L’entreprise et l’économie du futur… Pour présager des bouleversements à venir, les projections ne manquent pas (lire Volet 1). Mais les régions françaises aussi projettent leurs dynamiques propres. Entre schémas de développement et conséquences du réchauffement climatique, nos régions regardent leur futur.
Une Cop régionale pour planifier le futur
Particulièrement sujette aux risques climatiques, montée du niveau de la mer en tête (entre 17 cm et 36 cm d’ici à 2050), la Bretagne projette son avenir via le prisme climatique. Un futur qui sera marqué par le prolongement du regain démographique breton et qui fera de la Bretagne l’un des territoires français les plus dynamiques jusqu’en 2040. Reste que la part des plus de 60 ans augmentera également de façon significative. 2040, c’est également l’horizon choisi par la région pour construire son projet d’avenir. Petite originalité, c’est à travers la Breizh Cop lancée début 2019 que la Bretagne réalise son Sraddet. Construite sur le modèle de la Cop 21 qui a abouti aux accords de Paris en 2015 (conférence des parties), la Cop régionale doit associer toutes les parties prenantes de la région pour répondre aux urgences climatiques et aux grands enjeux d’aménagement. Ce qui en ressort : 38 objectifs organisés en trois orientations pour « une Bretagne créatrice, performante et rayonnante, terre de progrès humains et écologiques, diverse et unie, mobilisée et démocratique ». Comme dans la plupart des régions, 2019 est l’année de la définition des moyens de mise en œuvre des orientations données par le Sraddet.
L’urgence climatique
S’imposer une mutation écologique et énergétique pour 2030, c’est le défi que s’est lancé le conseil régional néo-aquitain lors de la séance Néo Terra tenue à Bordeaux le 9 juillet. « Nous savons désormais que 2050, c’est trop tard, il faut agir plus vite », les mots d’Alain Rousset, président de la région, ne trompent pas. Et pour cause, la Nouvelle-Aquitaine fait partie des régions les plus impactées par le changement climatique. Diminution de 23 % des surfaces en herbe entre 2006 et 2014, réchauffement de + 1,4° entre 1959 et 2016 et surtout un déficit annuel de 1,2 milliard de m3 d’eau prévu pour 2050. La transition est indispensable pour la 1re région agricole française. Comme l’ARA, la Nouvelle-Aquitaine se fixe 2030 comme horizon pour définir sa stratégie d’aménagement et de développement via le Sraddet. Les quatre priorités régionales : bien vivre dans les territoires (travail, logement, santé), lutter contre la déprise et favoriser la mobilité, consommer autrement (alimentation saine et durable, moins de déchets) et enfin assurer la transition écologique et énergétique. Parmi les mesures phares : réduire de moitié la consommation foncière et l’étalement commercial. La Nouvelle-Aquitaine l’a bien compris : son futur est soumis aux exigences climatiques.
Se relancer à court terme
La région du Nord est encore à la traîne dans bien des secteurs. Parmi ses priorités majeures : redynamiser l’emploi sur le territoire (taux de chômage de 10,8 %, le plus élevé de France métropolitaine). Si les marqueurs économiques ne sont pas au beau fixe, la région peut compter sur la jeunesse de sa population. Et selon les projections de l’Insee, les Hauts-de-France resteront la région la plus jeune de France à l’horizon 2030. À la différence d’autres régions, ils planifient à court terme. Le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) se limite à un horizon de cinq ans. Adopté en 2017, il vise à faire de la région la pionnière de la 3e révolution industrielle et la plaque tournante du commerce européen. Le Sraddet des Hauts-de-France, lui, sur la période 2020-2025, n’a pas convaincu le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser). Lequel a jugé le document pas assez précis, notamment sur les risques écologiques (risques de submersion marine, région la moins boisée de France…) et la mobilité. Actuellement en phase de consultation, le Sraddet doit être approuvé par le préfet en février 2020.
Horizon 2030
La région francilienne réfléchit à son avenir. Le cœur économique français va rassembler toujours plus d’activités et de travailleurs. D’après des projections de l’Insee (étude publiée en avril 2019), l’Île-de-France devrait gagner entre 454 000 et 668 000 actifs d’ici à 2035, en majorité des seniors (+ de 60 ans). Un actif francilien sur 10 aura 60 ans ou plus en 2035. Consciente des enjeux démographiques et écologiques, l’Île-de-France a adopté en 2013 le schéma directeur de la région ÎdF (Sdrif). Accompagné par le projet spatial régional Île-de-France 2030, il propose un horizon reposant sur trois piliers : un réseau de transports en commun enrichi, des bassins de vie multifonctionnels et une valorisation des espaces naturels. Un engagement pour la biodiversité prolongé par l’adoption par les élus régionaux, fin novembre 2019, de la Stratégie régionale pour la biodiversité 2020-2030. Pour la santé, l’économie, l’aménagement et la protection du vivant, la région engage 400 millions d’euros, dont 200 millions d’ici à 2025. Entre portail environnemental régional, cap « zéro artificialisation nette », extension de réserves naturelles et transformation des pratiques agricoles, l’écologie se taille une part belle du futur en Île-de-France. A priori.
Ambitions réaffirmées
La seconde région française (pour le PIB, la population et l’attractivité), présente une grande disparité territoriale, renforcée par la fusion entre Auvergne et Rhône-Alpes en 2015. Voilà le défi de la région pour cultiver son rayonnement : favoriser l’équilibre des territoires. Profitant d’une croissance démographique plus importante que la moyenne nationale, l’ARA devrait atteindre quelque 9,5 millions d’habitants en 2050 (8 millions aujourd’hui). Pour répondre aux enjeux à venir et élaborer son Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (le Sraddet !), créé par la loi Notre en 2015, la région « aurhalpine » a lancé en mars 2019 le projet Ambition territoires 2030. Objectif : fixer des axes d’aménagement territorial et définir une vision unifiée du territoire. Le tout en couvrant les onze thématiques obligatoires prévues par le Sraddet (égalité des territoires, habitat, développement des transports, pollution de l’air, protection et restauration de la diversité…). Deux thématiques ont été ajoutées, à l’initiative de la région : le foncier agricole et les infrastructures numériques. Après avoir fait l’objet d’une vaste enquête publique jusqu’à début octobre, le Sraddet d’ARA doit être adopté définitivement en décembre 2019.
Adam Belghiti Alaoui
Au Sommaire du dossier
1. Entre automatisation, numérisation, accélération et doutes