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GAFAM, gaffe aux BATHX !
David Fayon, Télécom ParisTech + PhD, IAE de Paris, Université Paris VI, ENSPTT, est actuellement le responsable du programme Time To Test à La Poste pour l’innovation ouverte avec des start-up et PME innovantes. Docteur en sciences de gestion de Télécom ParisTech et de l’université de Paris Saclay, il fait porter ses travaux sur la transformation numérique du secteur bancaire.
Il nous livre son analyse personnelle des avancées technologiques dans le monde entier, avec ce souffle critique de l’observateur au quotidien.
Depuis 2009, voici l’exercice de recul sur l’année numérique écoulée avec projection sur l’année qui commence.
Cette année 2020 a accéléré la transformation numérique sous l’un de ses aspects, le télétravail, soudain imposé et développé avec le confinement subi (du reste, c’est webinaire qui a été élu mot numérique de l’année). Le retour dans les entreprises, une fois la pandémie passée, laissera une part plus importante du temps passé en télétravail, duquel naissent déjà des tâches différentes et complémentaires entre celles accomplies à distance et sur site(s). Une redistribution des cartes s’opérera entre employeur et employé, avec une évolution du management et des changements de modèle économique : des mètres carrés de bureaux économisés, des commerces de proximité près des lieux de travail qui vont devoir s’adapter ou fermer, également un bureau et une ergonomie du poste de travail à domicile à rechercher avec, peut-être, l’aide financière de l’employeur. Pas toujours simple lorsque l’on est à l’étroit dans les grandes villes au mètre carré cher, quand le réseau passe mal à « la campagne ». Le tsunami covid va entraîner un bouleversement des choix d’habitation, de la politique des infrastructures dans le cadre d’une fracture numérique subie à 4 étages : infrastructure (avec la couverture réseau où le grand écart pourrait s’opérer entre l’absence de Wi-Fi et la 5G), équipement (PC, smartphone, logiciels), usages, formation.
[pyramide de Maslow étendue avec 2 niveaux préliminaires, en sous-sol]
BRÈVE RÉTROSPECTIVE
DES MOMENTS FORTS DE 2020
Pour l’élection du mot numérique 2020, webinaire devance souveraineté numérique et deepfake (hypertrucage), phénomène qui a explosé notamment aux États-Unis. L’avènement de la souveraineté numérique n’est guère une surprise. J’écrivais dans un précédent billet : « Les trois caractéristiques recherchées par de nombreux consommateurs pour les fruits et légumes – le local, le bio et le « de saison » – se déclinent côté numérique. Dans ce cas, il s’agit de la souveraineté avec des outils made in France (ou Europe), la prise en compte des données personnelles et l’optimisation de la consommation énergétique du matériel, enfin l’utilisation des fonctions des applications selon les besoins à l’instant donné sans en passer par une kyrielle de fonctions non à propos. »
Nous constatons que la souveraineté numérique est de plus en plus prise en compte dans les orientations politiques, plutôt en Europe avec les interventions du commissaire européen Thierry Breton. On la rencontre rechercher dans le cloud et les données, mais aussi dans le matériel et le logiciel que l’on ne veut pas dépendant des États-Unis, demain également de la Chine. Les confinements ont relevé l’extrême dépendance aux outils américains largement utilisés (Zoom qui présentait des failles de sécurité a vu son nombre d’utilisateurs passer de 10 millions en décembre 2019 à 200 en mars 2020), Teams de Microsoft, tant par les entreprises pour le télétravail que pour l’enseignement à distance) même si des solutions françaises existent.
Préférence des marchés publics européens pour la souveraineté numérique reconquise
Une fois le grand public alerté, il reste à matérialiser les offres. Des initiatives d’acteurs du numérique comme IT50Plus ou PlayFrance. digital, fort d’un collectif de 200 entrepreneurs, pionniers et décideurs du numérique français, ont été créés en 2020. Le collectif plaide pour une commande des marchés publics auprès des acteurs européens à hauteur de 50 % au moins dont 25 % pour les PME. Le numérique n’est pas/plus un gadget, mais la clé de voûte de toute politique économique, laquelle doit s’accompagner d’une plus grande efficacité et simplification de l’appareil étatique (on le constate avec la crise de la covid, depuis la pénurie de masques jusqu’à la lente vaccination préjudiciable pour tous). On l’a vu également avec les débats pour l’hébergement des données de santé avec le Health Data Hub.
Le projet GAIA-X, initiative franco-allemande pour un cloud européen, qui est une première concrétisation de la souveraineté numérique européenne, a été lancé le 4 juin 2020 avec 22 entreprises de secteurs économiques divers au départ. Google, Microsoft, Amazon et même Palentir ont rejoint le projet, qui ressemble de plus en plus à un catalogue de l’offre mondiale cloud centré sur les services et l’IA. Aujourd’hui, plus de 180 entreprises font partie du projet qui dépasse l’Europe.
Google a développé Meet comme solution de visioconférence. Microsoft a rapidement rajouté la fonction « main levée » pour poser une question dans Teams (une réponse à Zoom). Tout comme pour les acteurs des réseaux sociaux, les acteurs du numérique se marquent fonctionnellement à la culotte.
Le nombre d’internautes a franchi le cap des 5 milliards en fin d’année (sur 7,8 milliards de citoyens dans le monde)
Facebook a lancé la version bêta d’Horizon qui mêle jeu, réseau social, plate-forme de création. Il évoque un peu Fortnite et Second Life tout en offrant une expérience de réalité virtuelle poussée. Facebook Horizon pourrait devenir le premier métavers (monde virtuel) et l’outil leader chez les moins de 25 ans.
Du côté des rachats, toujours spectaculaires, SalesForce a créé la surprise en s’emparant de la plate-forme collaborative Slack pour 27,7 milliards de dollars (!) en décembre. TikTok, pour la partie non destinée aux marchés asiatiques, a été racheté après plusieurs péripéties par le leader des bases de données Oracle après un refus de l’offre de rachat de la part de Microsoft.
Les GAFAM ont toujours faim mais ont été raisonnables cette année comparativement à d’autres acteurs de la tech. Google a fait son marché paisiblement avec, dans sa musette en 2020, Looker pour 2,6 milliards de dollars, Pointy, AppSheet et Neverware. Amazon a racheté Zoox, start-up de développement de véhicules autonomes et Wondery côté podcast pour peser face à Spotify qui est suédois malgré son nom (le service a été pensé mondial dès le départ). Facebook a acquis Giphy et ses animations d’Instagram pour 300 millions de dollars, Kustomer pour renforcer son service client et Lemnis Technologies pour la réalité virtuelle. Microsoft s’est employé à contrôler Zenimax pour les studios de jeux vidéos (à raison de 7,5 milliards de dollars) ou CyberX pour les solutions de sécurité de l’Internet des objets. Apple a acquis la start-up de réalité virtuelle Spaces, Camerai dans la réalité augmentée ainsi que Mobeewave pour améliorer le paiement sur smartphone. Il s’agit pour eux de réduire le temps de commercialisation d’un service avec, selon les cas, soit des développements en interne de leurs équipes de R&D soit des rachats opportunistes.
L’Europe en retrait
Côté microprocesseurs, l’acquisition pharaonique a été celle d’ARM par Nvidia en septembre pour 40 milliards de dollars. L’accord serait suspendu en raison de tensions avec la filiale chinoise. Pour mémoire, ARM, acteur britannique, a produit 22,8 milliards de puces à architecture de type RISC en 2019. AMD, de son côté, a acquis Xylinx pour 35 milliards de dollars en octobre afin de se renforcer dans les data centers. Intel a mis la main sur Cnvrg.io, start-up israélienne côté IA et Moovit pour se muscler côté véhicule autonome après le rachat de Mobileye. Les acteurs des puces avec Nvidia, Intel et AMD penchent plus que jamais du côté américain avec leur siège dans la Silicon Valley. Il s’agit d’une concentration du marché. Comme si l’Europe jouait deux divisions en dessous. Aussi le rachat de Mappy par la RATP en novembre paraît à côté anecdotique.
Dans un autre registre, Boston Dynamics, société de robots humanoïdes très aboutis et qui, en 2017, appartenait à Google, a vu 80 % de ses parts acquises par le constructeur automobile sud-coréen Hyundai.
La guerre numérique à trois aura bien lieu : États-Unis, Chine et reste du monde !
Alors que l’on parle d’éventuels démantèlements des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) qui en restent au stade de velléités ou de vœux pieux, la Chine numérique s’est davantage éveillée. TikTok a été l’objet d’âpres discussions auxquelles s’est mêlé le candidat Donald Trump. La crise qui s’est traduite par un recul de 12 % du PIB en France en 2020 n’a, pour sa part, pas causé de dommages aux GAFAM qui ont poursuivi leur croissance tant dans leur moyenne des performances en Bourse qu’à travers leurs chiffres d’affaires et leurs bénéfices. Amazon a procédé à 140 000 recrutements depuis la crise de la covid, des salariés pour l’essentiel en télétravail pour de longues durées, le tout sans acrobaties financières. C’est ça aussi, réussir sa transformation numérique, une préparation de l’avenir avec des marges de manœuvre.
La régulation des GAFAM fait rage y compris, fait nouveau, au sein de l’administration américaine. Mais le gouvernement chinois ne fera pas de même à l’encontre de ses BATHX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi). Alors que l’administration américaine avait démantelé jadis la Standard Oil côté pétrochimie et AT&T dispersé en compagnies régionales côté opérateurs télécoms.
Le tsunami chinois est en marche, même si ce sont les Huawei (2e fabricant de smartphone, intercalé entre Samsung et Apple), Alibaba et TikTok qui sont le plus visibles en occident pour l’heure.
Depuis le 24 octobre, nous n’avons plus de nouvelle de Jack Ma. Officiellement, le multimilliardaire chinois aurait passé le relais de la direction du géant Alibaba qu’il a créé, au prétexte de « se consacrer à d’autres activités ». Or Ma avait émis des critiques à l’égard du gouvernement chinois : ses « nouvelles activités » auraient-elles la prison d’État pour cadre ?
États-Unis contre Chine, des stratégies de géants
Les chocs frontaux entre États-Unis et Chine, à coups de lobbying et de course à l’innovation vont s’intensifier. Le combat entre ces deux blocs est abordé sur une vidéo de la chaîne YouTube avec Anthony Poncier et moi-même, en prolongement du livre cosigné, Web 2.0 15 ans déjà et après ? 7 pistes pour réenchanter Internet paru en mars 2020. Les États-Unis s’inscrivent davantage dans une politique de rachats massifs alors que la Chine, dans un fonctionnement plus opaque de premier abord, déploie une puissance de frappe redoutable.
Ces tensions sont porteuses de risques de balkanisation du Web lui-même, de « splinternet » (split + Internet) pour les blocs qui ont atteint la taille critique (Chine, Russie, Inde). De quoi leur assurer de jouer double jeu, via Internet et hors Internet, avec leurs propres outils. Les GAFAM ont été sanctionnés par des amendes (de 100 et 35 millions d’euros en France de la part de la Cnil à l’encontre, respectivement, de Google et d’Amazon) pour usage de cookies abusifs sur leurs sites, avec un délai pour mettre en conformité les sites. On ne badine pas avec la Cnil, même si ces grosses amendes pour la France restent « absorbables » pour les GAFAM par rapport à leurs bénéfices.
[chiffres en milliards de dollars]
En France sous covid et 5G
Les débats ont été vifs en France à propos de la 5G avec ses partisans et ses détracteurs. Il s’agit d’une opportunité de développements de nouveaux services dans l’industrie avec deux plages de fréquence. L’une est proche de l’actuel spectre de la 4G et n’occasionne pas de dégâts. Nous sommes souvent, pour des raisons non scientifiques, un peu trop dans le principe de précaution alors que les États-Unis voient l’expérimentation par essais et erreurs puis corrections éventuelles. Le choix pour les Français·es est simple, innover ou décliner.
Les libertés individuelles ont été mises à mal avec la loi Avia du 24 juin 2020 qui, sous couvert de la lutte contre la haine en ligne, constitue une entrave à la liberté d’expression. Elle a heureusement vu son contenu remis en cause par le Conseil constitutionnel.
L’App StopCovid (désormais TousAntiCvid), mal née, reposait sur une solution américaine pour les données sensibles que sont celles de santé. Elle risquait à terme de constituer un moyen de surveillance. Il suffirait de troquer la technologie Bluetooth par une autre capable d’un suivi pour que cette app se transforme en mouchard – un peu comme un échange de moteur ! Dans une tribune publiée le 25 avril dans Le Monde, Antonio Casilli, Paul-Olivier Dehaye et Jean-Baptiste Soufron soulèvent l’inquiétude du croisement possible des données collectées par StopCovid, même anonymisées, avec d’autres sources. L’app a finalement été remplacée par TousAntiCovid qui a dépassé les 12 millions de téléchargements (en deçà du nombre de téléchargements des applications allemandes et britanniques), dopé par la production de justificatifs de déplacement, qui n’était pas une finalité prévue à l’origine mais qui est devenue l’utilisation première de l’app. En 2021, il est à parier que l’application s’enrichisse d’une fonction pour la prise de rendez-vous pour se faire vacciner pour augmenter son attrait !
Avec nos vélos, les masques et la cybersurveillance, nous copions la Chine… Pas forcément en bonne part.
Où sont nos licornes ?
À cause de la covid, le plafond des paiements sans contact par carte bancaire a été relevé de 30 à 50 euros, ce qui est une bonne initiative du ministre de l’Économie. L’usage des cartes s’est vu multiplié.
Free, pionnier de la box et qui avait été rattrapé par Orange, a lancé sa nouvelle Freebox Pop le 7 juillet lors d’un événement retransmis en direct avec Xavier Niel – qui reprend au passage les codes de démo de Steve Jobs et d’Elon Musk.
Dans le cadre du plan de relance de la France 2020-2022, il a été prévu que 7 milliards d’euros soient investis dans la tech d’ici à 2022 (3,7 milliards pour le développement des start-up, 2,3 milliards pour accélérer la transition numérique des entreprises, de l’État et des territoires, 500 millions pour garantir à tous un meilleur accès au numérique, 300 millions pour la formation aux métiers du numérique).
C’est encourageant et louable, même si la lutte contre la fracture numérique est très faiblement prise en compte. En France, une personne sur six est victime d’illectronisme. Et si nous aboutissons à 25 licornes en 2025 en France, et si chacune emploie 1 000 personnes en moyenne, on n’aboutit qu’à 25 000 emplois, ce qui est très faible par rapport aux 2,1 millions d’allocataires du RSA en fin d’année et aux 3,3 millions de chômeurs – selon Pôle Emploi pour la catégorie A.
La transformation numérique de la France ne doit pas faire oublier la désindustrialisation de notre pays depuis les années 1980, le déclin de notre agriculture, le faible nombre d’ETI (2 fois moins qu’en Italie et 3 fois moins qu’en Allemagne). Et surtout la nécessaire simplification du millefeuille administratif. Lequel comprend de trop nombreux niveaux hiérarchiques diamétralement opposés à la platitude d’une start-up, 1 300 instances et comités qui paralysent les forces vives du pays et font peser une pression fiscale grandissante et insupportable tant sur les entreprises que sur les ménages. Plutôt que de parler de « start-up nation » qui est le qualificatif d’Israël, vivier à start-up, Jean-Michel Billaut, l’ex-M. haut débit français, désormais veilleur depuis son périscope des Yvelines, parle de « Cerfa nation »…
Des TPE/PME en quête de sites
Face à l’omnipotence d’Amazon, nous avons assisté à un « Amazon bashing » sans pour autant proposer des solutions. Or le ticket d’entrée pour vendre en ligne n’est pas donné pour les TPE. En janvier 2021, les TPE/PME fermées pendant la crise recevront une aide directe de 500 euros pour créer leur site Internet (https://www.legislations.fr/aide-de-letat/) ! Pour autant, lancer un site ne s’improvise pas et constitue un élément de transformation numérique globale. Elle suppose un budget initial mais aussi récurrent : il convient d’être bien référencé par les moteurs de recherche, Google en particulier, de lancer des opérations pour constituer une clientèle ou faire basculer une partie de ladite clientèle du monde physique en ligne, etc. Le commerce local en ligne représente une potentialité de développement intéressante en particulier dans les grandes villes.
QUELQUES TENDANCES DE FOND POUR 2021
Nous allons connaître une plus grande part de télétravail post-covid. C’est le tour des TPE/PME de se pencher sur leur transformation numérique. Or une petite structure sur deux n’a pas de site Web, pas de stratégie ou de présence sur les réseaux sociaux. Il existe par conséquent un potentiel énorme de développement.
En matière de communication numérique, les marques vont davantage s’approprier les sujets de société dans leur communication amplifiée par les réseaux sociaux. Les médias hybrides qui surfent sur l’ère du temps (Brut, MediAvenir, Loopsider) vont continuer à se voir fortement visualisés sur les réseaux sociaux, les passerelles pour les transmissions d’un message d’un réseau social vers un autre seront plus fortes, la vidéo courte (de moins d’une minute avec TikTok) sera davantage prisée.
Intelligence augmentée
Nous avons vu que la modération algorithmique de la part des plates-formes généraient des erreurs, des faux positifs, etc. La recherche pour les années à venir portera sur l’intelligence augmentée qui constituera un bon mix entre intelligence artificielle et intelligence humaine. Laquelle revient à un retraitement de 2e niveau comme il existe avec les centres d’appels : le chatbot (ou voicebot) constitue le 1er niveau (l’IA) avant que l’humain, dans un processus d’escalade et pour les demandes complexes ou après un premier filtrage, ne prenne le relais.
Nous assisterons à un développement du low-code [« Peu de code » ou « Peu de programmation ». Avec une programmation de type low-code, on a très peu recours à une programmation classique et manuelle. Le travail se fait plutôt à partir d’une interface graphique sur laquelle on va utiliser des blocs visuels qui ont été préprogrammés] par les DSI pour optimiser les coûts. Cette facilité du développement pose la question de leur existence vis-à-vis des autres directions de l’entreprise, comme le marketing et le développement du « shadow IT » dans les grandes structures qui sont des calculs gagnants sur le court terme pour se montrer plus proche et réactif côté utilisateurs, mais qui risque de poser des problèmes de complexité, de maintenance et d’évolutivité sur le long terme. Une nouvelle gouvernance de la donnée sera à rechercher dans les entreprises pour que la transformation numérique soit cohérente.
Tendance greenIT et évolution de la blockchain
Le greenIT et la sobriété numérique seront des tendances fortes car les ressources abiotiques [l’action du non-vivant sur le vivant] sont comptées et non renouvelables et parce que les enjeux liés au réchauffement climatique sont structurants. Il conviendra de lutter davantage contre l’obsolescence programmée des matériels en allongeant leur durée de vie. La pollution intervient surtout dans les phases de production et de fin de vie où le recyclage des composants n’est pas fait ou mal fait. Le greenIT va favoriser un plus grand développement d’une informatique en local (edge computing) aux dépens du cloud.
La blockchain qui avait le vent en poupe va marquer une pause. On est un peu dans la pente des désillusions de l’hype cycle du Gartner. La non-rectification des données dans la blockchain entre par exemple en conflit avec le RGPD [Règlement général de la protection des données] car le droit de suppression n’est pas applicable. Mais les obstacles techniques et écologiques seront levés à terme et les développements de la blockchain repartiront de plus belle.
L’Internet des objets
Après les critiques qu’a essuyées Facebook avec son projet de cryptomonnaie Libra, une fois la fièvre retombée, il a suffi de la rebaptiser en 2020 Diem pour assurer son lancement en début d’année 2021.
Pour l’Internet des objets, l’innovation va se poursuivre avec sérendipité. On peut signaler que pour la consultation à distance, on sait tout faire avec les capteurs sauf la palpation, le toucher. La consumérisation des capteurs est une tendance forte. Dans le domaine de l’e-santé, où la 5G sera nécessaire pour les opérations de téléchirurgie, nous aurons besoin d’une très forte bande passante et d’un temps de latence très faible. L’Internet des objets projette une kyrielle d’applications, comme la localisation par satellites des conteneurs en mer ou la caisse à outils connectée : par exemple, un technicien ou un ouvrier ne sera pas autorisé à sortir de l’enceinte d’une centrale nucléaire s’il a oublié un… outil.
Enfin, la réglementation va s’amplifier en Europe avec les deux volets Digital Services Act (DSA) et Digital Market Act (DMA), dévoilés le 15 décembre 2020 par les commissaires européens Margrethe Vestager et Thierry Breton. Ils demanderont aux GAFAM des adaptations.
Bonne année 2021 à toutes et à tous et à votre écoute sur les médias sociaux et IRL.
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