Un mois avant les cyclistes, Du 17 au 29 juin, la Jeune chambre économique française entreprend son tour de France. Objectif : engager de nouvelles dynamiques territoriales autour des liens qui tissent citoyenneté et entrepreneuriat. Une série de keynotes et de conférences, d’ateliers et de networking s’installent dans 21 villes, partout en France. Ils établissent des ponts entre la société civile, le monde associatif, les entreprises et les start-up. Qu’est-ce que la citoyenneté en 2019 et comment se traduit-elle à l’échelle des territoires ?
L’opération JCEF se nomme Booster for Good. Une traduction « libre » donne : comment l’engagement citoyen se manifeste-t-il au cœur des nouveaux business models performants ? Stefanie Cochet, présidente nationale 2019, en a une petite idée pour son mouvement : « 2018 a été un tournant. Nous avons procédé à la refonte de la marque, au renouvellement du projet associatif et du plan stratégique à long terme, à la création de la charte du recruteur citoyen, à la valorisation des compétences associatives dans les parcours professionnels, à l’initialisation du Booster for Good – force citoyenne et croissance de start-up… » Marie Marceul, administratrice nationale déléguée aux actions 2019 de la JCEF met en avant « notre système de formation en interne qui repose sur la gestion de projet et la prise de responsabilité hors entreprises qui font écho à la notion d’incubateur. Nous nous sommes approprié cette notion dans son sens entrepreneurial et dans son aspect d’accélérateur de compétences. »
À la croisée de la citoyenneté, de la marque employeur et de la start-up
Vingt-et-une jeunes chambres locales se sont mobilisées pour ce tour de France qui se compose pour chaque ville des trois mêmes temps forts : keynote, atelier, networking. Pour chaque keynote locale, une personnalité inspirante fera un retour d’expérience sur l’un des piliers : l’intelligence collective au service de la performance et de l’innovation, nouvelles technologies et engagement citoyen de demain, intérêt général et modèles économiques performants, la construction de sa marque employeur. Cette opération nationale se greffe à des dispositifs économiques locaux fortement intégrés au tissu local, à l’image du réseau de pépinières et d’incubateurs Village by CA. Marie Marceul : « L’événement se place au cœur des problématiques RH des start-up, recrutement, fidélisation, construction de sa culture d’entreprise. » Booster for Good va à la rencontre des jeunes pousses, des acteurs économiques et des futurs entrepreneurs. Le sujet de la « marque employeur » est du reste récurrent chez la JCEF. Stephanie Cochet : « Rencontrer les start-up est une façon de poursuivre la promotion de l’engagement citoyen dans un parcours professionnel qui est source d’apprentissage accéléré et vecteur d’employabilité à part entière. Nous voulons construire des ponts entre la société civile, le monde politique et le milieu associatif en valorisant une start-up nation responsable, capable d’allier performance et inclusion. » Pas étonnant si la JCEF a érigé Frédéric Mazella, fondateur et patron de Blablacar, en symbole de start-up française et même de licorne (start-up valorisée à un milliard de dollars au moins). Il sera le grand témoin de cette opération d’envergure.
Construire des ponts entre la société civile, le monde politique et le milieu associatif en voulant valoriser une start-up nation responsable, qui allie performance et inclusion.
Dynamiques territoriales complémentaires
Pour révéler les leaders de demain, la Jeune chambre se fait incubateur en formant des jeunes à devenir des acteurs du changement au quotidien par la mise en place de projets économiques durables au service des territoires.
La JCEF n’est cependant pas la seule association à croire que la multiplication des actions de terrain enclenchent une dynamique vertueuse plus générale. L’association Empreintes Citoyennes souhaite créer du lien social au-delà des identités sociales, cultuelles ou sexuelles. « C’est cette notion de citoyenneté qui crée du lien. Mais en France, elle est intimement liée à la notion de nationalité, de quoi exclure par exemple les étrangers, les moins de 18 ans… C’est pourquoi il importe de reconstruire un pacte citoyen et une communauté de France. Je précise bien “de France” et non “de Français/es” » : Julien Goupil, directeur de l’association, en associant plusieurs parlementaires, cherche à ouvrir le statut de citoyen. « La première étape, faire des contribuables des citoyens de droit. »
Revenir à la commune
Au-delà de ce combat légal, la notion de citoyenneté s’ancre dans le local à l’échelon de la commune, précisément. Selon une étude menée par l’association, 60 % des maires de France expliquent que la citoyenneté s’exerce selon des spécificités locales et que la commune est l’échelon territorial le mieux adapté pour faire jouer cette émancipation citoyenne et l’intelligence sociale. « Une aubaine pour les communes qui ont perdu de leur pouvoir au profit des intercommunalités », estime le directeur d’Empreintes nationales. Une consultation nationale a abouti à l’établissement de sept piliers, déclinés en objectifs. Ils seront les fondements d’un Label Ville Citoyenne, lancé en 2020. Pour l’instant, seule la ville d’Hazebrouck dans les Hauts-de-France joue le jeu d’une expérimentation en tant que ville pilote. Pour reprendre ces sept piliers, la ville citoyenne doit se montrer collaborative, transparente, compréhensible, inclusive, solidaire, valorisante, engagée. Sacré programme ! Les deux grands projets JCEF et Empreintes nationales s’inscrivent dans le local et le réel. D’autres points de rencontre existent pour faire fructifier les actions locales comme le prouve la participation d’Engie à ce tour de France Booster for Good.
Geoffroy Framery