« En France, les jeunes ne sont pas suffisamment accompagnés dans leur orientation », estime Lionel Goncalves, co-fondateur de Premier Cap

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La crise covid rend l’orientation de nos jeunes encore plus périlleuse… qu’elle ne l’est déjà en temps normal.

Lionel Goncalves, co-fondateur de Premier Cap

Lionel Goncalves est co-fondateur de la plateforme Premier Cap, une start-up française qui propose d’accompagner jeunes et parents dans la construction d’un projet d’études en passant par une plate-forme 100 % en ligne. Son point de vue sur l’orientation en France, les inquiétudes des parents et leurs enfants, l’impact de la crise sanitaire… Entretien.

Pourquoi avoir co-fondé cette plate-forme Premier Cap ? Quel regard portez-vous sur l’orientation scolaire en France ?
S’il y a bien un domaine où la technologie m’apparaît encore trop peu présente, c’est l’orientation scolaire ! Le développement récent de la visio a aussi montré qu’il fallait repenser la manière dont on appréhende l’orientation scolaire. La crise a d’ailleurs entraîné l’annulation des salons et portes ouvertes en présentiel. Les jeunes s’en remettent alors aux conseils des proches ainsi qu’à Internet, mais se retrouvent très vite noyés dans la masse d’informations qui s’offrent à eux : plus de 42 000 formations proposées en France en 2019 ! Nous voulons les aider à y voir plus clair.

Le système scolaire reste complexe en France, les jeunes ne sont pas suffisamment accompagnés dans leur orientation, qui a été en grande partie déléguée aux professeur·es principaux·ales, déjà chargé·es de l’éducation des élèves. À côté de ça, vous avez parfois un·e conseiller·ère d’orientation pour un établissement de… 900 élèves ! Sans compter que certain·es jonglent entre plusieurs structures. Difficile de produire un bilan personnalisé dans ces conditions.

Quelles inquiétudes reviennent le plus souvent chez les jeunes et leurs parents ?
En réalité, je crois que les parents se montrent encore plus inquiets ! Du moins dans un premier temps. Ils essaient d’anticiper l’orientation de leurs enfants, mènent les recherches par eux·elles-mêmes et n’hésitent pas à challenger leur fils·fille pour qu’il·elle s’implique rapidement. Les parents planchent beaucoup sur le taux d’employabilité pour identifier la « bonne » formation. Côté jeunes, ils et elles ont tendance à se faire moins de soucis. Mais, dès que les échéances approchent et qu’ils·elles doivent formuler leurs vœux sur Parcoursup, la pression monte. Pour la plupart, ils·elles ne savent pas vraiment ce qu’ils·elles ont envie de faire. Certains parents opèreront des choix par défaut, d’autres suivront les ami·es pour se rassurer. Globalement, parents et enfants adoptent une vision trop court-termiste des études, à doses de « tu passes ton bac » ou « quelles études je veux faire ? » Or les études ne sont pas une fin en soi, mais un moyen pour accéder à un métier.

En outre, la concurrence est devenue considérable. Pas mal de jeunes aujourd’hui arrivent très diplômé·es, ont suivi des formations solides. Ajoutez la mondialisation des étudiant·es, détenir un bac + 5 est devenu banal, le grade de Master ne permet plus de se distinguer. Les « à-côtés », l’expérience et les centres d’intérêt sont tout aussi importants.

Les jeunes ont-ils revu leurs choix d’orientation en raison de la crise covid ?

Clairement. Ce qui a notamment été bousculé, c’est la distance. Certains imaginaient partir faire leurs études à l’étranger, ils et elles miseront davantage sur la proximité. On a observé un sursaut d’intérêt aussi sur les professions liées au secteur médical, dopées par la crise sanitaire. Enfin, ce que nous vivons a aussi eu un impact sur le coût envisagé des études. Les jeunes qui songeaient à des études payantes, onéreuses, reporteront – pour certain·es – leurs choix et commenceront une formation plus abordable.

Propos recueillis par Geoffrey Wetzel

 

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