La France et le Moyen-Orient entretiennent une relation longue et complexe.
Et pourtant, il n’existait pas de club d’affaires à Paris où rencontrer les acteurs de la zone. Global Diwan, lancé juste avant le confinement en mars, vient combler ce manque.
Éric Schell est le fondateur de Global Diwan. Ce passionné d’Orient qui a consacré une partie de sa carrière aux collectivités locales avant de lancer, en 2000, son cabinet de lobbying à Bruxelles, a fondé LexisNexis The MENA business law review (MENA, appellation du FMI, désigne le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et regroupe le Maghreb, les pays arabes – Israël en est exclu car rattaché, selon la nomenclature du FMI, à l’Europe). Il s’agit désormais de la principale maison d’édition juridique de la zone MENA. En découle la création du Paris MENA Legal club, dont l’objectif est d’établir la « rule of law » entre le droit anglo-américain et le droit continental. Et pour cause, les deux types se rencontrent dans la zone.
« On s’est alors rendu compte qu’il n’existait pas à Paris de club, d’endroit de rencontre pour les pays de la zone MENA, alors que la France est l’une des portes d’entrée historiques de la zone, explique Éric Schell. C’est ainsi qu’a germé l’idée de fonder le Global Diwan. » Heureux choix ! Le diwan, un mot d’origine orientale (on le retrouve à la fois dans la culture arabe et dans la culture perse), est « le lieu où l’on se rencontre pour parler et prendre des décisions importantes », continue Éric Schell. Qu’à l’origine, à la manière du Moyen-Orient, de telles rencontres impliquaient la confortable installation des protagonistes de ces réunions sur des sortes de « divans » moelleux explique l’origine de notre « divan » !
Il s’agit bien d’un club d’affaires
Le Global Diwan inclut dans sa zone d’influence et d’échange, en plus des pays classiquement regroupés sous l’application MENA, la Turquie et l’Iran. « La vision du club s’est concentrée sur les trois principales économies européennes, en amenant la France, l’Angleterre et l’Allemagne à la table, décrit Éric Schell. Le Global Diwan n’est pas un club français, mais européen. Si échanger avec les deux Amériques ou l’Asie du Sud-Est, ou la Chine, n’est pas exclu, ce n’est pas non plus la priorité. Le Global Diwan répond également au désir d’en faire plus sur cet espace euro-méditerranéen, et, en poussant un peu, vers l’Afrique et le sous-continent indien. »
Global Diwan a été officiellement créé trois jours avant le début du confinement en France. Mais il n’est pas resté inactif, entre l’activation de divers réseaux, l’organisation de webinaires, par exemple sur les fonds souverains des pays du Golfe, ou sur la Turquie… Le directoire compte déjà des membres de divers pays de la zone MENA, dont le Koweït et Oman, qui présentent la particularité de pouvoir discuter avec tous les pays de la zone, de par leur position neutre. Le Global Diwan est bel et bien un club d’affaires, et non un think tank au sens classique. « À la différence d’autres clubs, les rencontres ne se font pas à l’occasion de grands dîners assis, mais plutôt lors d’apéritifs plus informels, dans l’esprit diwan, explique Éric Schell. Nous allons également organiser des voyages d’étude de 3 ou 4 jours, avec notamment des rencontres d’entrepreneurs au programme, par exemple au Koweït, au Liban, en Égypte, en Irak… »
Réseaux et grandes écoles
La publication d’une newsletter, mensuelle, aide les adhérents à appréhender les marchés, leurs problématiques, leurs opportunités… Le club a lancé un programme, Diwan Young Leaders, il accompagne des jeunes, porteurs de projets et d’ambitions, vers les trois capitales européennes, pour identifier les nouvelles technologies, trouver des partenaires, des financements, des associés… « 60 % de la population du monde arabe ont moins de 25 ans, ce qui représente un fort potentiel de développement pour la zone », souligne Karima Anbar, qui dirige le programme, forte de son expérience de huit années au ministère des Affaires étrangères (elle est également directrice de la fondation Intisar, qui apporte un soutien psychologique aux femmes victimes de la guerre dans le monde arabe). « Les jeunes talents sont là. Et nous pouvons également aider des entreprises françaises à la recherche de ces jeunes talents à trouver la perle rare. Pour les identifier, nous avons conclu un partenariat avec le ministère des Affaires étrangères, un autre avec HEC Qatar (un véritable hub régional pour la formation), un partenariat avec l’ENA dans le cadre de sa masterclass Leadership… Et nous faisons jouer nos propres réseaux locaux », détaille Karima Anbar.
En pratique, il existe deux modes d’adhésion au club, l’une pour les parrains, l’autre pour les membres. Et si, pour l’instant – pandémie oblige – les événements restent principalement virtuels, à terme, « l’un des objectifs du club est de mettre sur pied un lieu physique permanent, une sorte de maison du Diwan à Paris », projette Éric Schell. L’aventure du Global Diwan ne fait que commencer.
Jean-Marie Benoist