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Cette année, le PIB mondial progresserait de 4 %, rapporte la Banque mondiale.
Une reprise – au mieux – très timide en 2021. Sans doute peu réjouissant mais c’est ce qui ressort des dernières estimations de la Banque mondiale, publiées mardi 5 janvier. Cette année, l’institution basée à Washington s’attend à une progression du PIB mondial de l’ordre de 4 %. Avec son lot de disparités selon les régions du monde. En parallèle, la Banque mondiale dévoile ses inquiétudes, comme celle d’une lutte contre la réduction de la pauvreté qui volera en éclats dans les prochaines années. Bilan chiffré.
Après une chute drastique de l’activité économique en 2020, la reprise sera longue. Pour rappel, le PIB planétaire a subi une baisse de 4,3 % l’an passé, il devrait rebondir de 4 % en 2021… selon un scénario médian. Car en cas d’énième vague de contaminations ou de retard accumulé dans la campagne de vaccination à l’échelle mondiale, la croissance pourrait plafonner à… 1,6 % en 2021 ! En bref, la richesse mondiale produite sera inférieure de 4 700 milliards de dollars à ce qu’elle aurait dû être d’après les projections d’avant la pandémie. 4 700 milliards de dollars ? Environ deux fois le PIB annuel de la France…
Des spécificités selon les pays
Si l’on s’en tient aux dernières prévisions de la Banque mondiale, la zone euro connaîtrait une croissance de 3,6 % en 2021 après une année noire (-7,4 %). C’est un poil mieux que les États-Unis, pays dans lequel le PIB progresserait de 3,5 %, pays aussi qui reste encore aujourd’hui le plus endeuillé par la pandémie (plus de 350 000 décès). Au regard des chiffres, les pays émergents s’en sortiraient un peu mieux. Trompe l’œil ? Car si leur production de richesses augmenterait de 4,6 % en 2021, la performance repose presque essentiellement sur l’ovni chinois et sa croissance prévue à presque 8 % cette année. Si l’on enlève la Chine de ces pays émergents, les prévisions se retrouvent bien plus timorées : + 3,5 % seulement…
L’Afrique, de son côté, a connu en 2020 sa première récession depuis plus de 20 ans. Une zone habituée entre 2000 et 2019 à une croissance moyenne annuelle de 4 %. Cette année, l’Afrique verrait son PIB progresser de 2,7 %, une reprise fragile et inégale selon les pays : « Les prévisions d’une croissance atone en Afrique subsaharienne en 2021 sont dues à la persistance de l’épidémie de covid-19 dans plusieurs pays, qui fait obstacle à la reprise de l’activité économique », peut-on lire dans les prévisions de la Banque mondiale. Mais, « la reprise devrait être légèrement plus rapide – bien qu’inférieure aux moyennes historiques – dans les pays exportateurs de produits agricoles. Le niveau élevé des cours mondiaux des denrées agricoles stimulera probablement l’activité », prévoit l’institution.
Des inquiétudes demeurent
On marche sur le fil du rasoir : « Alors que l’économie mondiale semble s’orienter vers une reprise timide, les décideur·ses sont confronté·es à des défis redoutables – qu’il s’agisse de la santé publique, la gestion de l’endettement, des politiques budgétaires, de l’action des banques centrales ou des réformes structurelles – pour faire en sorte que cette dynamique toujours fragile se confirme et jette les bases d’une croissance solide », a déclaré David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale. L’inquiétude se porte avant tout sur l’investissement, qui serait insuffisant en 2021 car entravé par le poids de la dette, notamment dans les pays en développement.
Point noir encore, la Banque mondiale estime que la pandémie affaiblira pour la décennie à venir les efforts en matière de lutte contre la réduction de la pauvreté dans le monde. Le rapport évoque aussi la perspective d’une décennie perdue pour un certain nombre de pays émergents en termes de hausse de revenu par habitant·e. Un indicateur qui a baissé en 2020 pour près de… neuf pays émergents et en développement sur dix ! Encore une fois, ces prévisions restent dépendantes de l’évolution de la situation sanitaire dans le monde, à prendre avec des pincettes donc. GW.