Meet My Mama : Entreprendre pour soi et pour les autres, ça, c’est du « social »

Elles sont originaires des quatre coins du monde, elles sont souvent réfugiées, vivent dans des quartiers difficiles, mais elles savent cuisiner, vite, bien et pour beaucoup. Un besoin ! Que cherche à structurer Meet My Mama. À l’honneur lors du Salon des Entrepreneurs Paris 2020 (5 et 6 février), la start-up de service traiteur n’envisage pas son entreprenariat et son business sans leur utilité sociale. Humez cette cuisine solidaire.

C’est l’histoire de trois jeunes entrepreneur/es vingtenaires, qui ont fait le choix de fonder leur projet d’entreprise sur l’inclusion sociale et la promotion des cultures du monde. « Donia Amamra, Youssef Oudahman et moi-même avons lancé notre start-up parce que nous avons grandi auprès de “mamas” », explique Loubna Ksibi, cofondatrice de Meet My Mama. Qui sont ces fameuses « mamas » ? Des femmes originaires du monde entier, passionnées de cuisine et de transmission, souvent issues de l’immigration et réfugiées pour certaines. « Ce sont les premières éducatrices et elles véhiculent des valeurs très positives », s’enthousiasme Loubna Ksibi. Autant de potentielles cheffes-entrepreneures incapables de vivre de leurs talents, manque d’opportunités et d’accompagnement oblige. Un constat amer qui pousse notre trio de start-upers à se lancer en 2016. L’objectif : valoriser et former ces femmes pour favoriser leur indépendance entrepreneuriale et professionnelle au sein d’un secteur majoritairement masculin, le tout via une plate-forme traiteur adressée aux entreprises.

L’empowerment pour mot d’ordre

Après moins de trois ans d’activité, le modèle a démontré sa rentabilité et son dynamisme. Au sein d’un marché mondial de la foodtech qui devrait atteindre les 250 milliards de dollars en 2022, Meet My Mama entend bien se réserver une place au soleil. Et ce n’est pas son estimation du nombre de « mamas » potentielles en France (quelque 500 000) qui contredira cette ambition. Le business oui, mais avant tout l’utilité sociale. Avant de lancer ses mamas partenaires dans le grand bain, la start-up s’applique à leur fournir les formations adéquates via son association, Empower My Mama (littéralement « Émancipez ma mama » !). Les aspirantes cheffes suivent une série de formations à la Mama Academy, de la formation aux métiers de la cuisine et jusqu’à celle d’entrepreneur, en passant par l’apprentissage des outils numériques et des fameuses soft skills. Tout un parcours qui a pour finalité de « faire de ces femmes des cheffes indépendantes et entrepreneures », dixit Loubna Ksibi.

Puis les « mamas » œuvrent comme prestataires de l’entreprise. De grandes et moyennes entreprises clientes sollicitent la plate-forme pour des petits-déjeuners, des réceptions, des dîners gastronomiques… Au menu, un large choix de « voyages culinaires » emmenés par les plats préparés maison par les mamas. Comme une plate-forme traiteur classique, le paiement s’encaisse à la commande. « Tous les traiteurs sont en théorie nos concurrents, mais nous les considérons plus comme de potentiels partenaires, nous sommes membres du réseau traiteur de France et nous travaillons par exemple avec le Refugee Food Festival. » Reste que Meet My Mama se distingue bel et bien, et incarne un nouvel élan entrepreneurial, solidaire, rentable et utile.

Adam Belghiti Alaoui

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