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La relance de la France s’opère conjointement par l’État… et les régions.
Place à la revanche des régions ? Le 28 septembre, le Premier ministre Jean Castex s’était entouré à Matignon de l’ensemble des président·es de régions pour conclure un acte de partenariat en vue de relancer la France. Une relance qui sera donc pilotée conjointement par l’État et les régions. Longtemps réclamée par les territoires, la mesure a fait office de soulagement pour les président·es des collectivités : « Un vrai retour à la confiance politique entre le gouvernement et les régions », se réjouit Muselier (Provence-Alpes-Côte d’Azur), « c’est vrai qu’il y a un tournant dans la relation État-régions avec l’arrivée de Castex », avance Pécresse (Île-de-France). Alors pour chaque région, place à la relance. À sa relance…
La relance de la France passera avant tout par ses régions. Qui ont rarement eu l’occasion d’avoir la mainmise – du moins une partie – sur la façon dont elles entendent rebondir. Chaque collectivité a dressé les grandes lignes de ce qui doit être prioritaire : emploi et préférence régionale en Auvergne-Rhône-Alpes, accélération de l’investissement en Bourgogne-Franche-Comté ou environnement pour l’Île-de-France. Tour d’horizon des chantiers à venir.
Pour le Grand Est et les Pays de la Loire, épauler les PME
Pour les Pays de la Loire, prime la volonté de sauver à tout prix les PME. D’ailleurs, la région n’a pas attendu le plan de relance pour venir en aide à ses entreprises puisque dès le mois d’avril, un fonds territorial baptisé Résilience offrait aux PME un total de 32 millions d’euros répartis sur le territoire et accessibles sous la forme d’avances remboursables. Désormais, en plus de son budget annuel, le conseil régional a voté en faveur d’une enveloppe d’environ 320 millions d’euros supplémentaires. Un pécule qui viendra en priorité en aide aux PME les plus en difficulté : « Le risque est que les entreprises n’innovent plus ou stoppent leurs investissements », avance Christelle Morançais, présidente LR des Pays de la Loire. À côté, un budget de 100 millions d’euros sur dix ans sera consacré à la filière hydrogène.
Même combat dans le Grand Est, région dans laquelle un fonds Résistance avait vu le jour en pleine crise sanitaire. Des discussions se déroulent actuellement en lien avec le monde bancaire pour aboutir à un dispositif régional d’investissement au capital des PME et des ETI en fonds propres ou quasi fonds propres. Un dispositif à hauteur d’environ 500 millions d’euros. La région met aussi l’accent sur la relocalisation des chaînes de production, une des priorités du gouvernement pour la relance, « dix secteurs à fort potentiel de relocalisation défensive et offensive » devront être identifiés. La relocalisation, un cheval de bataille, donc, pour le président LR du Grand Est, Jean Rottner.
Une Île-de-France verte
C’est la priorité des années à venir pour la région présidée par Valérie Pécresse. La reconstruction écologique bénéficiera « d’un euro sur deux du budget ». Dix milliards d’euros devraient être consacrés à l’environnement sur la période 2020-2024. Pour un territoire plus vert, la région a déjà annoncé la création d’un cinquième parc régional en Seine-et-Marne et une aide de 2 500 euros pour les particuliers qui se convertissent au véhicule électrique. Sans oublier aussi 640 millions d’euros d’aides aux entreprises dont 500 millions à destination des PME et TPE. Notamment via des prêts à taux zéro.
La région Bourgogne-Franche-Comté, elle, n’a qu’un mot à l’ordre du jour : investir encore et encore. D’autant plus envisageable que les élu·es de la région ont voté début octobre un plan d’accélération de l’investissement régional de 435 millions d’euros.
L’Occitanie au secours de l’aéronautique
Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, souhaite d’abord agir parmi les filières les plus touchées. Multiples plans d’actions se sont succédé : aéronautique (100 millions d’euros), tourisme (12 millions d’euros) et viticulture (7 millions d’euros). Car l’aéronautique qui constitue sans doute l’un des poumons du territoire, a vu son activité chuter de 40 % cette année. D’où l’urgence d’éviter les faillites. Le tourisme aussi, environ 100 000 emplois, un fonds l’Occal de 80 millions d’euros a été créé pour aider le commerce, l’artisanat et le tourisme à s’adapter à la crise sanitaire.
Enfin, Laurent Wauquiez (LR) n’a pas fait dans la dentelle pour la région Auvergne-Rhône-Alpes. En juin, il annonçait déjà un plan d’un milliard d’euros et espère « un effet de levier de trois milliards sur trois ans ». La relance passera avant tout par le BTP et la commande publique (443 millions d’euros). Mais Laurent Wauquiez veut aussi préserver et relocaliser entre 50 000 et 100 000 emplois, et assume ce qu’il appelle « la préférence régionale et le patriotisme industriel ». Les régions ont démarré leur relance avec un peu plus d’autonomie qu’à l’accoutumée… et on ne va pas s’en plaindre ! GW.