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Plutôt que d’autoriser les petits commerces à rester ouverts, le gouvernement a préféré restreindre les produits en vente dans la grande distribution.
Après plusieurs jours d’imbroglio autour des produits autorisés ou non à la vente durant le nouveau confinement et de polémiques entre petits commerces contraints à la fermeture et grandes enseignes autorisées à rester ouvertes, le gouvernement offre plus de précisions. La liste des produits de première nécessité autorisés à la vente en grandes surfaces a été dévoilée le mardi 3 novembre. En revanche, toujours pas d’opportunité de continuité et de réouverture pour les commerces de proximité.
Face aux critiques, en provenance notamment des petit·es commerçant·es et indépendant·es et de leurs représentants (CPME, U2P), le gouvernement a choisi une concession au nom de « l’équité ». Les commerces de proximité criaient à l’injustice à la suite de leur fermeture forcée, il sera désormais interdit aux grandes surfaces de vendre « les produits qui ne peuvent être vendus par les magasins de proximité contraints de fermer », comme l’a annoncé le Premier ministre ce dimanche. Et ce à compter du 3 novembre. Pas une si bonne nouvelle pour les petits commerces « non essentiels » donc, toujours contraints à la fermeture. Malgré la fronde grandissante des commerçant·es, le gouvernement tient son cap : « Ce n’est certainement pas le moment de revenir sur les mesures annoncées, c’est beaucoup trop tôt », selon Jean Castex. Reste encore à définir ce qu’est un « produit essentiel ».
Liste et restrictions
On passe de « produits essentiels » ces derniers jours à « produits de première nécessité ». De sorte à respecter le cap donné par Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie : « Ce qui restera ouvert dans les grandes surfaces, c’est ce qui peut rester ouvert pour les petits commerces ». Concrètement, les grandes surfaces pourront donc continuer d’accueillir du public pour vendre : produits alimentaires, produits de toilette, d’hygiène et d’entretien, produits de puériculture, journaux et papeterie, matériaux de construction, de bureautique et quincaillerie. En revanche, elles ne pourront plus vendre : livres et DVD, jouets, vêtements, décorations et arts de la table, électroménager, meubles, bijoux et maquillage. La définition des produits de première nécessité n’est décidément pas une science exacte. Le décret, paru au Journal officiel, précise que ces règles s’appliquent à tous les « centres commerciaux, supermarchés, magasins multicommerces, hypermarchés et les autres magasins de vente d’une surface de plus de 400 m² ». En outre, les enseignes seront soumises à une jauge d’accueil, ce qui veut dire que chaque client·e dispose d’une surface de 4m². La capacité maximale d’accueil doit être affichée et visible depuis l’extérieur du magasin.
Le choix de « l’équité »
Le gouvernement l’assume, il préfère fermer les rayons non essentiels des grandes surfaces, au nom de l’équité et de la sécurité sanitaire, plutôt que de permettre aux petits commerces de rouvrir. Pour eux, donc, pas d’éclaircie à l’horizon. Seule précision du décret : les activités à domicile restent autorisées, à condition qu’elles le soient également en établissement recevant du public : pas de coiffure à domicile.
Pour ne pas couler et maintenir à flot leur activité, les petit·es commerçant·es doivent être inventif·ves. À l’image des librairies de quartier, qui développent le click & collect grâce auquel les client·es achètent un article en ligne puis viennent le récupérer sur place, la numérisation de l’activité et de la vente semble à nouveau être une solution de choix. E-commerce, vente à distance, livraison de commande, autant de solutions de continuité de l’activité, notamment recensées et présentées par les Chambres de commerce et d’industrie (CCI). La CCI d’Île-de-France propose ainsi un tour d’horizon des multiples solutions pour les petits commerces et les indépendant·es, à retrouver ici.
Pour soulager les commerces de proximité, la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) propose notamment que les préfet·es soient autorisé·es d’ouvrir des commerces dans les villes où le virus circulerait moins ou d’instaurer un système de rendez-vous avec les client·es. Un fonctionnement au cas par cas jusqu’à présent refusé en bloc par le gouvernement.
Adam Belghiti Alaoui