Rire ou travailler ? Les deux, rit Edwina. Métier : bonne humeur. À la fois principe de vie et cœur de l’activité professionnelle de cette entrepreneuse et artiste, Edwina Girard.
«C’est pathologique chez moi. J’ai toujours cultivé une obsession pour la bonne humeur et la bonne ambiance, à l’école ou au travail. Faire rire ou tout simplement voir les gens s’amuser et me rendre compte qu’ils sont heureux de vivre l’instant, voilà ce qui m’anime », livre l’ex-Inseec, passionnée de théâtre et de scène. Les planches, elle y consacrait d’ailleurs une grande partie de son temps extra-scolaire, jusqu’à « monter » son propre one-woman-show…
L’humour pour séduire les clients et recruter les collaborateurs
Edwina Girard a toujours écrit les grandes lignes de sa vie autour du rire, des émotions et de la comédie. Dès ses premiers pas professionnels dans la publicité numérique. Pendant ses huit années dans la « pub » – dont cinq passées à la tête d’une start-up qu’elle a co-créée avant de la revendre au groupe Prisma Media – elle a ri, non pas des autres, mais avec les autres. « J’avais des journées à rallonge et un rythme de travail soutenu, mais ça ne m’empêchait pas de mettre de l’ambiance. Le rire, c’est contagieux. Je revendique ce rôle de boute-en-train en collectivité, mais je suis aussi le parfait exemple qu’on peut travailler sérieusement sans se prendre tout le temps au sérieux », raconte-t-elle. Travail, réussite et ambiance (très) détendue ne sont pas incompatibles. Cette jovialité, Edwina en a même fait l’une de ses marques de fabrique au travers d’un exercice annuel : une vidéo où elle mettait en scène ses collaborateurs pour un tournage plein d’autodérision. « Nous nous moquions de nous-mêmes. C’était l’occasion de cultiver la bonne ambiance en interne et de nourrir la cohésion entre les salariés. À l’externe, la vidéo constituait un formidable outil promotionnel auprès de clients potentiels car elle renvoyait l’image d’une société créative, avec de vraies personnalités. Nous jouissions, via ces clips, de l’image, avérée, d’une entreprise où il fait bon travailler. » Grâce à ses multiples casquettes – comédienne, réalisatrice, metteuse en scène –, elle est vite sollicitée. Création d’une Web série humoristique, jeux de rôles, pièce de théâtre, actions originales de team building… La demande est telle qu’en 2015 Edwina G. prend la décision de s’y consacrer à 100 %, histoire de tourner la page de la publicité numérique et de sa start-up. Naissance d’Ozécla !
De la gestion d’un conflit à la révélation de vraies personnalités
Le scénario de cette création semblait écrit d’avance. « Comme une évidence », confirme Edwina, qui a tout simplement mis sur pied une agence qui lui ressemble. Elle répond aux aspirations de ses clients et aux siennes, sans oublier celles des artistes qu’elle emploie selon les missions. « Je tiens à ce que ces acteurs prennent autant de plaisir que nos clients. En fonction de la demande, j’en emploie entre 10 et 50, parallèlement aux trois personnes à temps plein et la stagiaire que compte l’entreprise. S’assurer du bien-être des artistes, c’est aussi les rémunérer à hauteur de leur investissement. » De là à réduire Ozécla à une offre de solutions humoristiques pour dirigeants en quête d’opérations de team building ne serait pas très drôle. Edwina : « Les concepts que nous proposons sont à chaque fois originaux, sur-mesure et adaptés à la culture de l’entreprise, mais aussi aux objectifs du commanditaire. Il s’agit de créer de la cohésion d’équipe, de désamorcer le conflit, de réduire le stress, de produire une animation qui va donner l’occasion de découvrir d’autres facettes des collaborateurs. » Ozécla, c’est aussi un organisme de formation déjà certifié pour du coaching centré sur la prise de parole en public. En parallèle, elle est active sur la création d’événements et d’animations, des murder parties [divertissement réaliste d’une soirée au cours de laquelle l’on vit une aventure policière avec sa part d’énigme, de frisson et d’action], sans oublier toute une offre de spectacles immersifs autour de l’improvisation, de l’humour et du théâtre. Des spectacles d’un nouveau genre où les artistes se mêlent au public et interagissent avec lui.
Les gens sont drôles mais ne le savent pas
Il n’en faut pas davantage pour ravir les collaborateurs et briser les barrières de la timidité. « Les gens sont drôles et ne le savent pas. L’un de nos ateliers phares est un sketch humoristique totalement pensé, écrit, répété et interprété en l’espace d’une heure trente par des salariés. Cet exercice témoigne de l’humour intrinsèque dont chacun sait faire preuve. En d’autres termes, mes artistes et moi nous nous considérons d’abord et avant tout comme des révélateurs de la facette drolatique de l’entreprise. Croyez-moi, ce sont les gens qui a priori sont les plus sérieux, les plus austères, habitués à évoluer dans un milieu très codifié, qui sont en réalité les plus investis dans les sketchs. Sans rien enlever à leur crédibilité. Bien au contraire, la capacité de faire évoluer leur personnalité force l’admiration et le respect. » Si elle le dit…
Plusieurs éclats de rire plus tard, une question s’impose : peut-on rire tout le temps ? L’artiste-entrepreneuse dégaine sa réponse : « Non, car ce serait nier une réalité qui est parfois complexe et stressante, mais ce dont je suis sûre, c’est que l’humour participe à dédramatiser des situations que l’on a tendance à noircir. Il crée de la solidarité, à condition qu’il soit pratiqué dans une logique bienveillante… » Ah oui, la bienveillance, bien sûr, on l’aurait presque oubliée, celle-là !
Ariane Warlin