L’or suscite de nouveau l’intérêt des investisseurs à la recherche d’un placement sans risque dans un environnement géopolitique tourmenté. Mi-mai, le cours du métal jaune dépassait les 1 300 dollars l’once et les analystes sont optimistes. En mai, après notamment Goldman Sachs et JPMorgan, UBS a actualisé ses prévisions 2 019. Selon la banque suisse, l’once pourrait atteindre les 1 350 dollars d’ici à trois-six mois, et 1 400 dollars d’ici à un an. Si le Comptoir national de l’or, société française spécialisée dans l’or investissement et l’expertise de bijoux, ne se risque pas à émettre de prévision chiffrée, il partage le point de vue des brokers sur le long terme. « Le marché de l’or est déterminé par l’offre et la demande, et la demande est en hausse », nous dit Laurent Schwartz, directeur du CNO. Selon les derniers chiffres du World Gold Council, la demande mondiale d’or s’est établie à 1 053 tonnes au premier trimestre 2019, contre 984 tonnes sur la même période de 2018. Il s’agit d’une forte progression de 7 %. Sans surprise, la composante la plus dynamique a été la demande en provenance des banques centrales, avec 145 tonnes achetées au premier trimestre, le meilleur début d’année depuis 2013. Sur un an glissant, ce chiffre atteint 715 tonnes, un record absolu. « Les banques centrales cherchent à diversifier leurs réserves de capitaux, mais aussi à alléger leur dépendance au dollar », explique Laurent Schwartz. La demande joaillère (530 tonnes) et la demande d’investissement (298 tonnes) progressent toutes les deux de 1 % par rapport au premier trimestre de 2018. La demande relative à l’industrie électronique recule de 3 % pour s’établir à 79 tonnes. « Un adjectif qualifie donc ce début d’année pour le marché de l’or : dynamique ! », se félicite Laurent Schwartz. Qui précise que, du côté de l’offre, en revanche, c’est l’atonie. « On sait que l’offre, issue soit du recyclage, soit de l’extraction minière, est en déclin. Les sociétés minières ne réalisent plus de découvertes majeures. Ainsi, l’évolution de l’offre est fonction du recyclage. Or, les études ont montré qu’une hausse de 1 % du cours du métal jaune ne conduisait qu’à une progression de 0,1 % du volume d’or recyclé. La « relique barbare » vilipendée par Keynes a encore de beaux jours devant elle.