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La région du Nord fait face à un afflux de patient·es record depuis le début de l’épidémie
Les départements des Hauts-de-France font partie des 16 territoires soumis au troisième « confinement », et ce n’est pas pour rien. Depuis plusieurs jours, la tension monte dans les hôpitaux de la région, à tel point que la pression hospitalière régionale atteint et dépasse les niveaux des deux premières vagues de l’épidémie. Des lits de réanimation supplémentaires devraient être ouverts.
« La situation hospitalière reste très tendue dans les Hauts-de-France avec 60 à 70 personnes qui entrent en réanimation et soins intensifs Covid chaque jour. » Le communiqué de l’Agence régionale de Santé des Hauts-de-France est sans équivoque. La région, soumise depuis une semaine avec l’Île-de-France à un nouveau confinement pour tenter de freiner l’épidémie fait face à une situation hospitalière alarmante. Au total, dans tous les établissements de la région, ce sont 3 281 personnes covid+ qui sont hospitalisées. Un chiffre qui dépasse ceux atteints en 2020. « La circulation très active du virus se traduit par une nette augmentation des admissions hospitalisations », avertit l’ARS. Malgré les transferts de patient·es – entamés depuis début mars vers la Belgique, la Normandie, la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine – la situation est très tendue. Le mercredi 24 mars, 593 patient·es covid ont été pris en charge dans les Hauts-de-France, contre 580 il y a un an, début avril 2020. Le taux d’occupation des services atteint près de 90 %. Dans la région et partout en France, le corps médical alerte sur la saturation de leurs services et le manque de lits. Certes, le ministère de la Santé recensait, au 19 mars, 7 503 lit de réanimation, soit 50 % de plus qu’avant la crise sanitaire. Ce n’est toujours pas assez, et moins qu’au plus fort de l’épidémie. Pour faire face à l’afflux de patient·es covid, les hôpitaux vont devoir recommencer à déprogrammer des interventions et ouvrir de nouvelles places
Priorité à l’augmentation des lits de réanimation
Autre source d’inquiétude et particularité de cette « troisième vague » du virus : à mesure que le variant britannique progresse en France et que la pression hospitalière augmente, les patient·es admis en soins critiques sont plus jeunes que ceux pris en charge lors des précédentes vagues. Si cette dynamique est en partie due à la vaccination des plus de 70 ans, la part des personnes de moins de 60 augmentent dans les services de réanimation covid. Selon l’AP-HP, l’âge médian est ainsi passé de 65 ans en 2020 à 63 ans en 2021.
Face à cette situation, l’ARS des Hauts-de-France « a demandé aux établissements de poursuivre l’augmentation des capacités de réanimation et soins intensifs, avec un objectif qui pourrait être porté à 950 lits pour la fin de la semaine », alors que la région comptait 460 lits de réanimation avant la crise sanitaire. Mais du discours aux actes, il y a du chemin. Et les praticien·nes s’impatientent. À l’instar du docteur Olivier de Soyres, anesthésiste réanimateur à Toulouse, qui affirme, dans une interview pour baslesmasques.com – blog contestataire des méthodes de lutte contre la covid – qu’il n’a pas observé à son niveau la concrétisation de la volonté affichée par le gouvernement d’augmenter durablement le nombre de lits de réanimation : « Je n’ai jamais vu où, quand ni comment, on n’a eu de plan bien organisé, de stratégie de rémunération pour permettre d’ouvrir des lits, et je le regrette. » L’objectif des 12 000 lits de réanimation est encore très loin, notamment par manque d’effectifs et de moyens. Mais selon l’anesthésiste toulousain, il est possible d’emprunter le bon chemin, à condition de s’y prendre correctement. D’autant plus qu’il soutient que « contrairement à ce que l’on raconte, pour soigner quelqu’un atteint du covid en réanimation, on n’a pas besoin d’être un·e réanimateur·rice complet·ète ou une infirmière en réanimation complète. Il faut des connaissances et de l’entraînement, mais contrairement à d’autres pathologies de réanimation, quand un patient·e arrive pour la covid, le diagnostic est déjà connu, et on connaît les protocoles ». En formant des internes et des infirmier·ères en soins intensifs, il serait ainsi possible d’augmenter le personnel de réanimation covid. Reste encore à trouver ces personnels, à les mobiliser et à les former.
L’ARS des Hauts-de-France, elle, se concentre à court terme sur l’augmentation des capacités de réanimation et soins intensifs, au prix notamment de déprogrammations d’interventions à même de libérer des capacités d’accueil et des personnels spécialisés. L’agence reste optimiste vis-à-vis de la vaccination dans la région, et rappelle que « la couverture régionale en population générale est au 22 mars de 10,2 %, supérieure à la moyenne nationale à 9,5 % ».
ABA