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L’an passé, le marché français du cycle a bondi de 25 % par rapport à 2019.
On insiste souvent – et c’est légitime – sur les secteurs qui tirent la langue depuis plus d’un an en raison de ce fichu Sars-CoV-2. Mais, comme il est coutume de le rappeler chez ÉcoRéseau Business, d’autres filières ont perçu cette crise comme une opportunité ! Avec au premier chef le marché du vélocipède – dit vélo. Une étude réalisée par Union Sport & Cycle, publiée jeudi 8 avril, rappelle l’engouement des Français·es pour le vélo en 2020, année marquée par les restrictions sanitaires et les deux confinements. Davantage de vélos au quotidien, certes, mais des bicyclettes qui se transforment peu à peu… plus chères et électriques !
Pas une surprise, la peur de se contaminer en 2020 a entraîné chez les Français·es une volonté de se déplacer seul·es et à l’air libre – les transports en commun comme les métros ont été boudés au profit, entre autres, des vélos. L’an passé, le marché français du cycle a dépassé les 3 milliards d’euros en termes de chiffre d’affaires, soit une hausse de 25 % par rapport à l’exercice 2019, rapporte une étude de l’Union Sport & Cycle, 2 684 800 vélos auraient été vendus, en hausse d’1,7 %. Grand écart entre l’augmentation constatée via le chiffre d’affaires par rapport à celle observée en volume de ventes. On comprend donc que les vélos vendus ne sont plus les mêmes qu’auparavant.
Des vélos plus chers et boom de l’électrique…
Voilà le principal enseignement à tirer de l’étude Union Sport & Cycle : les vélos vendus en 2020 l’ont été à des prix plus élevés qu’à l’accoutumée. Signe que les Français·es songent à utiliser leur vélo à plus long terme et surtout au-delà de la pandémie covid-19. De là, « le prix moyen des vélos (tous types confondus, ndlr) vendus en 2020 est désormais de 717 euros, soit une progression de 25 % par rapport à 2019 », peut-on lire dans l’étude. Les vélos de qualité, plus confortables, se retrouvent davantage plébiscités. Et il en va de même pour les vélos à assistance électrique (VAE). Près de 515 000 engins ont trouvé preneur·ses en 2020 – en hausse de plus de 29 % – avec un prix moyen lui aussi en plein essor (2 079 euros, +21 %). Selon l’Union Sport & Cycle, « le VAE représente désormais 56 % du marché en valeur ». Les cyclistes français·es jettent toujours en majorité leur dévolu sur les VAE de ville (40 % sur l’ensemble des VAE vendus), les vélos électriques à usage sportif se multiplient.
Si les confinements successifs ont sans doute dopé le recours au vélo, l’État avait aussi mis en place le fameux « coup de pouce vélo » pour encourager les citoyen·nes dans cette direction. Le dispositif, qui s’est achevé le 31 mars 2021 a constitué un véritable succès ! Puisque près de 2 millions de Français·es sont allé·es faire réparer leur bicyclette et ont pu profiter de l’aide de l’État, à hauteur de 50 euros. Face à l’envolée de la facture – les réparations de dynamo, patins et câble de frein, chambre à air ou d’autres pièces ont abouti à 82 millions d’euros de prise en charge – le gouvernement n’a pas souhaité prolonger une nouvelle fois l’initiative fin mars : « L’État n’a pas vocation à subventionner éternellement des réparations de vélos », faisait valoir le ministère de la Transition écologique, qui préfère travailler sur l’avenir des coronapistes avec en tête la sécurisation des tracés.
L’euphorie française profite à qui ?
Avant tout à l’Asie ! Car si le vélo se porte bien en France, la Chine, par exemple, ne demande pas mieux : « Les ventes de vélo de la Chine vers la France ont été multipliées par six », lisait-on fin juillet dans les colonnes de France info. Et pour cause, la France et même l’Europe manque de fabricants de composants, « une bonne partie des pièces viennent d’Asie, Chine, Japon ou Taïwan, y compris les pneumatiques », remarque André Ghestem, président de la commission Cycle de l’USC. D’ailleurs, selon la Fédération Union Sport & Cycle, les problèmes de livraison de pièces détachées, qui viennent d’Asie, ont empêché le marché français du cycle à croître encore plus.
Preuve que la France doit retrouver la maîtrise de la production de bicyclettes, d’autant plus que le phénomène vélo semble parti pour durer. Bonne nouvelle quand même, le Cycle Mercier, marque française emblématique, a fait son retour en France et s’est relocalisé à Revin dans les Ardennes. Avec un objectif d’investissement de 2,4 millions d’euros et la création de 270 emplois d’ici à cinq ans pour faire rayonner la production de vélos made in France. Par ailleurs, les fabricants de vélos en France n’ont pas complètement disparu, alors pourquoi ne pas les mettre en avant ? LaFraise Cycles à Roubaix, Cycles Pierre Perrin dans l’Essonne, Cyfac en Indre-et-Loire ou encore Gilles Berthoud dans l’Ain. Entre autres. Les entreprises, elles-aussi, commencent, et de plus en plus, à proposer des vélos de fonction à leurs salarié·es, c’est le cas par exemple de Veolia qui a signé un accord avec Zenride ! Tous les collaborateur·rices de l’entreprise dirigé par Antoine Frérot, en échange d’une participation modique prélevée sur la fiche de paie, pourront s’ils·elles le souhaitent bénéficier d’un vélo de fonction. Un nouveau créneau pour nombre de start-ups, à côté de Zenride, Tim Sports, Skipr ou Azfalte se sont déjà lancées. Vive la crise ? GW