C’est la 25e fois que le salon Réunir… réunit le meilleur du MICE – Meetings Incentives Conventions & Events –, cette année encore au Palais Brongniart. Deux grands thèmes se dégagent de cette journée du 19 septembre : la recherche de l’expérience originale
et l’intérêt croissant pour le tourisme durable.
Le marché de l’événementiel en constante évolution mobilise les pros des séminaires, voyages, congrès et autres événements sans cesse à l’affût des dernières tendances, aiguillonnés par des entreprises clientes soucieuses d’efficacité : motiver, déplacer leurs troupes, mais au meilleur prix pour un effet waouh. Réunir a rassemblé 600 professionnels : établissements hôteliers, prestataires spécialisés, fournisseurs, agences événementielles, soit toute la diversité du secteur du MICE. Plus de 30 conférences confiées aux grands acteurs du tourisme d’affaires sont organisées – vous avez une dizaine de jours encore pour y assister. Les organisateurs jouent la carte de très nombreux ateliers et, disent-ils, ne ménagent pas les surprises… « L’organisation d’événements constitue toujours un challenge : trouver des lieux et des prestataires qui répondent à nos besoins, renouveler l’expérience des participants, explorer de nouvelles idées… C’est ce que je viens chercher au salon Réunir, explique Claire Mariot, responsable marketing et communication chez Scasicomp, une société experte des datacenters et de la gestion de donnée. Je suis convaincue, dit-elle, que rien ne vaut le contact en face-à-face pour échanger avec des spécialistes, découvrir de nouveaux sites et partager les retours d’expérience avec des homologues. » Son leitmotiv : dénicher une expérience vraiment originale pour organiser des séminaires en interne ou externe. Bien sûr, le format n’est pas le même. « Nos clients et prospects naviguent sur un agenda très chargé et sont très sollicités. Dès lors, je privilégie un format court, d’une demi-journée. Dans ce laps de temps, il est impératif d’innover et se démarquer de la concurrence. Le but est que nos invités se souviennent de nous pour la valeur ajoutée de nos conférences bien sûr et pour la qualité de l’organisation. Récemment, j’ai organisé la visite des coulisses du Puy du Fou et de l’Opéra Garnier. Dans les deux cas, ce sont des prestations qui sont rarement accessibles au grand public. » Scasicomp tient à se dégager plus de temps lorsqu’il s’agit de motiver et fédérer ses salariés. « Nos séminaires en interne durent en général deux jours pour instaurer une réelle déconnexion de l’univers de travail habituel. Les activités extraprofessionnelles y sont importantes pour favoriser le team-building. » Notre experte de la communication attache une grande importance au choix du lieu et à son concept pour qu’ils restent en phase avec les valeurs de l’entreprise, à l’image des professionnels de l’événementiel : 68 % des professionnels interrogés dans le cadre de l’étude de référence Pro Sky 2019 accordent souvent – sinon toujours – une importance à l’image dynamique et innovante que dégage une destination.
Les activités, un enjeu stratégique
Sur le marché de l’événementiel, proposer des activités inédites et réalisées nulle part ailleurs est devenu un puissant atout. Ce type d’activités élit un cadre atypique tout en proposant de nombreuses interactions entre les participants. En laissant libre cours à leur imagination, les professionnels de l’événementiel proposent des activités hors norme et créent une atmosphère propice à l’échange et à la cohésion de groupe. Pour près de 2/3 des professionnels interrogés (64 %) par Pro Sky, le choix d’une destination dépend des expériences culturelles associées. Les activités ludiques telles que les cours de cuisine, les ateliers dégustation ou encore la confection d’objets artisanaux locaux rencontrent toujours un grand succès, quoique presque classiques. Cyril Casabo, directeur général de l’Hôtel Barrière Le Royal Deauville confirme l’appétit des clients pour « la recherche d’expérience ». « Une réunion ou un séminaire, ce n’est pas une salle, un ordinateur et des participants. Bien sûr, tout dépend du message à faire passer. Une fois les besoins du client compris, nous nous adaptons. » À quoi ? Le directeur constate ces dernières années une évolution du secteur vers plus d’activités originales. « À Deauville, la visite des planches et du Casino ne suffit plus. Nous devons scénariser l’événement en incluant des activités qui sortent des sentiers battus. Nous proposons par exemple des cours de yoga d’une vingtaine de minutes le matin sur la plage avant le début de la réunion. Nous cherchons en permanence à nous différencier. » Cyril Casabo, à l’image du reste du secteur, observe la volonté des clients de découvrir le patrimoine de la région dans laquelle ils se trouvent. « Nous avons noué des partenariats avec des acteurs normands à l’origine d’activités originales et variées, comme la visite d’une ferme, d’une distillerie de calvados, de randonnées en sulky tandem qui s’achèvent par la rencontre de jockeys professionnels, etc. Les attentes changent constamment, à nous de suivre, si possible de les anticiper. » Le directeur général du Royal se félicite du succès de l’une des dernières initiatives de son groupe : la mise à disposition d’une grande villa en bord de plage durant tout une journée. « Les clients sont enchantés par ce nouveau concept. Nous leur confions les clés de la maison le matin de telle manière qu’ils organisent leur journée comme bon leur semble en se sentant comme chez eux ! »
La sécurité avant tout
Deauville, Paris, Nice ou Bogota, lors du choix d’une destination, les tarifs et la popularité restent secondaires par rapport à l’aspect sécuritaire, révèle Pro Sky. Les actualités de ces dernières années semblent avoir profondément modifié les préoccupations des professionnels du MICE qui font passer la sécurité aux premiers rangs des critères de destination, avec l’accessibilité et le budget. Elle est même essentielle. Pour près de 80 % des experts interrogés par le spécialiste de l’affrètement, une destination considérée comme sûre et sécurisée représente un véritable prérequis à l’heure du choix. « Ce critère englobe tout ce qui fait référence à la sécurité sur place. Ici, les a priori et l’image de la destination rentrent en compte. La stabilité politique ou les menaces extérieures influencent ce critère », explique Pro Sky.
Bien naturellement, le budget alloué impacte le choix d’une destination, plus de la moitié des personnes interrogées la choisissent en fonction des prix. Pour 58 % du panel, une destination perçue comme abordable influence considérablement le choix final. « Une destination à prix compétitifs va se révéler particulièrement attractive pour un organisateur soucieux d’optimiser son budget et de proposer des activités supplémentaires », observent les auteurs de l’étude.
Essor du tourisme durable
Le tourisme durable semble bien parti pour devenir l’un des sujets porteurs du secteur du MICE au cours des prochaines années. Par souci d’éthique et d’image, de plus en plus d’entreprises souhaitent organiser des événements « responsables ». « Les voyageurs, mais aussi les professionnels du secteur, sont de plus en plus sensibles à la question du tourisme durable. Sept Français/es sur 10 souhaitent partir dans un cadre où l’environnement est pris en compte. La progression annuelle du tourisme dit durable s’élève à 20 % selon une étude OMT-Harris Interactive, observe Charlotte Simoni, cofondatrice de Globethik, une plate-forme dédiée aux activités touristiques durables. Les organisateurs d’événements se rendent progressivement compte que l’on peut voyager dans le plus grand confort, mais de manière durable. Il est possible de compenser ses émissions carbone via l’organisation Goodplanet par exemple, choisir des hôtels labellisés durables qui récupèrent les eaux de pluie, opter pour des savons solides, du papier recyclé, etc. Au-delà, les clients sont à la recherche d’authenticité. Ils souhaitent consommer différemment, plus ancrés dans la découverte des cultures locales. » Globethic organise des circuits durables sur-mesure en France comme dans le reste du monde. « Nous organisons des circuits de durées variables qui incluent une ou plusieurs visites hors des sentiers battus, comme celle d’une association humanitaire, une rencontre avec les habitants, la participation à leur tâche quotidienne comme l’exploitation d’un champ ou la pêche », détaille Charlotte Simoni. Les clients, confirme-t-elle, « préfèrent payer plus cher pour s’offrir les services d’un guide local qui sera déclaré et payé normalement ». Preuve de la pertinence du sujet, après l’initiative de Booking de lancer un programme d’accélération de start-up créées dans l’écologie, la France a accueilli au printemps son premier incubateur du tourisme durable, le Côte d’Azur Lab’. Son objectif : faire coexister tourisme d’affaires, tourisme de loisirs (hébergements, transports, activités, destinations) et respect de l’environnement. Cet engouement pour l’écotourisme est de plus en plus pris en compte par les villes qui souhaitent accueillir des événements. Malte, par exemple, propose une activité qui combine plongée et grand nettoyage des fonds marins. La France a lancé également au printemps ses neuf premières destinations responsables, Marseille, Metz, Deauville, Nancy, Cannes, Bordeaux, Rennes, Nantes et Biarritz. Les municipalités se sont engagées à respecter les normes de la certification ISO 20121 (toute entité qui « contribue à la conception et la mise en œuvre d’événements » définit une stratégie de développement durable et la déploie). Une démarche devenue un argument lors de réponses à des appels d’offres.
Pierre-Jean Lepagnot