Connaissez-vous le réseau Plato des CCI ? Pas plateau, Plato, acronyme flamand prononçable, animé par les Chambres de commerce et d’industrie, présent sur presque tout le territoire national, dont l’immense intérêt est de réunir des petits groupes d’entrepreneurs locaux aux activités vraiment hétérogènes.
Plato s’est voulu d’emblée international. Il a été créé en 1989 dans la région des Flandres sous la forme d’un parrainage de grandes entreprises implantées localement. L’idée : que des dirigeant/es de TPE/PME/PMI échangent leurs compétences et expériences. D’ailleurs, Plato est l’acronyme flamand de Peterschap (parrainage) Leerplan (plan de formation) Arrondissement (arrondissement !) Turnhout (la ville d’origine du concept) Ondernemingen (entreprises). « Il s’agissait de sortir les chef/fes d’entreprise de l’isolement, de les réunir sur un même territoire pour avancer ensemble sur les sujets et questions clés : la finance, le numérique, le commercial… », explique Fabienne Le Galliot, responsable marketing & commerciale et coordonnatrice Plato 56 – pour la CCI du Morbihan, donc. « Mais c’est aussi un espace où le/la chef/fe d’entreprise va partager des problématiques plus personnelles, par exemple l’équilibre entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle, la gestion du stress… Autant d’éléments essentiels pour s’améliorer et être au top. »
Groupes autonomes
Parti de cette idée simple, le réseau s’est propagé un peu partout. En France, ce sont les CCI qui se sont emparées du concept et de son animation. Tous les départements et régions ne comptent pas d’antenne. En Bretagne, l’une des régions les plus actives, le réseau compte environ 500 membres. Plateau significatif. L’un des aspects atypiques du réseau veut que ses membres, dirigeant/es de PME et de TPE, soient réunis par petits groupes, de 10 à 12 membres, suivis pendant une durée limitée, en l’occurrence deux ans. Ce sont les membres du groupe qui décident eux-mêmes des sujets abordés lors de la réunion mensuelle – chaque région marque ses préférences – le matin dans le Morbihan. « Ce n’est pas un programme de formation fixe, mais vraiment un échange de bonnes pratiques, d’expérience… », décrit Fabienne Le Galliot. Parfois, un intervenant extérieur vient présenter des outils, une méthodologie, même si, le plus souvent, les membres du groupe se réunissent entre eux. Et le programme s’adapte aux circonstances. « Par exemple, un membre est arrivé un jour un peu sous le choc : il venait de se faire assigner aux prud’hommes par un salarié pour la première fois de sa vie, se souvient la coordonnatrice. On a mis le programme de côté et on a parlé, donné des pistes, partagé des expériences… Quand il est sorti de la réunion, il avait sa feuille de route. » Et dans le contexte actuel, les groupes sont des espaces de discussion, d’échange des nouvelles, de soutien, de partage de difficultés inédites…
Pas de concurrents dans un même groupe
Chaque groupe est parrainé par deux ou trois cadres, en général des chef/fes d’entreprises de plus grande taille qui donnent bénévolement de leur temps pour partager leur expertise, leurs outils ou des méthodes mal connues des petites entreprises.
Pas de concurrents directs dans les groupes constitués, une précaution utile pour autoriser l’abord de sujets sensibles – comme la stratégie de lancement d’un nouveau produit – sans arrière-pensée. « Les dirigeant/es nourrissent déjà des échanges possibles dans leurs filières. Les groupes leur donnent l’occasion de sortir de leur cadre quotidien. » Sans oublier les opportunités pour des partenariats ou du business, ce qui n’est pas l’objectif premier de Plato.
Éveiller l’intérêt pour les réseaux
Un animateur de la CCI organise la vie du groupe, les fonctions de communication, l’organisation pratique… La CCI se charge concrètement de tout. Ce « venez, on se charge de tout » est du reste un de ses points forts et sert un objectif précis : « Donner le goût du réseau, explique Fabienne Le Galliot. Nous attirons des entrepreneurs peu familiers des réseaux professionnels. Pendant deux ans, nous montrons l’intérêt de travailler en équipe et en réseau à des personnes qui, dirigeant/es, sont souvent un peu seul/es à la barre. »
Les groupes sont constitués quand une dizaine de candidat/es est identifiée et l’adhésion se veut simple : « Pour le réseau Plato 56, nous demandons 1 900 euros pour toutes les réunions mensuelles pendant deux ans. » La CCI organise, dans chaque département et région où Plato existe, des sessions plénières où se rencontrent les groupes. « Ici, nous organisons une plénière départementale par an et une plénière régionale par an. » Au cours de ces sessions, parfois, d’autres réseaux locaux se présentent – l’occasion pour les membres de s’informer pour pouvoir, s’ils le veulent, continuer leur aventure réseau après leurs deux ans « platoniciens »
Jean-Marie Benoist