Il y a une quinzaine de jours, le gouvernement dévoile, à la suite même des annonces du président Macron relatives aux nouvelles capacités de financement de la FrenchTech, les 40 start-up de l’indice Next 40 : le CAC 40 des start-up du numérique français. Si la liste donne à voir de belles entreprises aux chiffres de croissance intéressants, que l’on veut hautes représentantes de l’écosystème tech de l’hexagone, les bases même de leur sélection posent pourtant question.
L’importance que le président de la République a donnée à l’écosystème technologique français est une excellente nouvelle. Et pour cause, c’est en son sein que se créent et se développent les entreprises de demain, et qu’apparaissent les nouveaux emplois par dizaines de milliers. Sur les cinq prochaines années, on estime le gisement d’emplois que constitueraient les start-up françaises à près de 400 000 postes ! Répertorier et valoriser les pépites technologiques est donc pertinent et vertueux. Néanmoins, la méthodologie utilisée par le gouvernement pour dresser son Next 40 pose problème ! Alors que les deux premiers critères retenus, que sont les chiffres d’affaires et le taux de croissance, sont indiscutables, pourquoi donc considérer les montants levés par ces start-up comme autre facteur de sélection ? J’accompagne des start-up dans leur passage de l’idée à la réalité. Or je constate tous les jours que ce n’est pas en levant des fonds qu’une entreprise écrit son avenir ! C’est d’abord en construisant un modèle viable et rentable, puis en levant des fonds pour soutenir sa croissance. À ce critère de montants levés devrait donc se substituer celui de la nécessaire rentabilité, ou du moins celui des pertes raisonnables. Car il est avant tout nécessaire de récompenser les entreprises ambitieuses, certes, mais aussi et surtout saines !
Paris ou le désert français ?
En outre, ce critère porte également en lui un effet pervers que l’on ne peut ignorer : sur les 40 entreprises sélectionnées, 35 sont encore et toujours parisiennes ! Et la raison est simple : en Île-de-France (qui concentre actuellement près de 70 % des investissements en valeur) l’accès aux fonds d’investissement et autres business angels est actuellement bien plus aisé pour ces start-up que pour leurs homologues en région. Bien que souligné avec fierté par le président de la République, le dynamisme entrepreneurial et économique des territoires, qui compte 2/3 des créations de start-up françaises, ne semble pourtant ni salué ni accompagné par le Next 40. Il est donné aujourd’hui à penser que plus de 90 % des plus belles réussites françaises se feraient à Paris. Un choix étonnant donc, et pour le moins regrettable. Il laisse planer, encore une fois, sur une initiative publique pourtant enthousiasmante et optimiste, le spectre d’un entre-soi parisien qui ne doit plus s’entretenir !