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Après une reprise épidémique exponentielle, l’impact des nouvelles mesures restrictives sur le tissu productif et les entreprises paraît inévitable.
Le confinement du printemps avait déjà sonné un coup d’arrêt violent pour l’activité et l’économie française, le retour aux grandes restrictions à coup de mesures sanitaires qui se succèdent peut laisser craindre le pire. Si le risque sanitaire est à nouveau omniprésent, au gré d’une progression totalement incontrôlée des contaminations, on s’accorde au moins sur un point : outre la lutte contre le virus, l’enjeu du durcissement des mesures réside bien dans le maintien de l’activité des entreprises.
« Le risque d’effondrement de l’économie », voilà ce que prédit Geoffroy Roux de Bézieux, numéro un du Medef, en cas de reconfinement et de nouveaux freins sur l’activité et la production des entreprises. Voilà plusieurs semaines, depuis le retour d’une dynamique épidémique alarmante et exponentielle, que le gouvernement cherche la bonne stratégie, la bonne communication, aligne ses aides circonstanciées aux entreprises. Mais la crainte demeure : qu’adviendra-t-il en cas de nouvelles fermetures forcées, d’incapacité pour les entreprises de maintenir leur cap ? Le plan de relance de 100 milliards d’euros du gouvernement, qui doit commencer sa course en 2021, n’y fera rien dans l’immédiat. À l’instant T, le gouvernement met l’accent sur ses mesures d’urgences, déployées depuis le premier trimestre (renforcement du fonds de solidarité, reports de charges, activité partielle et plus récemment dispositif pour la réduction des loyers des entreprises).
Dans les rangs des représentants du patronat et de l’entrepreneuriat, même son de cloche : il faut absolument faire en sorte de maintenir les entreprises à flot. On le sait, le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron ne sera pas éternel, et une nouvelle vague de faillites aggraverait d’autant plus la courbe du chômage.
Difficile équilibre
D’un côté la sécurité sanitaire, de l’autre la survie économique des entreprises. Le gouvernement ne peut pas choisir de sacrifier l’un au péril définitif de l’autre, mais l’un – la sécurité sanitaire évidemment – veut épargner des dizaines de milliers de morts en France et ne saurait être négligé, au profit d’enjeux économiques moins « vitaux ». Et pour cause, les voyants sont rouge écarlate. Au soir du mardi 27 octobre, la moitié des lits de réanimation était occupés par des malades de la covid et 33 000 nouveaux cas avaient été détectés en 24 heures. La réponse gouvernementale est donc contrainte d’évoluer, à toute vitesse. Un confinement le week-end était évoqué depuis plusieurs jours, on devrait se diriger vers un reconfinement tout court. Les entreprises sont prévenues.
Selon Laurent Menurot, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), « nous sommes bien conscients de la nécessité de prendre des mesures pour lutter contre la pandémie, mais nous demandons que le gouvernement maintienne le plus possible l’activité des entreprises ». Le défi est là, ne pas décourager les entreprises ni les salarié·es. Dans la lignée de ses mesures de soutien aux entreprises qui, tantôt précèdent les mesures restrictives et tantôt leur succèdent, le gouvernement a annoncé aux partenaires sociaux le maintien du dispositif d’activité partielle jusqu’à la fin de l’année. Une source de léger réconfort pour les entreprises, qui voient ainsi la baisse de la prise en charge par l’État et l’Unédic (association qui gère l’assurance chômage) des allocations d’activité partielle de droit commun (APDC) être reportée au 31 décembre. Elle était prévue au 1er novembre. Concrètement, les entreprises verront leur reste à charge maintenu à hauteur de 15 %, contre les 40 % prévus dès novembre. Idem pour le·la salarié·e, qui touchera toujours 70 % de son salaire brut (84 % de son net), au lieu de 60 % (72 % du net). Les sociétés qui subissent des fermetures administratives ou qui sont les plus touchées par la crise bénéficieront toujours d’un remboursement intégral, aussi bien cas d’activité partiels de droit commun que de longue durée, et ce au moins jusqu’au 31 décembre. Sur l’ensemble de l’année 2020, Bercy a budgété 31 milliards d’euros pour la facture cumulée pour l’État et l’Unédic du chômage partiel. Pour 2021, le projet de loi de Finances en a prévu 7,6 milliards d’euros…
Adam Belghiti Alaoui