À l’automne 2019, l’Arcep, l’Autorité de régulation du marché des télécoms en France, conduira la procédure d’attribution des fréquences 5G pour la bande 3,4 GHz-3,6 GHz, qui constitue le cœur de la nouvelle technologie mobile.
En avance de phase, le gendarme des télécoms a soumis mi-juillet en consultation publique le projet de modalités et conditions d’attribution de ces fréquences. Il permet de comprendre les grands enjeux de la procédure ainsi que le cap fixé par le gouvernement.
Le cadre est strict et les fréquences seront attribuées en échange d’engagements forts de la part des opérateurs :
• D’abord sur la couverture, avec l’obligation d’allumer 12 000 antennes 5G d’ici à 2025, dont 20 à 25 % en zone rurale.
• Ensuite sur les performances, avec un débit par site d’au moins
240 Mbit/s pour 75 % des antennes à horizon 2022 – c’est quatre fois plus que le débit minimum requis pour les sites 4G.
• Enfin sur les services aux entreprises : l’objectif est ici de mettre en œuvre les prérequis technologiques indispensables aux services btob comme le network slicing (technologie de virtualisation pour adapter les caractéristiques du réseau à un cas d’usage précis : industrie 4.0, smart city, etc.). Au plus tard en 2023.
Ce cahier des charges ambitieux porte les stigmates du processus d’attribution des fréquences 4G qui fixait un cadre beaucoup moins strict et qui avait vu la technologie se développer quasi exclusivement dans les grandes agglomérations, au détriment des zones rurales. Seul un « new deal » conclu en janvier 2018 entre les opérateurs et l’Arcep avait inversé la tendance. Il traduit aussi la stratégie offensive du gouvernement qui voit la 5G comme un véritable outil de compétitivité économique et donc de croissance.
Le projet contraste avec les procédures d’attribution de nos voisins européens (Espagne, Royaume-Uni, Italie ou dans une moindre mesure Allemagne) qui sont moins encadrées.
Cette stratégie a un prix : l’État devra consentir à attribuer les fréquences à des tarifs vraisemblablement plus faibles que ceux constatés dans d’autres pays européens – les opérateurs ne peuvent raisonnablement pas investir des milliards simultanément dans l’achat des licences et le déploiement d’un réseau à marche forcée.
Même s’il est encore trop tôt pour prédire l’obtention des objectifs, il y a fort à parier que la question centrale résidera autour des nouveaux usages introduits par la 5G, en particulier dans le domaine de l’Internet des objets. Deux cas de figure sont alors possibles :
Soit de nouveaux cas d’usages à forte valeur émergent rapidement et les investissements consentis se verront rapidement compensés par de nouvelles sources de financement (à travers les services btob offerts aux verticales, notamment).
Soit les usages restent conscrits à une « 4G améliorée » pour le btoc (multimédia, cloud gaming…) et l’équation économique deviendra impossible à résoudre à moins de faire passer le consommateur final à la caisse…