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Le musée Grévin fait partie de ces musées mis sous cloche depuis de longs mois. Impatient à l’idée de retrouver son public.
Le monde de la culture, en apnée depuis le 30 octobre 2020, entrevoit le bout du tunnel. Un espoir qui découle d’une allocution du Président de la République Emmanuel Macron, qui a laissé entendre – en parallèle de l’annonce d’un troisième confinement hybride – qu’une réouverture de certains établissements dès la mi-mai pouvait se dessiner. Un objectif confirmé par le chef de l’État jeudi 15 avril lors d’une visioconférence en compagnie d’une quinzaine de maires. De leur côté, les musées se préparent à retrouver leur public… dans des conditions sanitaires très strictes, bien entendu. Tous les détails avec le témoignage d’Yves Delhommeau, directeur général du musée Grévin à Paris.
La priorité donnée aux « musées et terrasses », n’a cessé de rappeler Emmanuel Macron, jeudi 15 avril. Une réouverture très progressive serait privilégiée. Peu importe, la nouvelle a de quoi redonner le sourire aux musées : « Certes, on nous avait déjà évoqué d’autres échéances, à Noël ou en janvier, mais cette fois-ci on y croît […] Je pense que tout le monde a compris qu’il fallait s’organiser pour vivre avec le virus », souligne Yves Delhommeau, directeur général du musée Grévin. En outre impatient à l’idée de retrouver son public, « c’est terrible pour les familles qui ne savent plus quoi proposer comme activités aux enfants, lesquels se retrouvent parfois simplement laissés derrière un écran ».
Rouvrir mais assurer la sécurité des visiteur·ses
Une réouverture dans les règles de l’art. Avec au menu l’attirail Sars-CoV-2 : masque obligatoire tout au long de la visite, gel hydroalcoolique, et distance entre les visiteur·ses. Au musée Grévin, « on a l’avantage de la déambulation, normalement les personnes ne se recroisent pas » précise Yves Delhommeau, « une centrale de traitement de l’air permet aussi de ne pas respirer l’air confiné », ajoute-t-il. La réouverture se fera sans doute avec moins de visiteur·ses qu’à l’accoutumée. Avant la pandémie, le musée Grévin accueillait 1 000 personnes à l’heure, un chiffre ramené à 400 à l’arrivée du virus, ce sera peut-être « une centaine » dès lors qu’on rouvrira, anticipe Yves Delhommeau. Un moindre mal pour un établissement à l’arrêt depuis six mois, il faudra toutefois gérer ce déficit de visiteur·ses alors que les charges fixes, elles, restent hermétiques au virus.
Enfin, les musées n’auront a priori d’autres choix que de sacrifier certaines activités comme les spectacles proposés pendant le parcours, « on devra aussi renoncer à la possibilité pour les enfants de se déguiser lors de la visite », concède le directeur du musée Grévin.
Quelle place pour le virtuel post-covid ?
Au feu vert du gouvernement pour la réouverture des musées, la clientèle ne sera pas forcément la même – du moins dans un premier temps – avec des visiteur·ses de proximité voire d’hyperproximité. Puisque la capitale ne retrouvera pas sa masse habituelle de touristes de sitôt. « Je pense aussi que les familles attendront un peu avant de revenir […] D’autant plus si les restaurants ne rouvrent pas tout de suite, car aller au musée en famille, c’est avant tout organiser une journée entière d’activités comme aller manger au restaurant avant ou après la visite d’un musée par exemple », illustre Yves Delhommeau.
Pendant cette crise, certains musées ont voulu continuer à offrir des moments culturels… mais à distance ! Le musée du Louvre a notamment mis en ligne ses collections que les passionné·es d’art pouvaient ainsi admirer depuis chez eux·elles ! Reste à savoir si ces visites virtuelles perdureront après la crise ? Yves Delhommeau apparaît sceptique, d’abord parce que le musée Grévin, à la tête de statues de cire, verrait ses œuvres « détériorées à distance », et puis surtout « la visite virtuelle va à l’encontre du désir d’être ensemble, de la convivialité, de l’expérience tout simplement, tout ne peut pas se transformer en virtuel ».
Geoffrey Wetzel