec enfants encore plus touchés
Parmi les ménages qui ont subi une dégradation de leur situation financière, presque 1 sur 10 avance qu’il ne peut « pas s’en sortir sans s’endetter », révèle l’étude de l’Insee. Des difficultés fortement inégales selon le type de ménage. Notamment les ménages avec enfants, beaucoup plus souvent frappés par les conséquences financières du confinement. Environ 33 % d’entre eux estiment que leur situation financière s’est abaissée, contre 18 % pour les ménages sans enfant.
Une des raisons principales : la fermeture des établissements scolaires qui aurait « contraint les parents à assurer la garde et le suivi scolaire des enfants, ce qui a pu les obliger à restreindre leur temps de travail », révèle l’institut. Et pour cause, à la suite de la fermeture des écoles, les droits aux arrêts de travail ont explosé.
Des inégalités liées à la catégorie socio-professionnelle
Chanceux·euses celles et ceux qui ont pu bénéficier du télétravail ! Pour ces dernier·ères, ils·elles se retrouvent bien moins nombreux·euses à déclarer une dégradation de leur situation financière après le confinement. Or, qui a le plus « télétravaillé » ? Les cadres bien sûr. D’après l’enquête de l’Insee, « 80 % des cadres en activité en mai ont eu recours au moins partiellement au télétravail, contre 35 % des employé·es et seulement 6 % des ouvrier·ères. »
L’âge, lui aussi, a produit une forte influence sur l’emploi de certaines catégories. Les jeunes, devenu·es « génération covid », ont particulièrement pâti des mesures de confinement : « Ainsi, 9 % des personnes en emploi avant le confinement âgées de 15 à 24 ans ont perdu leur emploi contre moins de 2 % des actif·ives de 40 à 65 ans », précise l’enquête. Dans chaque crise, toujours les mêmes qui trinquent ? GW
- Chacune des 9 valeurs qui divisent un jeu de données, triées selon une relation d’ordre, en 10 parts égales, de sorte que chaque partie représente 1/10 de l’échantillon de population.