OVHcloud : la licorne française qui s’attaque à la Bourse

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L’entreprise tricolore, fleuron de l’informatique européen, entre avec fracas sur les marchés financiers.

Ce vendredi 15 octobre, la licorne française OVH a fait son entrée sur la place financière Euronext Paris. Et quelle entrée ! Fort de son statut de première entreprise européenne en matière de cloud computing, le champion français de l’informatique en ligne vise désormais le sommet. Et espère concurrencer les Gafam, ces géants américains du numérique qui règnent sans partage depuis des années.

Deux jours tout juste avant son introduction en Bourse en grande pompe, OVH a fait face à une importante panne informatique. A la suite d’une « erreur humaine durant la reconfiguration du network » sur un datacenter situé en Virginie aux Etats-Unis, comme l’a précisé l’entreprise, les nombreux sites hébergés et surveillés par OVHCloud sont restés inaccessibles durant 1 h 30. Un imprévu et un timing dommageables qui n’auront finalement pas gâché la grande introduction en Bourse de la fin de semaine. Mieux, à peine arrivée sur les marchés, le cador européen de l’informatique en ligne évolue déjà dans le vert. Pour son premier jour de cotation à la Bourse de Paris, l’action d’OVH a été introduite au prix de 18,5 euros. Celle-ci prenait déjà plus de 5 % à midi, après un démarrage timide en début de séance. Un pas de géant pour OVHcloud, vingt-deux ans après sa création. Et un pari réussi : l’entreprise est d’ores et déjà valorisée à plus de 3,5 milliards d’euros. L’ambition : favoriser la suite du développement du champion européen de la tech, face aux tout puissants Gafam. Un discours qui semble déjà plaire au-delà des cercles d’investisseurs institutionnels traditionnels.

Vers 25 % de croissance par an ?
En quelques heures, OVHcloud est déjà parvenu à lever quelque 350 millions d’euros. Une opération juteuse qui doit permettre de financer les prochaines étapes de croissance. Pour l’heure, le fondateur et président du conseil d’administration Octave Klaba, un entrepreneur franco-polonais dont la fortune est estimée à 2,5 milliards d’euros, détient avec sa famille une très large majorité des parts de la société. Son intention annoncée est de céder une partie de ses titres, tout en conservant sa position dominante au capital.

Surtout, l’entrée en Bourse s’accompagne de nouveaux objectifs de croissance très ambitieux. Si depuis 2017 la licorne française affiche une croissance à deux chiffres et un chiffre d’affaires en hausse de 11 % en moyenne chaque année, la société espère désormais quelque 25 % de croissance par an à l’horizon 2025. Et déjà les indicateurs sont au vert. Selon le document d’introduction en Bourse, l’Ebitda d’OVH (son excédent brut d’exploitation) est de 38 à 40 %, soit entre 249 et 264 millions d’euros. « OVHcloud cherchera à atteindre ces objectifs de croissance en maintenant sa marge d’Ebitda ajusté en ligne avec celle de 2020 », a précisé l’entreprise d’informatique en ligne. En 2021-2022, le chiffre d’affaires est attendu en progression de 10 à 15 %.

Un marché ultra-concurrentiel
Malgré les doutes de dernière minute de certains investisseurs institutionnels, notamment en raison de la panne du mercredi 13 octobre, l’entreprise de Roubaix a confirmé son succès auprès des particuliers. Au sein d’un marché du cloud computing en plein essor et où la concurrence des mastodontes américains et asiatiques fait rage, OVH est convaincu de pouvoir trouver sa place à l’international. « On va sortir de l’ombre et rendre nos projets mondiaux », s’est réjoui Octave Klaba, lors de la cérémonie d’introduction en Bourse.

L’entrée en Bourse tombe à point nommée, dans un contexte de croissance exponentielle du marché du cloud et du numérique. À la suite des confinements et de l’explosion de la demande de serveurs informatiques, les entreprises n’ont jamais autant qu’en 2020 auprès d’Amazon Web Services (AWS), Microsoft Azure et les autres grands cadors du cloud computing. Selon Synergy Research, un institut spécialisé d’études de marché, ce contexte bien particulier a mené le marché global du cloud jusqu’à un total de 130 milliards de dollars (+30 % en un an). Pour la seule Europe, le marché est passé de 6 milliards d’euros en 2018 à 20 milliards d’euros annuels aujourd’hui. Toutefois, dans le même temps, la part de marché des fournisseurs européens est passée de 26 % à 16 %, en raison de la montée inexorable d’Amazon, Google et Microsoft. Là réside l’immense défi d’OVH : mettre à mal l’hégémonie des géants du numérique.

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