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Un Astérix réédité et la Gaule revit.
Il est paru hier, mercredi, et c’est un événement, comme à chaque parution : un nouvel Astérix. Nouveau ? pas vraiment. Alors que toute la Gaule est occupée par un virus et une zizanie, Le Menhir d’or est une réédition. Il apparut en 1967 sous la forme d’un livre-disque. L’ouvrage sonore, perle de collectionneurs que Cléopâtre aurait pu faire fondre dans son vinaigre, est depuis introuvable. C’est d’autant plus un collectorix qu’il fut bel et bien écrit et dessiné par les génies que furent René Goscinny, disparu en 1977, et Albert Uderzo, mort en mars, en pleine covid. Les éditions Albert-René, orphelines de leurs créateurs, ont eu l’idée de le redessiner entièrement en album. Comme l’explique le directeur général éditeur, Céleste Surugue (qui est bien un Gaulois, n’en déplaise à son prénom), « nous avons retrouvé ce trésor qui avait eu un beau succès à l’époque, et qui est inconnu ou mal connu des jeunes générations. Et il a fallu un travail de restauration, puisque nous n’avions pas les dessins originaux » (pris en charge par Conrad et Ferri, les continuateurs de l’œuvre éternelle).
Le Menhir d’or, c’est le trophée de chant que veut décrocher Assurancetourix, guidé et protégé par le meilleur guerrier du village et son copain.
Enfin un petit événement d’édition qui ne parle ni de coronavirus, ni d’élection américaine, ni de terrorisme. Le genre de pépite qui va gonfler le CA des libraires et réconcilier tous les villages de France et d’Armorique le temps d’une soirée en famille confinée à 21 heures. Quand Astérix, à n’en pas douter, va se vacciner à la potion magique pour casser quelques Romains insensibles au talent du barde, toute la France va se sentir imbattable, assurée tout risque contre l’épidémie du dehors et les tours de chant privés de concerts nocturnes.
Un 38e album tiré à 100 000 exemplaires, un sourire, un éclat de rire dans la morosité, l’exploit renouvelé, posthume, des deux antidéprime, relayés par l’autre tandem Conrad et Ferri, ceux-là mêmes qui, en 2017, dans Astérix et la Transitalique, avaient campé un aurige tricheur nommé… Coronavirus.
Tant qu’un village gaulois résistera à tous les envahisseurs, maladie, terrorisme ou néonicotinoïdes, les Français.es banquetteront, couvre-feu ou pas.
Olivier Magnan