Un ancien président lourdement condamné ?

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Avouons-le, on s’en fout.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Nicolas Sarkozy ressort innocent du tribunal qui vient de prononcer à son encontre une peine de trois ans de prison, dont un an ferme. C’est du moins ce que veut rappeler son avocate, Jacqueline Laffont, qui insiste sur l’idée que « l’accusation est réduite à néant »… par l’appel. Elle aurait tant aimé qu’elle le soit au nom de ses arguments !

C’est donc un ancien président de la République innocent dont les épaules s’affaissent sous l’énoncé du jugement prononcé par des magistrats indépendants, en raison d’un « faisceau d’indices graves, précis et concordants résultant des liens très étroits d’amitié noués entre les protagonistes ». Son avocat, interlocuteur de Paul Bismuth, est lui aussi lourdement condamné : Thierry Herzog est reconnu coupable de corruption active et de violation du secret professionnel, condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, assortis de cinq ans d’interdiction d’exercer la profession d’avocat. Qu’importe, cette condamnation est bien sûr « réduite à néant »… par l’appel.

Complot ? Jugement à charge ? Arguments de la défense ignorés ? Magistrats en cause ? Acharnement de la justice ?

On s’en fout.

Dans les jours à venir, et avant le deuxième procès qui l’attend dans le cadre de l’affaire Bygmalion, les JT et les chaînes d’info en continu vont trouver dans l’épisode du premier ex-président à être condamné à des peines aussi lourdes une matière nouvelle, une distraction de l’épidémie.

Mais le seul procès qui compte, c’est celui des menaces de peines de mort qui pèsent sur des milliers de gens… innocents (et pas même présumés tels). Le procès à ne pas perdre.

On ne s’en fout pas.

Que les coupables paient, que les innocents soient relaxés en appel. La politique et ses démonstrations d’innocence et de dévouement ne devraient pas tant faire le procès de la justice « qui passe ». La politique n’est jamais innocente, par essence.

Il y aura bien assez de « prévenu·es » dans les années à venir qui auront à répondre de leurs insuffisances face au fléau de la pandémie mondiale. Un ex-président corrompu ou pas n’est pas d’actualité.

Olivier Magnan

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